Face à la pression des États-Unis et des inquiétudes en matière de sécurité, la Commission européenne a fini par déclarer que les fournisseurs d’équipements télécoms chinois, notamment Huawei et ZTE, représentent un risque pour l’Union européenne.
La Commission européenne veut bannir Huawei et ZTE
Selon Thierry Breton, l’utilisation d’équipements chinois est synonyme de risques injustifiés
La Commission européenne a annoncé le 15 juin 2023 qu'elle ne fera plus appel à des services de téléphonie mobile reposant sur les équipements de Huawei et ZTE. Thierry Breton, le commissaire au Marché intérieur, a déclaré que l'Europe « ne peut pas se permettre de maintenir des dépendances qui pourraient devenir des armes contre nos intérêts ». Cette déclaration intervient alors que l'UE subit des pressions de la part des États-Unis pour exclure ces entreprises chinoises, accusées de permettre des activités d'espionnage au bénéfice de Pékin.
Thierry Breton a par ailleurs mentionné que Huawei et ZTE « représentent des risques matériellement plus élevés que d'autres fournisseurs de 5G ». Mais la Commission européenne n’a pas le pouvoir de contraindre les États à boycotter tel ou tel fournisseur, ces décisions relèvent des politiques nationales des États membres. Trois ans après l'adoption par la Commission de recommandations visant à protéger les réseaux 5G des risques d'espionnage, seulement 10 des 27 États membres de l'UE ont restreint ou exclu des fournisseurs à haut risque. Pour Thierry Breton, « c'est trop lent, et cela pose un risque de sécurité majeur ». Autant dire que, alors que plusieurs pays, tels que les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, ont déjà interdit l'utilisation d'équipements 5G provenant de ces fournisseurs chinois, l'Europe reste divisée sur la marche à suivre.
L’Union européenne a peur de Huawei mais finance en même temps sa R&D
Il faut savoir que malgré ces déclarations, l'UE finance plusieurs projets de recherche de Huawei à travers le programme « Horizon Europe », rappelait à cette occasion le Financial Times. Le financement, qui atteindrait 3,89 millions d'euros, concerne notamment des domaines sensibles comme le cloud computing, la 6G et l'intelligence artificielle.
Cette situation illustre la complexité des enjeux technologiques et géopolitiques auxquels l'Union européenne est confrontée. Malgré les appels à une exclusion des équipementiers chinois, la mise en œuvre d'une interdiction à l'échelle de l'UE serait une tâche complexe, nécessitant l'approbation juridique du Parlement européen et des différents États membres.