Les dirigeants du CAC 40 ont déjà gagné plus que leurs salariés en un an

Quand les dirigeants du CAC 40 atteignent le salaire annuel moyen de leurs employés en quelques jours, la question des écarts de rémunération se pose avec acuité. Le High Pay Day révèle une fracture sociale inquiétante.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 6 janvier 2025 à 14h15
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cac-40-patron-salaire-moyen-smic-2023 - © Economie Matin
45 MILLIONS €Le salaire du patron de Dassault Systèmes dépasse 45 millions d'euros.

Le 6 janvier 2025, à 16h49 selon les calculs de l’ONG Oxfam, les dirigeants des entreprises du CAC 40 ont déjà perçu l’équivalent du salaire annuel moyen de leurs employés. Cette journée, connue sous le nom de High Pay Day, illustre les écarts abyssaux de rémunération dans les grandes entreprises françaises.

Qu’est-ce que le High Pay Day ?

Le High Pay Day, appelé aussi Fat Cat Day au Royaume-Uni, désigne la date à laquelle les PDG des grandes entreprises ont déjà gagné l'équivalent du salaire annuel moyen d'un salarié. Calculé par Oxfam France sur la base des données de 2023, ce jour est établi selon une méthodologie rigoureuse : il prend en compte 320 jours ouvrés, en supposant que les PDG travaillent 12 heures par jour et 3 week-ends sur 4.

En 2025, ce jour tombe le 6 janvier, à 16h49. Cette symbolique met en lumière un problème structurel : les écarts de rémunération colossaux entre les dirigeants et les salariés.

Les chiffres des inégalités salariales en France

Les écarts de rémunération observés au sein des entreprises du CAC 40 atteignent des proportions inédites. En moyenne, les PDG du CAC 40 gagnent 117 fois plus que le salarié moyen de leur entreprise. Certains cas emblématiques révèlent des disparités extrêmes :

Entreprise Écart de rémunération PDG/Salarié moyen Rémunération du PDG (en euros)
Teleperformance 695 fois 10 796 891
Dassault Systèmes 381 fois 46 791 047
Stellantis 280 fois 19 742 889

Ces chiffres témoignent d’un fossé qui ne cesse de se creuser. Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes, arrive en tête avec une rémunération record de près de 47 millions d’euros en 2023.

Les enjeux politiques et sociaux

Ces écarts alimentent un débat public vif. Éric Lombard, ministre de l'Économie, a récemment plaidé pour une fiscalité renforcée des hauts revenus afin de réduire ces disparités. Cependant, les mesures concrètes tardent à se voir.

Les inégalités salariales ne se limitent pas aux entreprises du CAC 40. Elles reflètent une tendance plus large de concentration des richesses dans les mains d’une élite, tandis qu'une majorité de travailleurs peinent à maintenir leur pouvoir d’achat.

Une justice sociale en péril ?

Le High Pay Day pose une question essentielle : comment justifier ces écarts ? Les partisans des hauts salaires affirment que les PDG sont des moteurs économiques. À l’inverse, les critiques pointent des rémunérations excessives déconnectées des réalités de la performance ou des résultats.

Le High Pay Day illustre une fracture sociale préoccupante au sein des grandes entreprises françaises. Si des réformes fiscales ou structurelles ne sont pas rapidement engagées, cette journée symbolique risque de devenir le point de cristallisation d'un mécontentement social grandissant.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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