Les discussions sur une éventuelle fusion entre Honda et Nissan, deux des plus grands constructeurs automobiles japonais, suscitent un intérêt mondial. Une telle opération pourrait redéfinir l’équilibre de l’industrie automobile et permettre aux deux entreprises de répondre aux pressions du marché des véhicules électriques.
Industrie automobile : vers une fusions entre Honda et Nissan ?
L’opération est aussi importante pour le marché et l’industrie automobile japonais que ne l’a été celle qui, en 2021, a donné naissance à Stellantis en Europe avec la fusion de FCA et PSA.
Automobile : Honda et Nissan ne feront bientôt qu’un
Le quotidien économique japonais Nikkei a révélé le 17 décembre 2024 que Honda et Nissan envisagent de fusionner sous une société holding unique. Cette structure offrirait une gestion centralisée et une meilleure synergie dans les domaines clés comme la recherche et développement, la production, et l'approvisionnement. Mitsubishi Motors, détenue majoritairement par Nissan, pourrait également jouer un rôle dans cette alliance, bien que son intégration reste à définir.
Le marché des véhicules électriques est le principal moteur de ce rapprochement. La concurrence accrue de Tesla et des constructeurs chinois tels que BYD met la pression sur les entreprises traditionnelles, les obligeant à adopter des modèles d'affaires plus collaboratifs pour rester compétitives.
Deux constructeurs automobiles en difficulté
Constructeur | Chiffre d'affaires (2023) | Résultat opérationnel (mars-septembre 2024) | Part de marché en Chine (2024) |
---|---|---|---|
Honda | 127 milliards d’euros | Stable | Déclin de 10 % |
Nissan | 76 milliards d’euros | Baisse de 90 % | Perte de 13 % des ventes |
Nissan souffre particulièrement de la concurrence en Chine, le plus grand marché automobile mondial, où ses ventes ont chuté drastiquement. Honda, bien qu’en meilleure santé financière, subit également des revers sur les marchés européens et américains en raison de l’adoption lente des véhicules électriques.
La faiblesse de Nissan est amplifiée par des problèmes structurels hérités de l’affaire Carlos Ghosn, ancien PDG du groupe. Cette crise a affaibli la collaboration historique entre Nissan, Renault et Mitsubishi. Renault, par exemple, a réduit sa participation dans Nissan, fragilisant davantage l’entreprise.
Les deux entreprises ont exprimé des ambitions similaires dans le domaine de l’électrique :
- Honda a promis d’investir 65 milliards de dollars (60 milliards d’euros) d’ici 2030 pour accélérer sa transition vers des véhicules entièrement électriques d’ici 2040.
- Nissan, quant à lui, prévoit de lancer 16 nouveaux modèles « électrifiés » sur 30 dans les trois prochaines années, mais ses ressources limitées freinent son expansion.
L’industrie de la voiture électrique au Japon à la traîne
Les constructeurs chinois, bénéficiant d’un soutien massif du gouvernement et d’un accès à des technologies avancées de batteries, dominent désormais le marché des véhicules électriques. En 2023, la Chine a dépassé le Japon comme premier exportateur mondial de voitures, avec une forte concentration sur les modèles électriques et hybrides.
Dans ce contexte, Honda et Nissan ont du mal à suivre. Alors que seulement 1,7 % des voitures vendues au Japon en 2023 étaient électriques, ce chiffre atteignait 15 % en Europe occidentale et 25 % en Chine. Les constructeurs japonais, ayant longtemps privilégié les hybrides, se retrouvent désormais en retard sur le segment électrique.
La fusion pourrait offrir aux deux entreprises l'opportunité de combiner leurs ressources et leur expertise pour rattraper leur retard technologique. Le rapprochement pourrait également réduire les coûts de production et augmenter la compétitivité de leurs modèles électriques sur les marchés internationaux.
Nissan bondit en Bourse sur fond de rumeurs de fusion
La perspective de cette fusion a eu des effets immédiats sur les marchés financiers. Le cours de l’action Nissan a bondi de 24 % après l’annonce des pourparlers, tandis que Honda a vu une légère baisse de 1,67 %. Ces mouvements reflètent l’espoir des investisseurs pour une restructuration stratégique mais aussi leurs inquiétudes concernant les défis d’une intégration réussie. Ensemble, les deux groupes seraient valorisés plus de 45 milliards de dollars sur les marchés. Pour rappel, Stellantis, lors de sa création, était valorisée 52 milliards.
En interne, des divergences culturelles et stratégiques pourraient ralentir le processus. Honda, historiquement axé sur les hybrides, et Nissan, pionnier des véhicules électriques avec la Leaf, devront aligner leurs objectifs pour maximiser les avantages de cette fusion.