Fret : pirates en mer Rouge, bientôt une flambée des prix en Europe ?

Face à l’escalade des tensions en mer Rouge, les attaques répétées des rebelles Houthis contre des navires marchands suscitent des inquiétudes croissantes. Ces incidents, qui perturbent les routes commerciales maritimes entre le golfe d’Aden et le canal de Suez, sont directement liés au conflit israélo-palestinien. Ils pourraient avoir des répercussions significatives sur le commerce international, mais surtout sur les prix des marchandises et du pétrole en Europe.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 20 décembre 2023 à 15h28
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Fret : pirates en mer Rouge, bientôt une flambée des prix en Europe ? - © Economie Matin
400.000 à 600.000 dollarsChaque jour, l'immobilisation des navires en mer Rouge coûte entre 400 000 et 600 000 dollars aux armateurs

Fret maritime : la mer Rouge prise en otage par les pirates Houthis

Les récentes attaques en mer Rouge, revendiquées par les rebelles yéménites, les Houthis, ont provoqué une onde de choc dans le secteur du transport maritime et de vives inquiétudes au sein de la communauté internationale. Soutenus par l'Iran, les Houthis justifient leurs attaques en soutien à la Palestine. Ces dernières, par leur intensification, ont contraint les armateurs à modifier leurs itinéraires habituels, notamment en évitant le canal de Suez, une artère vitale pour le commerce mondial. Cette déviation entraîne des voyages plus longs de quinze jours, passant par le Cap de Bonne-Espérance.

En réponse à cette menace, une coalition internationale de dix pays a été formée, sous l'égide des États-Unis. Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, a annoncé la création de cette force, baptisée Opération gardien de la prospérité, pour protéger le trafic maritime. Mais comme l'a indiqué le vice-amiral Michel Olhagaray, auprès de nos confrères de France 24, cette mission fait face à de nombreux défis : « Il va s’agir d’une opération complexe de sécurisation de la mer, mais une espèce de sécurisation entravée puisqu’à mon avis cette coalition n'a pas vocation à frapper directement sur le territoire du Yémen ». Actuellement, seuls quelques drones yéménites sont détruits par les forces de la communauté internationales. Le but étant d'éviter toute escalade du conflit.

Vers une flambée des prix du pétrole et des marchandises en Europe

« Quand le transport maritime se raréfie, cela entraîne des retards et donc des augmentations », a souligné le directeur-général du terminal de Seayard. La situation liée aux actes de piraterie des Houthis en mer Rouge est d'autant plus préoccupante que le pétrole du Moyen-Orient, essentiel pour l'Europe, transite majoritairement par cette route. « Pour Noël, je pense que toutes les importations nécessaires ont déjà été faites... mais la situation pourrait se compliquer pour janvier et février », avertit Jean-Pierre Favennec, consultant spécialiste du pétrole. Les pays européens dépendent grandement du canal de Suez leurs importations en pétrole. Une vulnérabilité qui est exacerbée depuis la fin des importations de pétrole venant de Russie.

La flambée des prix ne se limitera pas au pétrole. Environ 20 000 navires empruntent les routes de la mer Rouge chaque année, ce qui représente plus d'un dixième du commerce mondial. Fait d'autant plus alarmant, près des deux tiers des importations européennes transitent par le détroit de Bab Al-Mandab, qui sépare Djibouti, l'Érythrée et le Yémen dans le Golfe d'Aden. Autant dire que cette zone est plus que cruciale pour l'Europe. Chaque jour d'immobilisation des navires coûte entre 400 000 et 600 000 dollars à leurs armateurs. Des compagnies majeures comme BP, Maersk et MSC ont dû suspendre leur transit. Cette hausse des coûts de transport aura inévitablement un impact sur les prix des marchandises en Europe. Le port de Marseille, point névralgique pour le commerce en France, est particulièrement concerné : un conteneur sur deux arrivant à Marseille transite habituellement via le canal de Suez.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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