Alors que les indices actions en Europe et aux Etats-Unis étaient entrés dans le long week-end Pascal sans stress particulier, ils en ressortent un peu plus nerveux.
FED : Rebond de la volatilité après un discours de Powell
En cause ? Un discours du président de la Fed lors d’un évènement organisé par la Fed de San Francisco alors que les marchés étaient fermés vendredi, et une composante de prix de l’ISM manufacturier américain qui a très nettement rebondi.
La conséquence de ces deux facteurs combinés ? Un rebond d’environ 14 points de base sur le taux 10 ans américain lundi, entraînant un rebond de 8% de la volatilité sur les grands indices américains dont le SP500.
On savait que la journée de vendredi serait importante même si les marchés actions étaient fermés ce jour-là. La publication des chiffres d’inflation PCE (la mesure d’inflation la plus surveillée par la Fed) et le discours de Jerome Powell quelques heures plus tard étaient de nature à faire réagir les marchés à la réouverture.
L’inflation PCE sous-jacente (PCE « core ») en donnée annuelle est ressortie à 2.8%, en ligne avec le consensus et légèrement inférieure au mois précédent…mais seulement grâce à la révision haussière du mois précédent (2.9% vs 2.8%). Sur les 3 dernières publications, l’inflation PCE sous-jacente n’a fait que peu de progrès, se contentant d’évoluer entre 2.8% et 2.9% sur un trimestre complet.
Et c’est là qu’on retrouve Jerome Powell : lors de son intervention vendredi, il a déclaré que « pour avoir confiance » sur le retour de l’inflation à 2%, ce qui déclencherait les premières baisses de taux, il voulait voir plus de progrès comme ceux réalisés l’année dernière, une manière de dire que les chiffres des derniers mois sont un peu moins satisfaisants.
Il a rappelé que l’économie était solide et que la Fed n’avait pas besoin de se presser pour baisser les taux, ajoutant qu’il pouvait attendre d’avoir un degré de confiance supplémentaire avant de baisser les taux. « Nous pouvons être prudents et nous serons prudents sur cette décision » de baisser les taux a-t-il ajouté.
Le président de la Fed vendredi est ainsi apparu nettement plus « centriste », c’est-à-dire un peu moins accommodant que lors de son intervention en conférence de presse lors de la dernière réunion de la Fed il y a quelques jours. Il a fréquemment rappelé la « data dépendance » de la Fed lors de son intervention vendredi, une façon de rappeler que pour déclencher les baisses de taux, il fallait que les chiffres d’inflation poursuivent leur amélioration, alors que les chiffres sur l’emploi sont toujours solides.
Là-dessus est venue se greffer la composante de prix de l’ISM manufacturier, elle a bondi à 55.8 en mars, son plus haut niveau depuis…août 2022. Le tout dans un contexte de rebond du prix des matières premières.
Ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour le secteur manufacturier américain (retour au-dessus de 50.0 pour l’ISM manufacturier, c’est-à-dire en phase d’expansion) mais cela peut faire « craindre » un rebond plus marqué des prix à la production, qui peuvent avoir par un impact sur l’inflation PCE…la mesure d’inflation préférée de la Fed. Ce n’est pas forcément un problème…mais à conditions que l’inflation dans les services poursuivent son amélioration, or l’on voit ces derniers mois que cette inflation dans les services est la plus collante.
C’est pour cette raison que le taux 10 ans américain a rebondi de manière vigoureuse en ce début de semaine, entraînant également une hausse de la volatilité sur les marchés actions.