La Cour des comptes alerte sur l’état des finances publiques françaises dans son dernier rapport, jugé de très mauvais. En pleine incertitude politique après les résultats des élections législatives, la situation financière est jugée préoccupante et les objectifs fixés par le gouvernement sortant sont qualifiés de peu réalistes.
Finances publiques : un sévère avertissement de la Cour des comptes
Finances publiques : les prévisions du gouvernement en question
Le rapport publié le 15 juillet 2024 de la Cour des comptes dresse un bilan pas très fameux des finances publiques françaises pour l'année 2023, qualifiée de "très mauvaise". Les magistrats pointent des prévisions de déficit et de dette jugées peu crédibles. Le gouvernement macroniste prévoit un retour à un déficit public sous les 3 % du PIB d'ici à 2027, malgré un dérapage à 5,5 % en 2023. Cependant, la Cour des comptes estime que ces objectifs reposent sur des hypothèses de croissance "trop optimistes" et des économies en dépenses "sans précédent", ce qui semble en effet peu crédible. La charge de la dette va augmenter pour atteindre 72,3 milliards d'euros en 2027, dépassant ainsi le budget de l'Éducation nationale !
Les crises sanitaires et inflationnistes ont fortement affecté les finances publiques françaises. La Cour des comptes souligne que les prévisions gouvernementales ne prennent pas pleinement en compte les enjeux liés au réchauffement climatique et à la transition énergétique, qui pèseront sur les finances publiques. De plus, l'incertitude politique après le résultat des élections législatives anticipées augmente les risques d'un dérapage des dépenses, notamment avec déjà la crise des agriculteurs, la situation en Nouvelle-Calédonie et l'organisation des Jeux olympiques à Paris, qui vont avoir lieu du 26 juillet au 11 aout 2024. Ces événements ont nécessité des dépenses supplémentaires non prévues initialement.
La dette de la France à 111 % du PIB !
Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, critique la gestion budgétaire française comparée à celle des autres pays européens. Alors que les partenaires de la zone euro ont commencé à réduire leurs déficits et leurs dettes, la France continue de creuser son déficit. En 2023, la dette publique française s'élève à 110 % du PIB, contrastant avec les efforts de réduction de dette de pays comme l'Allemagne et l'Espagne. La France est le troisième pays le plus endetté de la zone euro derrière la Grèce et l'Italie. Cette divergence risque d'alimenter la méfiance au sein de la zone euro et de compromettre certaines avancées de la construction européenne. Pour 2024, l'Insee anticipe toutefois une croissance de 1,1% du PIB, un peu plus que la prévision du gouvernement (1%).
La Cour des comptes insiste sur l'importance de réduire le déficit public pour replacer la dette sur une trajectoire descendante. Le rapport appelle à un effort résolu et partagé par le prochain gouvernement. Les magistrats financiers dénoncent les baisses d'impôts et de cotisations sociales sans compensation par des économies en dépenses. Pour éviter de nouveaux déboires, ils préconisent des mesures d'économie structurelle. Le gouvernement devra convaincre Bruxelles de sa détermination à redresser les comptes publics pour éviter une procédure de déficit excessif.
La France doit ramener son déficit public sous la limite européenne de 3 % du PIB d'ici à 2027. Sa dette, qui atteignait près de 3 160 milliards d'euros fin mars 2024, représente environ 111 % du PIB, bien au-dessus des 60 % préconisés par l'Europe.