Notre-Dame des Landes ne sera pas, la certitude est acquise depuis 5 ans. Mais pour le reste du programme, c’est depuis le noir complet. A croire que les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron se font une spécialité de ne rien faire ou de ne rien décider. En attendant, à Nantes, ça piaffe d’impatience face à une inertie préjudiciable à toute la région Ouest. Opposants ou partisans des diverses solutions proposées s’accordent au moins sur un point : le statu quo n’est pas tenable et l’indécision ne satisfait personne.
Aéroport Nantes Atlantique : une indécision devenue intenable
Le 17 janvier 2018, le Premier ministre d’alors, Edouard Philippe, actait l'arrêt définitif du projet de construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes (NDDL). Après des années de valses hésitations et la constitution de plusieurs ZAD sur l’emplacement retenu, le gouvernement cède et décide donc qu’à cet endroit, il ne fera finalement rien ; charge au remplaçant d’Edouard Philippe - donc aujourd’hui Elisabeth Borne - de mettre en œuvre la partie du discours qui est soigneusement escamotée depuis : celle où il est question de ce qui sera fait à la place.
Car le projet d’aéroport à NDDL n’était pas une lubie d’un gouvernement épris de grands travaux, il répondait à un besoin urgent de l’Ouest de la France de se doter d’un aéroport de stature internationale à même d’accompagner et de soutenir le développement économique de la région. En effet, l’aéroport de Brest est trop excentré, celui de Rennes est trop limité. Ne reste que Nantes Atlantique. Initialement prévu pour être fermé, il redevient en ce jour de janvier 2018 la solution qui tout le monde attend : « Cette solution, c'est le réaménagement de l'aéroport de Nantes-Atlantique. […] Je demande donc à Madame la Ministre des Transports d'étudier dans un délai de six mois, les conditions de mise en œuvre de ces chantiers qui se complètent et qui consistent à optimiser l'usage de Nantes Atlantique ». Très bien, va pour la solution de secours, pas idéale dans l’absolu mais c’est une solution quand même.
Aéroport de Nantes Atlantiques : le réaménagement n'avance pas
Mais dix fois « six mois » plus tard, rien. Un appel d’offres fut lancé par les travaux d’aménagement en question ; depuis, nombre d’administrations, de cabinets de conseil et d’avocats grassement payés décortiquent les propositions, affinent les besoins de l’Etat, négocient les prix, et au final, rien. Silence radio de l’Etat. Gilets jaunes, bonnets rouges, black blocks, militants « verts »… Le gouvernement semble paralysé par l’éventail des couleurs de la contestation tous azimuts. Sauf qu’en attendant, en région, ça commence à s’impatienter.
A tel point, que Christelle Morançais, Présidente du conseil régional des Pays de la Loire, s’est récemment senti obligée d’interpeller directement le gouvernement : « à défaut d'une desserte aéroportuaire adaptée, le coût d'une telle défaillance pour le développement économique des Pays de la Loire s'évaluerait à une perte de 1% du PIB... » indique-t-elle avant de conclure de façon cinglante : « le sentiment qui l'emporte aujourd'hui, c'est celui d'un profond mépris à l'égard d'un territoire qui se bat pour assurer son développement et qui refuse d'être doublement condamné par l'abandon et maintenant l'inaction de l'Etat dans ce dossier. » Même son de cloche du côté des patrons de la région Pays de la Loire, du MEDEF local à la CCPME : « Plus de 5 ans après la première annonce du gouvernement, c’est l’inaction et le flou qui dominent. C’est un véritable mauvais coup que l’État porte à notre territoire ».
Le gouvernement ne fait rien
Du côté du gouvernement, le malaise est palpable sur ce dossier : à peine sorti de la très mauvaise passe de la réforme des retraites, personne ne veut amorcer une nouvelle crise potentielle qui témoignerait encore un peu plus de la déconnexion du gouvernement des enjeux locaux. Le gouvernement semble pétrifié face à ce que pourrait faire la NUPES et d’autres oppositions d’une telle décision. N’écoutant que son courage, qui ne lui disait rien, le gouvernement actuel continue donc de faire ce qu’il fait le mieux : rien.
Pourtant, il y a du monde qui turbine en coulisses. Hugo Bevort et Jean-Marie Caillaud, respectivement messieurs « Territoires » de Matignon et l’Elysée se seraient enfin emparés du dossier et cela semble payer de prime abord : Clément Beaune, le ministre des Transports se seraient ainsi engagé à trancher avant la fin juillet. Mais Elisabeth Borne a, elle, simplement promis de fournir « rapidement » un calendrier de travaux. Le délai est donc subitement plus flou… Il reste bien quelques points d’achoppement comme la question de l’allongement de la piste mais rien qui suppose en réalité d’attendre cinq ans pour trancher sur ce dossier.
Le plus exaspérant pour tous les acteurs concernés, c’est bien que cette indécision ne semble motiver que par une certaine couardise du gouvernement, mêlée d’indifférence pour les dossiers loin de Paris. « Gouverner, c’est prévoir » dit l’adage ; gouverner, c’est décider, en premier lieu. Le gouvernement gouverne-t-il encore ?