En Europe, le piratage IPTV semblait jusqu’ici n’avoir de conséquences que pour les grands réseaux. Pourtant, une affaire vient de changer la donne. Une condamnation inédite, rendue publique en Grèce, pourrait marquer un tournant majeur dans la lutte contre les pratiques illégales de streaming.
IPTV : les utilisateurs passent désormais par la case prison
Les utilisateurs de services IPTV pirates pensaient être à l’abri des poursuites. Mais ce verdict envoie peut-être un message clair : la justice européenne semble prête à franchir un cap inédit pour protéger les ayants droit et leurs revenus.
Le piratage IPTV : une menace économique sous-estimée
L’IPTV, ou "Internet Protocol Television", permet de diffuser des chaînes télévisées via Internet. Souvent utilisée pour accéder à des contenus payants à moindre coût, comme les chaines pour regarder du sport, cette pratique illégale génère des pertes colossales. Selon une étude du 28 novembre 2024, près de 290 millions d’euros échappent annuellement aux diffuseurs sportifs en France. À cela s'ajoutent des pertes fiscales significatives pour les États concernés, notamment en TVA. Même si on va ne pas se mentir, regarder du sport est de plus en plus cher, années après années.
Ces pratiques ne se limitent pas à un simple "manque à gagner". Elles alimentent des réseaux criminels bien organisés, souvent impliqués dans d'autres activités illicites comme le blanchiment d'argent.
La Cour d'appel d'Athènes a donc récemment condamné un abonné à une offre IPTV illégale à cinq mois de prison ferme. Une décision qualifiée d’"historique" par les médias locaux. Jusque-là, les peines concernaient principalement les revendeurs et les organisateurs. Cette fois, la justice s’est attaquée directement à l'utilisateur final.
Selon les juges, cette condamnation vise à dissuader les abonnés potentiels. Pourtant, l’identité du condamné, les circonstances précises de l’arrestation et les éventuelles mesures de suspension de la peine restent floues, selon TorrentFreak.
Regarder du sport reste de plus en plus cher
Depuis quelques années, la lutte contre le streaming illégal s'accélère. En 2024, des opérations d’envergure, comme "Taken Down", ont permis de démanteler des réseaux internationaux comptant 22 millions d’utilisateurs (pour environ 10 milliards d'euros de pertes). En Grèce, la saisie d'une base de données d’abonnés à un service pirate a déclenché une vague de poursuites.
Cette stratégie de dissuasion pourrait inspirer d'autres pays. En Italie, les abonnés identifiés risquent des amendes allant jusqu’à 5 000 euros. En France, bien que la loi prévoie déjà des sanctions sévères, aucune grande campagne n’a encore été menée contre les consommateurs d'IPTV, qui seraient environ 2,5 millions rien qu'en France !
Face à l'apparition de sanctions, certaines plateformes légales adoptent une stratégie différente. En Grèce, des diffuseurs comme Cosmote TV ou Nova ont réduit leurs prix pour séduire un public plus large. Cela reste peu probable que le diffuseur de la Ligue 1 (le championnat de France de football) adopte les mêmes pratiques que les diffuseurs grecs ! Une étude Ipsos montre que 37 % des spectateurs de la Ligue 1 regardent les matchs via des canaux illégaux (IPTV et liens Telegram). Pour le dernier OM-PSG, plus de supporters ont regardé le match illégalement que légalement.
Les consommateurs doivent tout de même prendre conscience des risques encourus. Outre les peines pénales et les amendes, l’utilisation de services illégaux peut entraîner la perte de données personnelles, souvent utilisées à des fins malveillantes.