L’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), instauré en 2018, n’a cessé de prendre les propriétaires dans un étau toujours plus serré. Contrairement à l’impôt sur le revenu, dont le barème est réajusté annuellement selon l’inflation, l’IFI demeure figé depuis sa création. Cette distinction crée un décalage grandissant qui affecte de plus en plus de foyers français.
IFI : la hausse des prix de l’immobilier coince les propriétaires
L'évolution contrastée de l'IFI
Chaque année, le barème de l'impôt sur le revenu est ajusté pour prendre en compte l'inflation. D’ailleurs, cette année, nous avons assisté à une révision de 4,8 % de ces tranches. Par exemple, un célibataire sera imposé dès que ses revenus dépasseront 11.294 euros. C'était à 10.777 euros l'année précédente.
Historiquement, l'Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) subissait également des ajustements. De 720.000 euros en 2002, le seuil d'imposition était passé à 800.000 euros avant d’être remplacé par l'IFI. Néanmoins, depuis sa transition vers l'IFI, les choses ont changé. Le seuil pour être soumis à l'IFI reste fixé à 1,3 million d'euros, malgré le passage du temps et les fluctuations économiques. En établissant un parallèle avec l'impôt sur le revenu, si l'IFI avait été réévalué depuis 2018, le seuil d’entrée serait aujourd'hui de 1,43 millions d'euros.
Un barème inchangé alors que le marché immobilier explose
La situation est aggravée par l'explosion du marché immobilier. Les prix de l'immobilier en France ont augmenté en moyenne de 29 % entre 2018 et 2023. Ainsi, en maintenant le barème de l’IFI inchangé alors que les prix de l’immobilier s’envolent, de plus en plus de ménages franchissent le seuil de 1,3 million d'euros et deviennent assujettis à l'IFI. Par exemple, en 2018, 133.000 foyers étaient concernés. Ce chiffre a grimpé à 164.000 en 2023, soit une augmentation de 23 % .Le rendement de l'IFI a également progressé, atteignant 1,83 milliard d'euros en 2022 contre 1,29 milliard en 2018. Une grande partie de cette augmentation est attribuée à la hausse des prix de l'immobilier. C'est un signe clair que davantage de propriétaires sont pris au piège de cette imposition.
Un autre élément révélateur est le poids croissant de la résidence principale dans le patrimoine des ménages. En 2022, pour ceux soumis à l'IFI avec un patrimoine taxable inférieur à 2,5 millions d'euros, la résidence principale représentait 31 % de la valeur de leurs actifs immobiliers. C'était 29,5 % deux ans plus tôt, en 2020. Alice Richard, juriste fiscaliste, suggère que si une réévaluation de l'IFI était envisagée, l’indice créé par l'Insee avec les données des notaires pourrait servir de référence. Cependant, la variation des prix immobiliers diffère considérablement selon les régions et les villes, rendant la tâche d’ajustement complexe et potentiellement controversée.