Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution électrique, anticipe une augmentation importante de la demande énergétique dans les prochaines décennies. Les secteurs en pleine mutation, comme la mobilité électrique et l’industrie, seront les principaux moteurs de cette croissance.
La consommation d’électricité devrait s’envoler d’ici 2035, prévient Enedis
Consommation d’électricité : Enedis révise ses prévisions à la hausse
Le 15 octobre 2024, Enedis a présenté ses prévisions lors d'une conférence dans ses nouveaux locaux à La Défense. Selon ces scénarios, la demande en électricité augmentera principalement en raison de l'essor des véhicules électriques, des centres de données et de l'électrification progressive de plusieurs industries. Dominique Lagarde, directeur de la stratégie d'Enedis, a expliqué que même dans les hypothèses les plus basses, la consommation électrique devrait croître fortement. La demande devrait passer à 396 TWh d’ici 2035 (contre 343 TWh en 2019), puis à entre 373 et 503 TWh d’ici 2050, selon le niveau d'électrification du pays, soit une révision à la hausse par rapport aux prévisions de 2021, qui tablaient sur un maximum de 470 TWh.
Le secteur des transports, avec la mobilité électrique en tête, devrait connaître une multiplication par 15 de sa consommation d'électricité d'ici 2035. En effet, on prévoit un bond de 4 TWh consommés en 2019 à 61 TWh en 2035 pour ce seul secteur. La consommation industrielle augmentera quant à elle de manière plus modérée, avec une progression de 6 TWh, principalement portée par les industries agroalimentaire, chimique et du verre. Enedis précise que ces estimations n'incluent pas encore les besoins de la filière hydrogène, car celle-ci sera en grande partie raccordée au réseau de haute tension géré par RTE.
La hausse de la consommation d’électricité, une tendance mondiale
Dans le secteur tertiaire, la situation devrait être contrastée. D'une part, les économies d'énergie attendues grâce à la rénovation thermique des bâtiments pourraient réduire la demande, mais d'autre part, la multiplication des centres de données, essentiels à l'économie numérique et à l'intelligence artificielle, pourrait compenser cette baisse. Le secteur résidentiel, à l'inverse, devrait voir sa consommation baisser, portée par des mesures de sobriété énergétique et des efforts en matière d'efficacité. Pour répondre à ces défis, Enedis a prévu un vaste programme d'investissement doté de 5 milliards d'euros par an jusqu'en 2040. Le renforcement des infrastructures liées à la mobilité électrique, en particulier autour des autoroutes, figure parmi les priorités. Ces investissements visent à assurer la fiabilité d'un réseau sur lequel reposent 36 millions de clients.
Ces prévisions d’Enedis concordent avec celles de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). D’après ses dernières prévisions, en Europe, la croissance de la demande d’électricité devrait croître de 1,7% en 2024, puis de 2,6% en 2025, en raison de la reprise des industries énergivores qui avaient ralenti leurs activités à cause des prix élevés de l'énergie entre 2021 et 2023. En France, la reprise pourrait être similaire, portée par l'électrification accrue des secteurs du transport et du chauffage. En moyenne mondiale, la demande d’électricité devrait croître de 4% en 2024 et se maintenir à ce rythme en 2025, prévoit l’AIE.