Inflation : « nous avons fait la moitié du chemin » selon la Banque de France

Dans une interview accordée ce mardi matin 19 septembre à BFMTV-RMC, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a présenté les prévisions de l’institution pour l’année 2024. Moins optimistes que celles de Bercy, il a tenu à rassurer les Français.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 19 septembre 2023 à 17h00
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Inflation : « nous avons fait la moitié du chemin » selon la Banque de France - © Economie Matin
2% c'est l'objectif de l'inflation pour Bercy et la Banque de France pour 2025

Différence entre les prévisions de la Banque de France et celles de Bercy

Dès le début, Apolline de Malherbes commence son interview de manière affable avec une première question que de nombreux Français se sont probablement posés : Pourquoi y a-t-il un décalage entre les perspectives de Bercy, qui promet une croissance de 1,4% en 2024, et celles de la Banque de France, qui estiment une croissance de 0,9% ? Dès le début de son entretien, François Villeroy de Galhau prend une posture qui se veut rassurante tout en évitant courtoisement de répondre à la question qui vient de lui être posée : « on a échappé au scénario noir (…) l’inflation commence à diminuer, nous avons fait la moitié du chemin, notre objectif est de ramener l’inflation à 2% en 2025 ». Apolline de Malherbes, non satisfaite de sa réponse, le relance, ce à quoi il répond : « ça dépend des années, il y a toujours un décalage entre Bercy et la Banque de France ». Oui, mais comme le souligne notre consœur, le budget de l’État sera pourtant bien calculé sur le chiffre de prévision de croissance… Une réponse qui nous laisse sur notre faim...

Pour François Villeroy, ce qui importe c’est de connaître les moteurs de la croissance. En 2023, nous indique-t-il, le moteur de la croissance était inattendu : il provenait en grande partie des exportations. Selon les prévisions de la Banque de France, cela devrait changer pour 2024 : le moteur de croissance devrait avant tout être intérieur (consommation interne). Que ce soit la Banque de France ou Bercy, tous deux s’accordent sur la nécessité d’arrêter les subventions sur l’énergie : le « quoi qu’il en coûte, c’est fini ».

« Le plus dur est derrière nous » assure François Villeroy de Galhau

François Villeroy de Galhau affirme dans son entretien que « le pire est derrière nous ». Il prend pour argument la baisse de l’inflation au cours de l’année 2023, qui était en son début à 7% contre 5% aujourd'hui. Il a également soutenu l’engagement de Bercy et de la Banque de France de ramener l’inflation à 2 % en 2025. Selon ses prévisions, la consommation devrait rester stable pour l’année 2024. Cela s'explique par la prévision d'un augmentation des salaires supérieure à la décélération de l'inflation : les « courbes vont se croiser » nous assure-t-il. Tout en précisant que le croisement des courbes est surtout le signe que l’inflation baisse. En effet, les salaires n'étant pas indexés sur l'inflation (hors SMIC), leur augmentation ne devrait pas dépasser les 4%. Autrement dit, les Français devraient pouvoir récupérer du pouvoir d'achat. Cela ne se fera non pas grâce à l'augmentation des salaires, mais bien du fait de la baisse prévue de l'inflation qui devrait se répercuter sur les prix (les produits alimentaires en particulier).

En plus de notre vie quotidienne, un autre sujet qui taraude les Français a été développé par le gouverneur de la Banque de France : l'immobilier. En effet, la hausse de l’inflation a fait monter les taux des crédits immobiliers à 4 ou 5%. Si bien que la plupart des Français n’osent plus contracter de crédits. Le gouverneur de la Banque de France a là aussi voulu rassurer les Français en arguant que les taux actuels pour les crédits immobiliers étaient proches de ceux d'avant 2015. « Il n’y a pas de raison que les banques refusent des crédits (…), il n’y a pas de raison d’attendre, le crédit est disponible, il est plus cher, mais pas plus rare (…) et nous serons (avec Bercy) très attentifs pour que les banques continuent ».

« Notre seule et unique boussole est la baisse de l’inflation. (...) Nous déterminons les taux de la BCE et nous avons pris une décision de les porter à 4%. Nous pensons que c'est un bon niveau et que sauf développement nouveau, il est plus important d'être patient désormais. Il faut prendre le médicament suffisamment longtemps. C'est un plateau mais je ne me prononce pas sur la durée de ce plateau. Quand on sortira de la maladie, les taux baisseront de nouveau. Les taux, c'est le remède. Ils ne peuvent rien changer au prix de l’essence ou du blé mais peuvent avoir un impact sur l’essentiel de notre vie. Il faut être assez patient », conclut-il.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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