Revenus des agriculteurs : la grande distribution veut être reçue par Emmanuel Macron

Les géants de la grande distribution demandent une audience auprès d’Emmanuel Macron pour discuter de la rémunération des agriculteurs. Cette initiative s’inscrit dans le contexte de l’élaboration d’un nouveau texte de loi visant à renforcer le dispositif Egalim.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 20 mai 2024 à 12h30
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A worried young Latin American woman stands in a supermarket between the shelves with goods, holds a basket, spreads her hands, looks at the camera. Unable to find product, out of stock. - © Economie Matin
10 MILLIARDSLa capacité actuelle d'investissement du secteur de la grande distribution ne dépasse pas les 10 milliards d'euros.

La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a récemment adressé une lettre au président de la République, Emmanuel Macron, demandant à être reçue pour discuter de la rémunération des agriculteurs. Cette demande de la grande distribution intervient alors que le gouvernement prévoit de présenter un nouveau texte de loi avant l'été pour renforcer le dispositif Egalim, conçu pour protéger les revenus des agriculteurs.

Union de la grande distribution

Dans ce courrier daté du 9 mai, la FCD, qui regroupe désormais les groupes E.Leclerc, Carrefour, Intermarché et Système U, exprime sa détermination à participer activement au débat. Les dirigeants de la grande distribution, dont Alexandre Bompard (Carrefour), Thierry Cotillard (Intermarché), Philippe Michaud (E.Leclerc) et Dominique Schelcher (Système U), insistent sur l'importance de revenir aux fondamentaux des lois Egalim : « contractualisation écrite obligatoire, non-négociabilité de la matière première agricole et transparence à toutes les étapes de la négociation commerciale ».

Les représentants de la FCD soulignent également les besoins d'investissements massifs dans le secteur, notamment pour la décarbonation, la numérisation et l'adaptation des compétences. Ils estiment ces besoins à 20 milliards d'euros par an, alors que la capacité actuelle d'investissement ne dépasse pas les 10 milliards d'euros.

Les signataires de la lettre ne cachent pas leur préoccupation face à la situation des agriculteurs. Ils déclarent ne pas pouvoir « accepter que les agriculteurs qui nous nourrissent ne puissent pas vivre dignement de leur travail ». Pour eux, garantir la pérennité d'une agriculture française forte est une priorité.

Cette prise de position s'accompagne d'une demande de politiques publiques offrant une vision stratégique pour le commerce de demain. La FCD, renforcée en mars par l'adhésion de E.Leclerc et Intermarché, deux poids lourds de la distribution alimentaire, espère que cette union permettra de parler d'une voix commune et de valoriser les métiers du commerce à la hauteur de leur impact pour le pays.

Pour une agriculture française pérenne

Historiquement perçue comme représentante des enseignes intégrées telles que Carrefour, Casino et Auchan, la FCD élargit ainsi son champ d'action. Le modèle de E.Leclerc et d'Intermarché, fondé sur des indépendants propriétaires de leurs magasins, vient compléter celui des enseignes intégrées, contribuant à une représentation plus complète du secteur.

La FCD demande également des mesures concrètes pour améliorer les pratiques commerciales avec les agriculteurs. Parmi ces mesures, l'obligation pour les industriels de mener leurs négociations avec les agriculteurs avant celles avec les distributeurs, sous peine de sanctions. Les prix payés aux agriculteurs devraient être connus lors de ces négociations.

Les précédentes versions des lois Egalim n'ayant pas donné les résultats escomptés, la FCD propose de travailler à une charte de bonnes pratiques. Cette charte viserait à éviter que l'utilisation de centrales d'achats et de services basées en Europe ne nuise aux revenus des agriculteurs.

En février, les principaux patrons de la grande distribution avaient déjà appelé à étendre les obligations d'Egalim aux acteurs de la restauration et aux grossistes industriels. Ils insistaient alors sur le fait que leur secteur représente moins de la moitié des débouchés des exploitations agricoles françaises et qu'il est donc crucial d'inclure tous les acteurs concernés.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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