La décision de la Russie de saisir les actifs de trois grandes banques européennes a fait grand bruit dans le monde économique. Cette action, survenue à la suite de la guerre en Ukraine et des sanctions européennes contre Moscou, est le résultat des tensions croissantes entre la Russie et l’Occident.
Guerre : la Russie sanctionne trois banques européennes
Quelles banques ont été sanctionnées par la Russie ?
Le tribunal d’arbitrage de Saint-Pétersbourg a ordonné, jeudi 16 mai 2024, la saisie de centaines de millions d'euros d'actifs appartenant à UniCredit, Deutsche Bank et Commerzbank. Ces trois institutions financières européennes sont accusées de ne pas avoir honoré leurs engagements liés à la construction d'une usine de traitement et de liquéfaction de gaz en Russie.
- UniCredit : La deuxième plus grande banque italienne s'est vue confisquer 462,7 millions d'euros. Présente en Russie depuis 2005, UniCredit avait commencé à envisager la vente de sa filiale russe en 2022, mais le projet n'a pas avancé depuis.
- Deutsche Bank : Numéro un bancaire allemand, Deutsche Bank a perdu 238,6 millions d'euros. Elle a été impliquée dans ce projet en tant que garant, mais a dû se retirer en raison des sanctions européennes.
- Commerzbank : La troisième banque, Commerzbank, a vu ses actifs saisis à hauteur de 93,7 millions d'euros. Un immeuble de la banque à Moscou a également été confisqué.
Un projet gazier mis à l’arrêt
La saisie des actifs de ces banques découle d'un projet de construction d'une usine de traitement et de liquéfaction de gaz par l’entreprise RusChemAlliiance à Oust-Louga, près de Saint-Pétersbourg. Ce projet était initialement soutenu par le géant gazier russe Gazprom et l'entreprise allemande Linde, qui devait fournir les équipements nécessaires.
Cependant, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 et l'imposition de sanctions occidentales, Linde s'est retirée du projet, entraînant l'incapacité des banques garantes de respecter leurs engagements. L’entreprise russe a donc porté plainte et a eu gain de cause.
Les banques européennes ont peu de recours possibles
Les décisions de saisie ont des répercussions importantes sur les banques concernées, tant sur le plan financier qu'opérationnel. Selon le tribunal, ces saisies visent à compenser les fonds promis par les banques pour le projet de gaz.
Réactions des banques
- Deutsche Bank : La banque a exprimé son intention d'évaluer l'impact opérationnel immédiat de cette décision en Russie. Un porte-parole a déclaré : « Nous devrons voir comment cette demande est mise en œuvre par les tribunaux russes et évaluer l'impact opérationnel immédiat en Russie ».
- UniCredit : L'institution a indiqué être « au courant de la décision du tribunal russe » et qu'elle examinait en détail la situation. Cette saisie pourrait compliquer davantage ses opérations en Russie, où elle est parmi les banques européennes les plus exposées.
On rappellera en outre que la Russie n’en est pas à son coup d’essai. En avril 2024, le géant américain JP Morgan avait été sanctionné par le même tribunal de Saint-Pétersbourg. La Russie avait ainsi confisqué près de 500 millions d’euros.