100 ans après la dernière édition à Paris, les Jeux Olympiques et Paralympiques sont de retour dans la ville Lumière. Pour l’occasion, plus de 15 millions de visiteurs sont attendus. Au-delà de la manne financière espérée, cet événement était présenté comme une formidable opportunité de faire rayonner la ville, de fédérer autour de belles valeurs sportives mais également d’en profiter pour améliorer nos infrastructures et notre réseau de transports.
Ile-de-France : quelles solutions pour les transports de demain ?
Cependant, cela s'apparente à présent plus à une série de contraintes pour les franciliens : limitez les transports, télétravaillez autant que faire se peut, n'utilisez les transports que si nécessaire, quittez Paris si vous le pouvez...
Des réseaux de transports dans la tourmente
Force est de constater que les transports en Île-de-France ne sont pas aussi développés ou adaptés qu'ils le devraient. D’autant plus avec les récentes commandes de l'état pour avoir de nouvelles rames et de nouvelles lignes de bus qui n'arriveront pas dans les temps. Mais ce constat ne date pas d’hier.
Un sujet inquiète d'ailleurs particulièrement les Français : la forte fréquentation prévue en Île-de-France pendant ces Jeux Olympiques et Paralympiques. La crainte apparaît assez légitime lorsque l’on vit dans la région et qu’on s’y déplace quotidiennement ou presque. Record d’embouteillage, saturation des transports en commun aux heures de pointe, retard de développement des nouvelles infrastructures de transports en commun, infrastructures pas suffisamment adaptées aux mobilités actives, coût pour les usagers de plus en plus élevé… les difficultés sont nombreuses pour se déplacer en Île-de-France. Qu’en sera-t-il avec plus 15 millions de visiteurs ? « Oui, nous serons prêts pour accueillir les visiteurs du monde entier lors de JO ! », affirment les élus de la majorité régionale d’Île-de-France, usant peut-être de la célèbre « Méthode Coué ». « Nous demandons aux franciliens d’anticiper ! », lance également le gouvernement aux Français.
Selon une enquête menée avec Ipsos Digital pour Trainline, faite sur un échantillon de 1000 personnes entre 18 et 75 ans, 1 francilien sur 2 compte s'absenter durant les Jeux Olympiques. Alors que de nombreux athlètes se battent encore pour leur qualification ou peaufinent leur préparation, la France semble avoir du mal à s’enthousiasmer. La fête semble déjà gâchée par des problématiques connues de très longue date et qui auraient dû être davantage anticipées. Les visions « court-termistes » restent encore largement adoptées par nos décideurs et les priorités encore bien souvent mal identifiées.
Des solutions pour améliorer durablement les déplacements
Malgré tout, plusieurs perspectives liées à ces Jeux Olympiques et Paralympiques sont positives, avec la création de nouveaux quartiers, des infrastructures et des réseaux tout de même renforcés à terme et des commerces qui « vont en profiter », comme l’assure le MEDEF. Par ailleurs, selon une enquête menée par l’IFOP pour Sud Radio, plus de 53% des Français comptent bien regarder avec attention la cérémonie des Jeux Olympiques de Paris. Les Français semblent donc enclins à suivre avec attention cet évènement majeur durant l'été. Pour maximiser les impacts positifs, des orientations auraient dû être prises et anticipées pour être certains d’être : « prêts pour accueillir les visiteurs du monde entier lors des JO » mais également, et surtout, pour améliorer les déplacements quotidiens de tous les travailleurs franciliens.
Développer l’usage des modes actifs
Les modes actifs, c’est-à-dire le vélo ou encore la marche, sont des alternatives efficaces à l’usage de la voiture individuelle, polluante, coûteuse et encombrante dans l’espace public mais également face à la saturation des transports en commun. Pour démocratiser et favoriser l’usage des modes actifs, il reste nécessaire de développer des services et des infrastructures associées, à l’image du développement des pistes cyclables réellement adaptées et sécurisées, des services de location comme Vélo à Paris ou encore des box à vélos mis en place à Lille sur des espaces de stationnement initialement dédiés à la voiture.
Il semble primordial également d’élargir les politiques publiques en matière d’incitation financière avec des aides ouvertes à d’autres modes actifs que le seul vélo à assistance électrique.
Favoriser l’intermodalité et la multimodalité
L’intermodalité consiste à permettre l’usage successif de plusieurs modes de transport sur un même trajet. Ce principe s’illustre par exemple par la possibilité de voyager avec son vélo ou sa trottinette dans les trains régionaux, permettant ainsi d’offrir une alternative à l’usage de la voiture individuelle et de favoriser le report modal vers des modes actifs pour les premiers ou derniers kilomètres. Aujourd’hui, rien n’est prévu pour ce type de pratique !
Quant à la multimodalité, elle désigne la possibilité d’emprunter différents modes de transport pour un même trajet. Ce principe permet de répartir les flux de voyageurs et de désengorger certains réseaux. Bien évidemment, pour répondre aux enjeux climatiques et environnementaux la multimodalité doit être pensée à l’aune des mobilités durables.
Développer les infrastructures et services de micromobilité
La micromobilité regroupe l’ensemble des modes de transports légers et bien souvent électriques. Parmi ces modes, nous pouvons citer le vélo, la trottinette, les gyroroues ou encore les hoverboards mais également les microvoitures électriques ou les scooters électriques, notamment partagés.
Ces modes de transports ne doivent pas être négligés car, appréciés ou non, ils correspondent à un besoin et à des usages déjà existants, en plus de favoriser l’intermodalité et la multimodalité et leurs bénéfices évoqués précédemment.
Accompagner les employeurs et les salariés
À l’origine d’une grande partie des déplacements quotidiens, les employeurs ont un rôle important à jouer pour améliorer la mobilité domicile-travail de leurs salariés et les déplacements de toutes et tous. Jeux Olympiques ou non, de nombreuses démarches sont possibles pour connaître et analyser les habitudes de déplacements et les besoins et pour mettre en place des solutions adaptées et incitatives. Parmi ces démarches, nous pouvons citer les Plans de Mobilité, le Forfait Mobilités Durables, les politiques en matière de télétravail, la promotion du covoiturage, les flottes de vélo et les services vélo… Certaines collectivités AOM (Autorité Organisatrice de la Mobilité) mettent en place des dispositifs d’accompagnement ou de financement à destination des employeurs de leur territoire pour les aider à mettre en place des actions en la matière et améliorer la mobilité sur le territoire.
Ces quelques clés pour améliorer les transports et la mobilité de demain en Île-de-France, et ailleurs, peuvent paraître évidentes, et les Jeux Olympiques et Paralympiques auraient pu être un formidable levier pour anticiper ces enjeux en matière de mobilité. Avec la prise de conscience qu’ils engendrent, alors peut-être qu’ils le seront.