Transport : en 2024, la mobilité à l’épreuve des Jeux Olympiques

Le 28 novembre dernier, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a détaillé les contours du dispositif qui s’appliquera aux automobilistes pendant la période des Jeux Olympiques et Paralympiques, durant laquelle 16 millions de touristes sont attendus.

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Par Olivier Koch Publié le 8 mars 2024 à 5h00
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paris, jo, 2024, mobilité, enjeux, événement - © Economie Matin
8,8 MILLIARDS €Au total, le budget des Jeux 2024 devrait s'élever à 8,8 milliards d'euros.

Concrètement, des zones restreintes à la circulation, sauf pour les détenteurs d’une dérogation justifiée par un QR code, verront le jour autour des sites olympiques. L’objectif est de pouvoir faire circuler, sans accrocs, 800 000 personnes, dont 1 000 athlètes par jour à travers la capitale.

L’Île-de-France, vitrine de la mobilité en 2024

Paris est aujourd’hui au centre des débats concernant la gestion de sa mobilité. La ville lumière a pour objectif d’intensifier la connexion avec les territoires situés au-delà de la proche couronne, et 2024 devrait continuer à voir émerger les chantiers titanesques liés au Grand Paris. Parmi eux notamment, l’extension du RER E ou encore le prolongement de la ligne 14. Mais si la mission est de faciliter les déplacements des 12 millions d’habitants de l’Île-de-France vers la capitale, il est aussi important de faciliter le transport de banlieue à banlieue sans passer nécessairement par Paris. On le voit par exemple à travers la mise en place des lignes 15, 16, 17 et 18 du métro, qui permettront la connexion entre les différentes villes de la petite et grande couronne, reconsidérant ainsi la mobilité à l’échelle de toute la région.

Autre projet majeur : la mise en place de voies dédiées au covoiturage verra le jour dès cette année sur le boulevard Périphérique. Réservée aux véhicules en covoiturage, aux transports publics collectifs ou encore aux taxis, cette mesure permettra entre autres d’améliorer la qualité de l’air, de diminuer les nuisances sonores, de décongestionner la circulation et de réduire la consommation d’essence.

L’exemple de Paris illustre les dynamiques qui se déploient sur l’ensemble du territoire avec le développement des transports en commun pour plus d’intermodalité, visant à privilégier l’utilisation successive de plusieurs moyens de transport.

Un durcissement généralisé, des mesures diversifiées

A contrario, certaines parties du territoire national prennent le contre-pied de cette dynamique, interdisant certains types de véhicules dans les centres-villes, et 2024 ne fera pas exception. Dès le 1er janvier, plusieurs agglomérations vont durcir les règles au sein de leurs Zone à Faibles Emissions. C'est le cas de Paris, Lyon, Marseille, Rouen et Strasbourg, qui vont proscrire de ces zones délimitées les voitures ayant une vignette Crit’Air 4. Quant aux autres municipalités, elles ne sont pour l’instant pas tenues à un calendrier précis mais devront toutefois interdire la circulation dans leur ZFE des véhicules non classés Crit’Air avant le 1er janvier 2025. Cette année s’annonce donc charnière en matière de lutte pour la préservation des centres-villes, aux dépens de certains types de véhicules. À noter que, si ces mesures poursuivent un objectif louable de réduction des émissions carbone, elles sont néanmoins accusées par certains de nuire aux communes, étant donné leur mise en place couteuse. Certains habitants, comme les classes les moins aisées qui ne peuvent se permettre financièrement d’acheter un véhicule plus propre, peuvent se sentir également discriminés. De plus, le manque de visibilité sur ces dispositifs peut également être source d’incompréhension pour les automobilistes, notamment à cause de modalités d’application variant d’une ville à une autre.

