Depuis le samedi 16 novembre 2024, la Russie a suspendu ses livraisons de gaz à l’Autriche, marquant la fin d’une relation commerciale vieille de plus de six décennies. Cette décision, motivée par un différend financier entre Gazprom et l’entreprise autrichienne OMV, s’inscrit dans un contexte européen déjà fragilisé par les tensions liées à la guerre en Ukraine.
Gaz : l’Autriche se fâche avec Gazprom et les prix s’envolent
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Modifié le 18 novembre 2024 à 10h18
90%L'Union européenne a rempli à 90% ses réserves de gaz pour l'hiver.
Un contentieux sur fond de guerre : les racines du conflit Gazprom-OMV
Au cœur de cette suspension des livraisons se trouve un différend juridique entre Gazprom, le géant gazier russe, et OMV, le principal fournisseur autrichien d'énergie. Ce conflit s’enracine dans des problèmes de livraison irrégulière constatés depuis 2022. En réponse à ces défaillances, OMV a engagé une procédure arbitrale auprès de la Chambre de commerce internationale (CCI). La décision rendue par la CCI en faveur d'OMV, qui accorde 230 millions d’euros de compensation, a poussé Gazprom à suspendre unilatéralement ses livraisons.
Depuis 1968, l’Autriche a été l’un des premiers clients de l’ex-URSS pour le gaz naturel. Cette relation stratégique a permis à l’Autriche de bénéficier d’un approvisionnement régulier à des prix compétitifs. Cependant, la guerre en Ukraine et les sanctions européennes contre la Russie ont progressivement érodé cette relation, laissant place à des tensions croissantes.
Les raisons officielles du litige
- Sentence arbitrale : OMV a obtenu le droit de réclamer des dommages-intérêts à Gazprom pour des livraisons manquantes en 2022.
- Réponse de Gazprom : Le géant russe a qualifié cette décision d’"inacceptable" et choisi de couper ses approvisionnements, une mesure interprétée comme un moyen de pression politique.
| Acteur | Position | Action |
|---|---|---|
| OMV | Réclame 230 M€ pour compenser des pertes | Réduit ses paiements à Gazprom |
| Gazprom | Refuse d’appliquer la décision arbitrale | Coupe les livraisons à l’Autriche |
Alerte énergie en Autriche : quelles conséquences immédiates ?
L’Autriche, qui dépendait encore à 90% du gaz russe avant 2022, s'est retrouvée au centre d’une crise énergétique. Bien que le gouvernement ait assuré que les réservoirs de stockage soient remplis à 93%, l’inquiétude reste vive face à un hiver incertain.
Impact sur les ménages et l’industrie
- Pour les ménages : Les consommateurs craignent une augmentation des factures de chauffage, malgré les assurances du chancelier autrichien Karl Nehammer. Le gouvernement a promis que "personne ne serait laissé dans le froid", mais la pression sur les ménages modestes pourrait s’intensifier.
- Pour l’industrie : Les secteurs manufacturiers, grands consommateurs d’énergie, anticipent des ralentissements ou des augmentations de coûts, réduisant leur compétitivité sur les marchés internationaux.
L'Autriche s’est rapidement tournée vers d'autres fournisseurs, notamment via des gazoducs en provenance d'Allemagne, d'Italie et des Pays-Bas. Cependant, ces nouvelles sources d'approvisionnement s'accompagnent de coûts plus élevés et d'une plus grande volatilité des prix.
| Source alternative | Capacité d’approvisionnement | Défis |
|---|---|---|
| Allemagne | Gazoducs via les Pays-Bas | Dépendance aux marchés européens |
| Italie | Gazoducs méditerranéens | Tarifs plus élevés |
| Norvège | Fournisseur fiable | Capacités limitées |
L’effet domino en Europe : une crise énergétique aggravée
La coupure de gaz pour l'Autriche s’inscrit dans une tendance plus large de retrait des approvisionnements russes en Europe. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, Gazprom a considérablement réduit ses exportations vers l’Union européenne, faisant passer sa part de marché de 40% avant 2022 à moins de 10% en 2024.
L’annonce de la coupure a immédiatement fait grimper les prix du gaz sur les marchés européens. Sur le marché TTF néerlandais, référence pour l'Europe, les prix ont bondi de 10,34% en une semaine, augmentant la pression sur les ménages et les entreprises à travers le continent.
Malgré les efforts de diversification, certains pays de l’UE restent fortement dépendants de la Russie :
- Hongrie : Toujours approvisionnée directement par Gazprom.
- Slovaquie : Forte dépendance avec peu d'alternatives viables.
| Pays | Dépendance au gaz russe (2023) | Alternatives principales |
|---|---|---|
| Autriche | 50% | Allemagne, Italie |
| Hongrie | 85% | Aucune à court terme |
| Slovaquie | 75% | Azerbaïdjan |
La diversification vers le gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis et du Qatar est une solution partielle. Toutefois, les infrastructures européennes, notamment les terminaux de regazéification, restent insuffisantes pour répondre à une demande croissante.
Gaz : les défis pour l’hiver 2024-2025
Alors que l’hiver approche, plusieurs questions demeurent sans réponse :
- Les stocks suffiront-ils ? Avec des réserves atteignant 90% de la capacité dans certains pays, la situation semble sous contrôle. Cependant, une vague de froid prolongée pourrait rapidement épuiser ces stocks.
- Qu’en est-il des prix ? La volatilité des marchés est exacerbée par les incertitudes géopolitiques, rendant difficile toute prédiction sur les coûts énergétiques pour les mois à venir.
- L’Europe peut-elle se défaire de la dépendance au gaz russe ? Malgré des efforts significatifs, une rupture complète avec la Russie reste difficile à court terme.
Une Europe en quête d’autonomie énergétique
La coupure des livraisons de gaz à l'Autriche marque une nouvelle étape dans la crise énergétique européenne. Si l’Autriche a montré des signes de résilience, grâce à des stocks bien remplis et des alternatives viables, la situation reste précaire pour d'autres pays. Cet énième conflit commercial avec la Russie souligne la nécessité urgente pour l’Europe de développer des stratégies énergétiques à long terme, basées sur la diversification des sources et une transition accélérée vers les énergies renouvelables.