Hausse des impôts : les Français déchirés entre nécessité et anxiété

À l’approche de la présentation du projet de loi de finances 2025, une enquête de l’Ifop publiée ce 7 octobre 2024 montre que les Français sont majoritairement favorables à la taxation des plus riches et des grandes entreprises. Cependant, l’optimisme ambiant s’effondre face à la perspective d’une augmentation de la pression fiscale sur les classes moyennes. Une situation inconfortable qui soulève des interrogations quant à la capacité du gouvernement à convaincre ses concitoyens tout en maintenant l’équité fiscale.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 7 octobre 2024 à 9h59
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Hausse des impôts : les Français déchirés entre nécessité et anxiété - © Economie Matin
4663 EUROSL'impôt sur le revenu moyen des ménages qui sont imposables est de 4.663 euros.

Impôts : un soutien marqué pour des hausses ciblées

L’étude, réalisée entre le 1er et le 2 octobre 2024 pour le leader de la gestion d’épargne en ligne Yomoni auprès de 1 000 Français, met en lumière un soutien considérable envers les hausses d’impôts touchant les ménages les plus aisés et les grandes entreprises. Ainsi, 74 % des Français approuvent une augmentation de la fiscalité pour les plus riches, un chiffre qui atteint 80 % auprès des sympathisants de la majorité présidentielle. Pour les grandes entreprises, le soutien s’élève à 81 %, prouvant une forte adhésion à l’idée que les plus fortunés doivent contribuer davantage à l’effort national. "La taxation des superprofits des entreprises est approuvée par 79% des Français, dont 82% des sympathisants de la majorité présidentielle. De même, 77% soutiennent une surtaxe sur l'impôt sur le revenu pour les plus gros contribuables, y compris 82% des sympathisants de la majorité présidentielle. Ces taux d'adhésion restent élevés même chez les catégories aisées (83% et 93% respectivement)."

François Kraus, directeur du pôle Opinion à l’Ifop, note dans le communiqué que "l'adhésion au principe d'augmentation des impôts pour les ménages les plus aisés et les grandes entreprises est forte et transcende les clivages politiques". Cependant, cette mobilisation générale ne garantit pas pour autant l’acceptabilité de mesures qui pourraient toucher le portefeuille de chaque contribuable.

L’inquiétude face à un éventuel tour de vis fiscal

Malgré les appels à la solidarité fiscale, une grande majorité des Français exprime des doutes quant à l’engagement du gouvernement de ne pas augmenter les impôts pesant sur les classes moyennes. En effet, 74 % des interrogés ne croient pas que cette catégorie sera épargnée, une inquiétude particulièrement palpable parmi les populations les plus modestes. Cette peur de propension fiscale semble corroborer les craintes historiques autour des réformes fiscales, avec 82 % des Français anticipant une future augmentation de leurs impôts. "La taxation des superprofits des entreprises est approuvée par 79% des Français, dont 82% des sympathisants de la majorité présidentielle. De même, 77% soutiennent une surtaxe sur l'impôt sur le revenu pour les plus gros contribuables, y compris 82% des sympathisants de la majorité présidentielle. Ces taux d'adhésion restent élevés même chez les catégories aisées (83% et 93% respectivement)."

À l’approche de la présentation des nouvelles mesures, ce déficit de confiance pose un dilemme pour le gouvernement, qui tente de promouvoir l’idée d’un impôt plus juste tout en rassurant des électeurs anxieux. "Cette tension entre la volonté de faire contribuer davantage les plus aisés et le refus de voir sa propre situation fiscale se dégrader place le gouvernement face à un défi de taille", souligne François Kraus.

La défense d’une épargne populaire aux abois

Si le soutien à des hausses d’impôts ciblées semble fort, une ligne rouge apparaît dans l'opinion publique : celle de la protection de l’épargne populaire. Les produits d'épargne comme le Plan d'Épargne en Actions (PEA) et les contrats d'assurance-vie ne doivent pas être taxés selon 66 % des Français, exprimant ainsi un rejet clair de toute mesure visant à alourdir la taxation de ces outils financiers. Cette situation met en relief le sentiment général de protection des acquis, même au sein d'une économie en mutation. "66% des Français s'opposent à une taxation supplémentaire des plans d'épargne type PEA ou PER, et 63% à celle des contrats d'assurance-vie."

Olivier Malteste, directeur des études de Yomoni, interpelle sur les conséquences potentielles : "Si le gouvernement durcissait la fiscalité de l’épargne, nous constaterions un retrait de clients qui serait particulièrement préjudiciable". Dans un contexte où la préservation du pouvoir d'achat est cruciale, la réaction du gouvernement face aux aspirations des Français pourrait bien définir le paysage politique et économique de demain.

« Étude Ifop pour Yomoni réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 1er au 2 octobre 2024 auprès d'un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. »

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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