Inflation : 1 femme sur 5 ne peut plus acheter de protections hygiéniques

L’inflation ne cesse de grignoter le pouvoir d’achat des Français et un phénomène silencieux, mais dévastateur s’accentue : la précarité hygiénique. D’après l’étude de l’association Dons solidaires, publiée ce lundi 26 février, ce phénomène touche en particulier les jeunes ainsi que les femmes, et s’étend de plus en plus à l’ensemble de la population française.

Axelle Ker
By Axelle Ker Last modified on 26 février 2024 10h50
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Inflation : 1 femme sur 5 ne peut plus acheter de protections hygiéniques - © Economie Matin
50%Des Français ont dû réduire leurs dépenses en produits d'hygiène en 2023.

Précarité hygiénique : les femmes et les jeunes en première ligne

Pour les femmes et les jeunes, la précarité hygiénique ne se résume pas à un simple inconfort ; elle est synonyme d'une atteinte à leur dignité et à leur intégration sociale. Dominique Besançon, à la tête de l'association Dons Solidaires, met en lumière cette réalité alarmante : « 16% des femmes réglées ou ayant une enfant réglée à la maison disent avoir déjà manqué de protections périodiques par manque d’argent. » Ce chiffre, déjà préoccupant, a doublé depuis 2019 et cache des disparités encore plus marquées chez les jeunes femmes, où près d'une sur trois (28%) n'achètent plus de protections hygiéniques.

Les jeunes de 18 à 24 ans ne sont pas épargnés par cette crise. Ils représentent la tranche d'âge la plus touchée : 41% d'entre eux se trouvent dans l'obligation de faire un choix entre acheter de la nourriture et un produit d'hygiène. Cette précarité ne se limite pas aux produits menstruels, mais s'étend à des produits de première nécessité, tels que le savon, le shampoing, ou encore le dentifrice. La précarité menstruelle, en particulier, demeure un tabou lourd de conséquences, affectant non seulement la santé, mais aussi l'estime de soi et l'insertion sociale des jeunes femmes. Plus généralement, ce renoncement à des besoins fondamentaux entraîne un « sentiment de malaise » et un « évitement social », particulièrement marqué chez les jeunes, qui peut aller jusqu'à les dissuader de sortir ou de se rendre à des rendez-vous professionnels.

50% des Français ont réduit leur consommation en produits hygiénique

Au-delà des jeunes et des femmes, l'étude de Dons Solidaires révèle une tendance alarmante : la moitié des Français (50%) déclare réduire sa consommation de produits d'hygiène, un chiffre en hausse de 16 points par rapport à 2023. Cette réduction concerne des produits essentiels à la vie quotidienne, comme les brosse à dent, la lessive, le papier toilette, le savon, les rasoirs, etc, et entraîne des stratégies d'évitement préoccupantes. « Plus d'une personne sur cinq a déjà dû choisir entre acheter de la nourriture et un produit d'hygiène », alerte Dominique Besançon.

« C’est un arbitrage permanent entre l’achat de nourriture, de produits d’hygiène et les factures énergétiques », explique la déléguée générale de l'association. Près de la moitié des parents (41%) ont ainsi indiqué qu'ils contrôlaient désormais la consommation de gel douche de leurs enfants, et un tiers des Français prolonge l'utilisation de produits à usage unique, toujours pour des raisons budgétaires. Autrement dit, et comme le souligne Dominique Besançon, la précarité hygiénique qui touchait jusqu'à présent les classes populaires, s'enracine désormais dans le quotidien des classes moyennes. Un phénomène qui n'est pas près de diminuer au vu de l'interdiction de faire des promotions de plus de 34% sur les produits d'entretien et d'hygiène, à partir du 1ᵉʳ mars 2024.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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