Bourse : le problème de la concentration dans les indices

Selon SG Cross Asset, 89% de la hausse du S&P500 en 2023 est réalisée par les 10 premières entreprises de l’indice large américain. Jamais dans l’histoire les performances des actions américaines n’ont été aussi concentrées que cette année.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Charles Sannat Modifié le 14 novembre 2023 à 11h33
bourse indices résultats entreprise actions
Bourse : le problème de la concentration dans les indices - © Economie Matin
14,89%LVMH représente 14,89% du CAC40.

Le S&P 500 qui est l’un des principaux indices boursiers américains et sans doute l’un des plus représentatifs de l’économie américaine est en hausse d’environ +14 % depuis le 1er janvier 2023.

Pourtant, jamais sa performance n’a été aussi concentrée « depuis la grande crise financière pour les années où l’indice a gagné au moins 10 % », calcule Jitesh Kumar, stratégiste des dérivés cross-asset de Société Générale. Pas moins de 89 % du rendement tient à ses premières valeurs (dont les fameux « Sept Magnifiques » comme Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta, Nvidia, Tesla). C’était 86 % fin avril.

La bonne façon de regarder la performance est donc de regarder le nombre d’actions y contribuant. Les investisseurs peuvent en tirer une conclusion : à moins de se surexposer à une concentration excessive, battre ce « benchmark » est devenu illusoire… »

Cette tendance à la concentration préexistait au Covid, mais s’est accélérée pendant la pandémie…

Mais en fait cette tendance est très logique, elle est même la conséquence du mode de construction mathématique des indices.

Plus une valeur est performante, plus son cours monte. Plus son cours monte plus elle représente un poids important dans l’indice et plus elle impacte à la hausse comme à la baisse les performances globale de l’indice en question.

Voici un petit tableau que je viens de vous faire manuellement en appliquant ce raisonnement au CAC40. En réalité l’indice français est encore plus cruellement concentré que le S&P500 et c’est là encore très logique. Dans le S&P nous avons 500 valeurs, dans le CAC 40 plus de 10 fois moins !

Résultat des courses? Les 10 premières valeurs du CAC représentent 62.91% de l’indice! Si vous achetez du CAC vous achetez 15% de LVHM. J’espère que vous aimez Bernard Arnault!

Société Dernier cours Variation jour Poids dans le CAC 40
Lvmh 688,5 0,20% 14,89%
L’oreal 414,65 0,10% 9,57%
Hermes 1858 0,68% 8,45%
TotalEnergies 62,79 1,21% 6,76%
Sanofi 85,29 0,18% 4,64%
Airbus 130,24 1,37% 4,43%
Schneider Electric 160,74 -0,04% 3,97%
Air Liquide 167,66 0,64% 3,78%
EssilorLuxottica 176,76 1,06% 3,45%
Bnp Paribas 55,79 0,32% 2,97%
62,91%

Ce que j’ai essayé d’expliquer dans cette vidéo c’est que cette concentration est intrinsèque au fonctionnement des indices.

Des valeurs montent en fonction de cycles économiques et de croissance. Actuellement par exemple sur l’indice français c’est le cycle des valeurs du luxe, tandis qu’avant la crise de 2008 c’était les financières qui étaient importantes dans le CAC40. Aux Etats-Unis c’est les valeurs technologiques qui représentent la part la plus importante.

Quand cela change, c’est que vous avez tout simplement une rotation sectorielle dans les promesses de bénéfices.

Comprenez bien que les entreprises qui représentent le poids le plus important dans les indices sont celles qui gagnent tout simplement le plus d’argent. Tant que ces entreprises gagnent plus d’argent que les autres cela continuera. Le jour ou ce ne sera plus le cas, alors, les indices baisseront et de nouveaux secteurs plus prometteurs et plus rentables prendront la place.

Les indices fonctionnent ainsi et leur composition change au gré du temps, ou plus précisément au gré des crises.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Laissez un commentaire
Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Aucun commentaire à «Bourse : le problème de la concentration dans les indices»

Laisser un commentaire

* Champs requis