Des fonds « verts kakis » pour les épargnants

Le Ministère de l’Économie a opté pour la mobilisation de l’épargne en faveur de la défense à travers la mise en place de fonds d’investissement. La Banque Publique d’Investissement créera un fonds accessible au grand public qui pourra acquérir des parts ou des unités de compte pour une valeur d’émission de 500 euros. Ces titres seront logeables dans des contrats d’assurance vie (unités de compte) ou dans des comptes titres (parts).

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Philippe Crevel Publié le 24 mars 2025 à 5h00
bourse-defense-benefice-2025-luxe
Des fonds « verts kakis » pour les épargnants - © Economie Matin
500 EUROSLe livret Bpifrance pour la Défense est accessible à partir de 500 euros.

Ce fonds dont le capital pourrait atteindre 450 millions d’euros aura la faculté de prendre des participations ou de prêter de l’argent aux entreprises du secteur de la défense. Il aura, à ce titre, vocation à faciliter le financement des investissements rendus nécessaires par l’augmentation des commandes publiques de matériels de défense au sein de l’Union européenne. Le Ministre de l’Économie a évoqué un besoin de 5 milliards d’euros pour l’industrie de la défense.

D’autres fonds mis en œuvre par des acteurs de la place financière française et européenne devraient être également accessibles.

En collectant autour de 600 millions d’euros par effet de levier, les fonds pourraient prêter 5 milliards d’euros. Il est fort probable que les fonds n’interviendront pas exclusivement sous la forme de prêts ou d’émission d’obligations pour le compte de tiers, ils devraient également prendre des participations (actions).

Un choix logique

Le choix des fonds d’investissement est la réponse la plus rapide pour mobiliser de manière volontaire l’épargne des ménages. En pouvant loger ces fonds dans l’assurance vie, l’industrie de la défense accède ainsi au premier placement des ménages dont l’encours a dépassé 2 000 milliards d’euros en janvier 2025. Les assurés sont de plus en plus prompts à investir en unités de compte, ces dernières années. Ces unités de compte ont représenté 40 % de la collecte de l’assurance vie en 2024, les 60 % restant étant dévolus aux fonds en euros.

Un placement volontaire de la part des épargnants

Aucune ponction, aucun prélèvement ou orientation obligatoire de l’épargne des ménages n’est prévu. Le gouvernement n’a pas opté pour un grand emprunt national qui n’aurait ajouté que de la dette publique à la dette publique. Un tel emprunt aurait été, en outre, compliqué à mettre en œuvre tout comme la création d’un nouveau Livret d’épargne. Le Livret A n’est pas un outil adapté pour financer sur le long cours des entreprises qui interviennent sur le secteur concurrentiel de l’industrie de la défense. Le Livret A ne permet pas des prises de participation dans des entreprises non cotées. Produit liquide par nature, il n’est pas armé pour des investissements de long terme dans des entreprises.

Les épargnants pourront donc opter pour les unités de compte ou les parts des fonds « défense ». De manière indirecte, dans le cadre de la diversification, les assureurs pourraient insérer dans leurs fonds euros des parts des fonds « défense ».

Un placement par nature de long terme et potentiellement attractif

La montée en puissance de l’industrie de la défense européenne nécessitera du temps. Il est de ce fait logique que le retour sur investissement ne soit pas immédiat. Le Ministre de l’Économie a prévu une période de blocage de 5 ans, le temps nécessaire pour la réalisation des investissements. Cela signifie que les acheteurs ne pourraient pas céder leurs parts durant ce délai. Un tel blocage existe par exemple pour des produits comme le FCPI, des fonds qui financent des entreprises à forte croissance, en particulier dans le secteur technologique. En revanche, à la différence des FCPI, le gouvernement n’a pas associé d’avantage fiscal pour l’achat de parts de son fonds vert kaki.

Compte tenu de la progression de la demande en équipements militaires, le rendement de ce fonds pourrait être attractif et se situer au-dessus de la moyenne sur longue période.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Philippe Crevel, directeur général du Cercle de l’Epargne, est un spécialiste des questions d’épargne et de retraite. Précédemment, il a été Secrétaire général du Cercle des Epargnants et membre de plusieurs cabinets ministériels. Conseiller économique et fiscal auprès de plusieurs responsables nationaux et locaux, il a également été consultant auprès de plusieurs organisations internationales. Il a participé à l’élaboration de la première loi sur l’épargne retraite (1993-1997). Il a rédigé plusieurs ouvrages sur la retraite et l’économie dont « Retraite, Juste un Autre Monde » publié par les Editions Temporis le 21 novembre 2014.

1 commentaire on «Des fonds « verts kakis » pour les épargnants»

  • Leconte

    Dommage que l’on a pas mis ensemble ce qu’il faudra pour les besoins pressants de lutte contre le chaos climatique !

    Répondre
Laisser un commentaire

* Champs requis