Si l’on reprend l’exemple de Paris, une autre cible est désignée par les autorités : le SUV. La maire de la capitale, Anne Hidalgo, a récemment exprimé son souhait de tripler le tarif du stationnement des SUV, appelant les Parisiens aux urnes lors d’un référendum qui se tiendra le 4 février prochain. Pourquoi le SUV sera-t-il autant au cœur des débats cette année ? Car aujourd’hui, ces véhicules représentent 46 % des parts du marché en France contre 39 % en 2019. Hormis la problématique de la pollution (un SUV acheté en 2023 polluerait plus qu’une voiture achetée en 2013, selon certaines études récentes, qui soulignent également le danger qu’ils représentent pour les piétons. Certaines études avancent même que les dommages corporels pourraient être deux fois supérieurs aux autres voitures. Mais au cœur de cette fronde, c’est avant tout les problématiques liées au poids et à la taille qui sont pointés du doigt. En effet, les SUV dépassent de plus en plus les dimensions des routes et des aires de stationnement courantes. Selon la mairie de Paris, ils pèsent aujourd’hui en moyenne 200 kg de plus qu’un véhicule standard, et sont plus longs de 25cm et plus larges de 20cm.

Or, si des règles de stationnement et de circulation fondées sur les émissions existent en France, le cas de la mairie de Lyon qui a annoncé en mai dernier vouloir conditionner en 2024 le stationnement des véhicules circulant au sein de la ville en fonction de leur poids, est un exemple d’alternative intéressante.

Digitalisation et ouverture du marché : les autres atouts de la mobilité en 2024

L’autre mesure forte annoncée en vue de l’événement sportif du siècle est l’utilisation d’un QR code pour se déplacer, telle une dérogation pour accéder aux sites olympiques. Ce dispositif démontre encore un peu plus la part croissante que prend la digitalisation dans tous les domaines, y compris celui de la mobilité.

D’une manière générale, la mobilité se reposera davantage sur les opportunités offertes par une connectivité accrue. Si l’on en croit le GSMA[1], le lobby des télécoms, l’avènement de la 5G devrait faire tripler le volume de données échangées sur les réseaux mobiles dans les cinq prochaines années. Concrètement, cette tendance se traduira sur le terrain par une multiplication des applications, dont celles dédiées au stationnement. Ce n'est qu’une illustration des nombreuses opportunités offertes par la Smart City de 2024 : toujours plus évolutive, connectée et citoyenne, la ville de demain mettra son intelligence au profit de la mobilité. L’utilisation des données participera davantage au service d’une optimisation des flux et des politiques de stationnement, permettant aux villes de réaliser des économies en termes de ressources et d’investissements dans les années à venir.

Par ailleurs, l’adoption d’un modèle de libre-concurrence pour le secteur des applications de stationnement, permettant aux automobilistes de pouvoir choisir l’application de leur choix pour se stationner, concourrait à accroître la digitalisation dans le secteur de la mobilité.

Ce schéma est déjà très populaire en Europe, notamment au Royaume-Uni qui a récemment adopté une plateforme nationale du stationnement (NPP). Il s’agit d’un projet pilote porté par les municipalités et financé par le Département des Transports (DfT), qui révolutionne l'expérience client en facilitant l'échange de données, les paiements numériques et une nouvelle façon de proposer de meilleurs services de stationnement et de mobilité. Un modèle qui pourrait inspirer la France, un des derniers marchés appliquant encore une procédure d’appels d’offres dans l’obtention des marchés publics. Il faut dire que ce modèle de libre-concurrence comprend de multiples avantages, aussi bien pour les automobilistes que pour les villes et transforme le domaine de la mobilité en général. En stimulant une concurrence parmi les fournisseurs d’applications mobile, l’expérience utilisateur et le rapport qualité-prix sont optimisés. Les automobilistes jouissent d’un choix optimal entre les différents opérateurs de stationnement en fonction de la commodité, du prix, des services, etc. Les villes, quant à elles, peuvent réduire les coûts consacrés aux processus d'appel d'offres lourds et chronophages ainsi que leurs frais administratifs.

A l’aube de l’événement sportif du siècle, alliant réflexion et évolution, 2024 sera sans contexte une année charnière en termes de mobilité. Entre intermodalité, préservation des centres-villes ou encore développement de la Smart City, de nombreux défis subsistent pour rendre les territoires plus vivables au quotidien pour les millions de Français qui se déplacent. « En sport, dès qu’on s’arrête, on régresse. » avait l’habitude de dire le navigateur Français Marc Pajot, force est de constater que cet adage s’applique également pour la mobilité.

[1] Organisation mondiale qui a pour mission d’unifier l'écosystème mobile

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Olivierkoch

Managing Director d’EasyPark depuis 2021

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