La mobilité en Europe est à un carrefour décisif. Avec une interdiction de la vente de véhicules neuf thermiques prévue au 1er janvier 2035, et des élections imminentes avec des partis politiques nettement divisés sur le sujet, l’avenir de la mobilité reste incertain, dans un contexte délicat sur les sujets économiques et écologiques.
Européennes : la mobilité sacrifiée sur l’autel des idéologies politiques ?
Opinion / Billet d’humeur
Peu débattue lors des Présidentielles Françaises de 2022, la mobilité met en exergue les grandes crispations qui tiraillent l’Union Européenne et les différentes sensibilités politiques.
De vives oppositions pouvant remettre en cause cette échéance ?
Est-ce que le continent européen est vraiment prêt pour stopper la vente de véhicules thermiques neufs dans 10 ans ? Les résultats des élections à venir seront décisifs. En effet, malgré cette décision qui force les industries à se mettre au diapason pour arriver à proposer des perspectives aux futurs acheteurs, cette décision pourrait devenir compliquée à mettre en place. Le principal parti européen (PPE) s’oppose à l’interdiction de ventes de véhicules thermiques en 2035, d’autres partis sont plus nuancés, lorsque certains veulent faire appliquer au pied de la lettre cette décision.
Au même titre que d’autres réformes visant à réduire drastiquement les gaz à effet de serre, comme les ZFE, les avancées écologiques sont accueillies de façon mitigée. Si cela a été plutôt probant dans bien des villes suédoises et au Royaume-Uni, son application en France est plus périlleuse. Plusieurs municipalités ont décidé de repousser son application, bien trop compliquée à mettre en place, et le temps que les infrastructures souhaitées soient disponibles. Parallèle intéressant lorsque l’on sait que les ZFE avaient bel et bien été votées et que des villes ont pu repousser leur application. Bien sûr, à termes, elles ne pourront pas y échapper.
Il en est de même pour l’interdiction de la vente des véhicules thermiques d’ici à 2035. Comme cela a été acté eu niveau de l’Union européenne, il faut désormais trouver des compromis, comme cela a été le cas en Allemagne. En effet, les constructeurs automobiles pourront bien vendre des véhicules thermiques s’ils fonctionnent avec des carburants synthétiques.
L’Europe à l’ère du compromis ?
Les divisions sur la mobilité se concentrent principalement sur la question écologique et donc, il faut le dire, sur le volet idéologique. En ligne de mire des contestataires, le pouvoir d’achat et les infrastructures encore trop peu développées pour que tout puisse fonctionner correctement. Surtout, l’Europe a-t-elle les capacités de fournir l’ensemble ou une bonne partie du parc automobile, des stations de recharge et de l’énergie nécessaire pour alimenter tous ces véhicules ?
Il y a aujourd’hui plus de 250 millions de voitures au sein de l’Union Européenne. Bien que les ventes des véhicules électriques soient en hausse, elles représentent aujourd’hui moins de 1 % du parc automobile. Par ailleurs, c’est bien les prix qui bloquent bien souvent les acheteurs. Malgré les bonus écologiques et primes à la conversion, l’acquisition et l’entretien d’un véhicule électrique restent onéreux. Cela représente un vrai coût pour bon nombre de foyers. Avec une inflation sur le continent qui s’est calmée, elle reste préoccupante pour l’économie et impacte donc le portefeuille des consommateurs. Pour y arriver, ce sont des pans entiers de l’industrie qui doivent être accordés pour dégager un avantage financier à l’achat et l’entretien d’une voiture électrique.
En opposition, l’urgence écologique se rappelle à notre porte et le besoin de changer drastiquement de façon de consommer et de vivre oriente le débat sur un autre sujet, tout aussi houleux et lié aux mobilités, celui de l’énergie. Comment effectuer une transition et arriver à une souveraineté européenne de l’énergie sans que cela ne se répercute sur les prix pour les citoyens ?
Tant de sujets qui sont cruciaux pour ces élections européennes et qui définiront les grands débats des années à venir. Les ajustements risquent d’être nombreux au vu des incertitudes et convictions divergentes, et qui concernent pourtant plus de 448 millions de citoyens européens.