Immobilier : le taux des crédits va atteindre de nouveaux records

 Le taux d’usure mensualisé jusqu’à fin 2023

L’augmentation rapide des taux des crédits immobiliers depuis début 2023 est liée à deux facteurs. D’un côté, le changement de politique monétaire de la Banque Centrale Européenne. Cette dernière a relevé ses taux directeurs pour tenter de tacler l’inflation. Et les établissements de prêt se sont retrouvés contraints d’augmenter les taux qu’ils appliquaient à leurs clients.

Mais c’est surtout la mensualisation du taux d’usure qui permet la hausse rapide des taux des crédits. Elle a été décidée au 1^er février 2023 pour que le taux d’usure, taux maximal auquel les établissements de prêt peuvent accorder le crédit, ne bloque pas les dossiers. De nombreux dossiers s’étaient en effet retrouvés coincés en 2022 à cause d’une hausse des taux des crédits plus rapide que la hausse, alors trimestrielle, des taux d’usure.

Or, le gouvernement, sur la base des conclusions du Conseil National de la Refondation (CNR) pour le Logement, a annoncé lundi 5 juin 2023 que la mensualisation du taux d’usure serait maintenue au moins jusqu’à fin 2023. Initialement, elle devait se terminer en juillet 2023.

Immobilier : des crédits qui coûteront de plus en plus cher

Cette décision est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour les emprunteurs.

D’un côté, la mensualisation du taux d’usure a pour effet de débloquer les dossiers les plus tendus. Et ce dans un laps de temps relativement court, quelques semaines au maximum. Mais le corollaire de cette décision est plutôt négatif.

La mensualisation du taux d’usure permettra aux banques de poursuivre l’augmentation rapide des taux, qui s’est déjà concrétisée au premier semestre 2023. Les banques ont pour objectif d’atteindre des taux de plus de 4% par an, toutes durées de crédit confondues, dès l’été 2023. Et ce sera le cas : en mai 2023, le taux moyen dépassait déjà les 3% pour la majorité des durées.

Vers une forte baisse du pouvoir d’achat immobilier ?

Or, le problème est qu’une augmentation des taux des crédits a pour conséquence une baisse de pouvoir d’achat. Une baisse qui frappe en premier lieu les ménages modestes et les primo-accédants. Avec le risque d’un blocage du marché.

Les premiers effets se sont déjà faits sentir. Le nombre de faillites dans le secteur immobilier, notamment chez les courtiers et les agences, est en forte augmentation. Tandis que le nombre de ventes conclues est en baisse.

Le maintient de la mensualisation du taux d’usure sur l’ensemble de l’année 2023 pourrait donc exacerber cette situation. Au moins tant que les prix des biens ne baisse pas suffisamment pour compenser la perte de pouvoir d’achat liée à l’augmentation du coût des crédits immobiliers.