Industrie : ArcelorMittal pourrait fermer deux sites en France

Le 19 novembre 2024, une nouvelle secousse frappe l’industrie française. Le géant mondial de l’acier, ArcelorMittal, a annoncé la fermeture de ses deux sites industriels de Reims et Denain, mettant en danger 130 emplois. Une annonce qui alimente les inquiétudes sur l’avenir de l’industrie métallurgique en France, déjà affaiblie par des plans sociaux successifs.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 20 novembre 2024 à 6h40
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488 MILLIONS $Le résultat net ajusté s’est hissé à 488 millions de dollars pour ArcelorMittal au troisième trimestre 2024.

La réindustrialisation se passe mal : ArcelorMittal veut fermer des usines en France

Lors d’un Comité Social et Économique (CSE) extraordinaire tenu en visioconférence, ArcelorMittal a présenté ses intentions : fermer les sites industriels de Reims (Marne) et Denain (Nord). La société évoque un « contexte économique difficile », marqué par une forte baisse d’activité dans ses secteurs clients principaux, l’industrie et l’automobile.

Site Localisation Emplois menacés Activité
Reims Marne ~100 Transformation de bobines d’acier
Denain Nord ~30 Découpe et commerce de l'acier

Ces fermetures sont le reflet d’une désindustrialisation rampante, aggravée par la contraction du marché automobile en Europe et une stratégie du groupe orientée vers les marchés internationaux. « Nous subissons une baisse structurelle de la demande. Les clients industriels privilégient d’autres sources d’approvisionnement, et notre modèle économique doit s’adapter », a déclaré un porte-parole d’ArcelorMittal.

Les usines de Reims et Denain : deux bastions sacrifiés

À Reims, une usine historique en sursis

Le site de Reims, installé dans la zone industrielle du Port Colbert, est spécialisé dans la transformation de bobines d’acier. Une activité qui se divise entre le déroulage (fabrication de feuilles d’acier) et le refendage (création de petites bobines). En pleine gloire, l’usine traitait jusqu’à 260 000 tonnes d’acier par an. Mais en deux ans, ce chiffre a chuté de près de moitié, atteignant 140 000 tonnes en 2023.

Selon Benoît Jean-Leroy, délégué CFDT, cette dégringolade n’est pas seulement due à une baisse de la demande mais aussi à une stratégie délibérée du groupe « L’activité à Reims est en baisse parce que le groupe a retiré des marchés rentables pour les transférer ailleurs », explique-t-il au journal L’Union.

Denain, une victime collatérale

Le site de Denain, plus petit, se concentrait sur des activités similaires mais avec un rayonnement régional. Les 30 postes supprimés dans cette ville s’ajoutent à une longue liste de fermetures industrielles, qui affaiblissent chaque année davantage l’économie locale.

ArcelorMittal devra-t-elle faire face aux syndicats ?

La colère gronde parmi les salariés et les syndicats. ArcelorMittal, qui a enregistré d’importants bénéfices ces dernières années, est accusé de sacrifier ses sites français pour privilégier des marchés étrangers, notamment aux États-Unis. Benoît Jean-Leroy pointe du doigt une stratégie de délocalisation déguisée : « Le groupe se porte très bien. Il gagne de l’argent, mais il revoit complètement sa stratégie pour se concentrer sur les États-Unis. »

Cette décision laisse les employés dans un désarroi total, d’autant plus qu’en mai dernier, un autre scénario prévoyait seulement une réduction des effectifs via des ruptures conventionnelles collectives. « Nous étions prêts à négocier, mais ils ont préféré opter pour la fermeture sèche. C’est inacceptable. »

Une crise industrielle plus large : la situation de la France

Ces fermetures s’inscrivent dans une vague de désindustrialisation qui frappe la France depuis plusieurs années. En 2024, plusieurs grandes entreprises ont annoncé des plans sociaux massifs :

Entreprise Année Sites fermés Emplois supprimés
Michelin 2024 2 1 200
Auchan 2024 4 2 300
ArcelorMittal 2024 2 130

ArcelorMittal : un géant qui veut quitter l’Europe

ArcelorMittal, issu de la fusion en 2006 entre Arcelor et Mittal Steel, est le deuxième groupe sidérurgique mondial. Bien que basé au Luxembourg, il a longtemps été un acteur clé de l’industrie française, avec des dizaines de sites répartis sur le territoire.

Cependant, ces dernières années, le groupe a redéfini ses priorités stratégiques. Selon les analystes, ArcelorMittal cherche à renforcer sa présence sur les marchés nord-américains et asiatiques, au détriment de l’Europe. Cette orientation, combinée à une politique de réduction des coûts, se traduit par la fermeture progressive des sites européens moins compétitifs.

Quels moyens pour limiter les dégâts ?

Les élus locaux et les représentants syndicaux appellent à une mobilisation immédiate. Des discussions sont prévues pour fin novembre afin de négocier les mesures d’accompagnement social pour les salariés impactés. Parmi les propositions : des aides à la reconversion, des dispositifs de reclassement et des primes de départ.

Le ministère de l’Industrie a promis de suivre de près cette affaire. Mais pour de nombreux observateurs, cette annonce est une énième preuve de l’urgence de repenser la politique industrielle française.

Une désindustrialisation qui interroge

ArcelorMittal ne fait que suivre une tendance générale de désengagement industriel en France. Pourtant, les conséquences sociales et économiques sont profondes : perte de savoir-faire, montée du chômage et fragilisation des territoires.

Les questions sont nombreuses : comment préserver les emplois industriels ? Peut-on encore empêcher d’autres multinationales de suivre le même chemin ? La France doit-elle se résigner à une désindustrialisation inéluctable ?

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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