Les importations françaises de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance de Russie ont fortement augmenté au premier semestre de cette année 2024, malgré les efforts de l’Europe pour réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.
Énergie : la France consomme de plus en plus de gaz russe malgré la guerre
Les importations de gaz russe en hausse
Au cours du premier semestre de cette année 2024, les importations de GNL russe par la France ont plus que doublé. D'après une analyse du Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), la France a importé près de 4,4 milliards de mètres cubes de GNL russe, contre plus de 2 milliards de mètres cubes à la même période l'année précédente. Cette augmentation intervient alors que l'Europe cherche à se désengager des achats d'énergie qui financent l'invasion de l'Ukraine par le Kremlin depuis plus de deux ans. Les importateurs suivants, l'Espagne et la Belgique, ont connu une hausse de 1 % et une baisse de 16 % respectivement, a indiqué l'IEEFA. Une analyse montre cependant que les pays de l'UE ont importé 7 % de plus de GNL russe au premier semestre de cette année par rapport à la même période en 2023. Oleh Savytskyi, fondateur de l'organisation à but non lucratif "Razom We Stand", critique cette situation en affirmant que l'objectif de l'UE de réduire les combustibles fossiles russes d'ici à 2027 est "épouvantablement mal engagé".
Les gouvernements européens craignent que l'interdiction totale des importations de gaz russe provoque une flambée des factures d'énergie et de chauffage, impactant également les consommateurs industriels de gaz. Le gaz supplémentaire n'est pas utilisé par les ménages ou l'industrie en France. La demande a chuté de 9 % au premier semestre de cette année par rapport à l'année dernière.
En parallèle, la France réduit ses importations d'autres fournisseurs
TotalEnergies, le géant français de l'énergie, représente une part importante des importations de GNL russe. En vertu d'un contrat signé en 2018, TotalEnergies s'est engagé à acheter 4 millions de tonnes de gaz par an. L'entreprise affirme être légalement tenue d'honorer ses contrats tant que les gouvernements européens jugent le gaz russe nécessaire à la sécurité d'approvisionnement de l'UE. Selon un porte-parole de la Commission européenne, Adalbert Jahnz, les importations de gaz russe ont considérablement diminué entre 2021 et 2023, et une augmentation temporaire ne remet pas en cause les progrès réalisés. Cependant, Savytskyi appelle à un embargo total sur ce produit, critiquant l'attitude permissive envers TotalEnergies.
Alors que la France augmente ses importations de GNL russe, elle réduit celles en provenance d'autres fournisseurs comme les États-Unis, l'Angola, le Cameroun, l'Égypte, et le Nigeria. Cette situation complique les efforts de transition énergétique vers des sources plus durables. Les données de Kpler montrent que les exportations françaises de gaz par gazoduc vers la Belgique ont augmenté de près de 10 % au premier semestre, mais la part de GNL russe dans ces exportations reste indéterminée.