En juin 2024, la dette publique de l’Italie a franchi un seuil historique en atteignant près de 3.000 milliards d’euros, un montant sans précédent pour la troisième économie de la zone euro. Cette dette colossale, représentant environ 137 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, continue de susciter de vives inquiétudes tant au niveau national qu’européen.
Italie : une dette publique qui frôle les 3 000 milliards
La dette publique de l’Italie en croissance continue
Depuis l'arrivée au pouvoir de la Première ministre Giorgia Meloni, en octobre 2022, la dette publique italienne n’a cessé de s’alourdir, augmentant de plus de 180 milliards d’euros. En seulement quelques mois, elle est passée de moins de 2 700 milliards d’euros à plus de 2 948 milliards d’euros en juin 2024, frôlant ainsi la barre des 3 000 milliards.
Plusieurs facteurs expliquent cette explosion de la dette : les besoins croissants des administrations publiques (+15,3 milliards d’euros), la hausse des disponibilités liquides du Trésor (+13,5 milliards d’euros) et les ajustements liés aux primes d'émission, à la réévaluation des titres indexés sur l'inflation, ainsi qu’à l’évolution des taux de change (+1,4 milliard d’euros).
L’économie italienne ne se porte pas trop mal
Malgré cette montée en flèche de la dette, l’Italie affiche certains indicateurs économiques positifs. Le taux de chômage est en baisse, et le taux d’emploi a progressé. De plus, les salaires réels montrent une légère augmentation, même s’ils restent inférieurs à leur niveau de 2007, une situation quasi unique parmi les pays de l'OCDE.
Cependant, la croissance économique reste fragile. La Banque d'Italie prévoit une croissance de seulement 0,6 % pour 2024, suivie de 0,9 % en 2025. Ces prévisions modestes sont bien en deçà des objectifs fixés par le gouvernement italien. De son côté, l’inflation en Italie demeure inférieure à la moyenne de la zone euro, avec un taux de 1,1 % prévu pour 2024, contre une moyenne de 2,6 % pour l'ensemble de la zone.
Comparaison avec la France : deux dettes record
L’Italie n’est pas seule dans cette spirale d’endettement. La France, également lourdement endettée, affiche une dette publique de 3 159,7 milliards d’euros au premier trimestre 2024, soit 110,7 % de son PIB. Bien que la France présente un pourcentage de dette inférieur à celui de l’Italie, la situation économique reste tendue des deux côtés des Alpes.
L’Union Européenne a lancé en août 2024 une procédure pour déficit public excessif contre l’Italie et six autres États membres, dont la France. Ces pays ont dépassé la limite de déficit public fixée à 3% du PIB par le Pacte de Stabilité, qui stipule également que la dette publique ne doit pas excéder 60% du PIB. Avec un déficit de 7,4% du PIB en 2023, l'Italie est de loin le pays le plus en difficulté de l'UE.
Dette publique : quelles solutions pour l’Italie ?
Face à cette situation critique, l’Italie devra soumettre à l’Union Européenne, d’ici septembre 2024, un plan détaillé pour réduire son déficit public et ramener sa dette sous les limites fixées par les accords européens. La Commission Européenne publiera en novembre 2024 ses évaluations de ces plans, précisant les efforts nécessaires pour restaurer la santé budgétaire du pays.
Le gouvernement Meloni, confronté à des contraintes budgétaires sévères, devra naviguer entre la nécessité de stimuler une économie en faible croissance et celle de contenir une dette qui menace de déstabiliser non seulement l’Italie, mais aussi l’ensemble de la zone euro.
Sans une stratégie économique claire et des réformes structurelles profondes, l’Italie risque de s'enfoncer davantage dans un cercle vicieux d’endettement croissant et de croissance faible, avec des répercussions potentiellement graves pour l'ensemble de l'Union Européenne.