La montée du glanage en région Nord, une initiative sociale portée par des agriculteurs comme Vincent Dezitter, répond à un besoin croissant d’alternatives face à la précarité économique et l’inflation.
Le glanage une pratique de survie, de plus en plus prisée par les retraités
Le glanage, une main tendue face à la précarité
Le glanage, une pratique ancestrale qui consiste à ramasser les récoltes laissées après la moisson, trouve un nouveau souffle dans le Nord, porté par des agriculteurs au grand cœur. Vincent Dezitter, en est l'un des principaux acteurs, organisant la cueillette sur ses 10 ha à Spycker.
Catherine, habitante de Dunkerque et mère d'un enfant malade, témoigne : « Je suis au RSA. Je cherche les meilleures façons de faire des économies et on m’a communiqué l’invitation de monsieur Dezitter. J’ai ramassé suffisamment pour tenir plusieurs mois. C’est vraiment généreux de sa part. ». Une générosité qui s'inscrit dans un contexte difficile où chaque pomme de terre compte.
La démarche n'a rien d'anodin. En 2012, ils étaient 35 glaneurs à profiter de cette opportunité offerte par Dezitter. Aujourd'hui, ils sont 1 200 chaque année. « Je vois de plus en plus de retraités, constate l’agriculteur. Aussi des familles dont les deux parents travaillent. Je sens que ça leur donne un coup de pouce et ça me touche. »
Bénéfices écologiques et solidarité au rendez-vous
Au-delà de l'aspect social, cette pratique du glanage a un double avantage. En effet, les pommes de terre laissées en terre finiraient par germer du fait du manque de gel. Vincent Dezitter souligne : « Je pratique la culture tournante. Si le terrain est nettoyé, je n’ai pas besoin d’utiliser de produits chimiques pour éliminer les tubercules. C’est donc extrêmement positif pour tout le monde, tant que les gens se comportent bien. »
Malheureusement, tout n'est pas toujours rose. Comme le rappelle Dezitter, certains profitent indûment de cette générosité, glanant avant l'heure ou sur des champs voisins. Mais la solidarité des glaneurs fait souvent la différence. « Ce sont les autres glaneurs qui les ont stoppés. Heureusement, il y a cette belle solidarité. » dit-il.
Cette initiative, au-delà de l'entraide, crée des liens profonds entre l'agriculteur et ses "aspirateurs", comme il aime affectueusement les appeler. Dezitter partage : « Quand j’ai le temps, j’emmène quelques enfants faire un tour en tracteur. Un petit garçon de 8 ans m’a remercié pour la balade, mais aussi parce qu’il allait mieux manger. C’est très touchant ».
Avec un engouement grandissant pour le glanage, Vincent Dezitter réfléchit déjà à étendre son offre à d'autres cultures, comme les poireaux. Catherine, comme 5 000 autres futurs glaneurs, suit de près cette actualité sur les réseaux sociaux, prête à saisir la prochaine opportunité.