Les Français sont inquiets : la hausse des prix à la consommation, la hausse des prix de l’énergie et l’incertitude sur la croissance et l’économie pour 2023 les poussent à continuer de se créer une épargne de précaution. Preuve en est : la collecte des deux livrets réglementés en septembre 2022, qui a été un record. Généralement, septembre est le mois des dépenses… mais en 2022 la situation ne s’y prête pas.
L’épargne de précaution des Français continue d’augmenter
Pour l’épargne de précaution, aucun autre produit bancaire n’est autant apprécié que les deux livrets réglementés, et pour cause : l’argent qui y est placé est immédiatement mobilisable. Un simple virement bancaire réalisable via la banque à distance, par exemple, permet de déplacer l’argent des livrets vers le compte courant, et vice-versa. Le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) sont donc les produits parfaits pour gérer les dépenses inattendues, les factures plus élevées que prévu ou encore les impôts.
Le fait qu’ils soient défiscalisés aussi, attire : les intérêts ne sont pas taxés. Ce qui, pour les ménages, peut donner l’impression de « gagner de l’argent » alors qu’en réalité, malgré un taux d’intérêt qui a grimpé à 2% par an en août 2022, l’inflation est plus élevée et donc les sommes déposées sur les deux livrets perdent en valeur au fil du temps.
Une collecte record de plus de 3 milliards d’euros
Malgré un taux inférieur à celui de l’inflation, les Français restent friands de ce produit : en septembre 2022, selon la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) 3,14 milliards d’euros ont été déposés sur les deux livrets. C’est tout simplement la collecte la plus élevée pour un mois de septembre depuis 2009.
Cette collecte record est liée à l’augmentation du taux en août 2022, les Français ayant tendance à sur-épargner lorsque les taux des deux livrets augmentent. Néanmoins, septembre étant un mois de dépenses, avec la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été, cette hausse de la collecte laisse entendre que la tendance est bien à l’épargne. Or, qui dit épargne, dit baisse de la consommation, notamment sur des produits et services non-nécessaires.
Pour le gouvernement, ce pourrait être un problème : la baisse des dépenses, si elle est trop importante et trop prolongée dans le temps, pourrait freiner la croissance… déjà en berne. En 2023, les grandes institutions s’attendent à un important ralentissement de celle-ci, en France comme ailleurs. L’Hexagone devrait éviter la récession technique, mais l’économie pourrait subir un coup dur supplémentaire si la consommation des ménages se réduit trop fortement.
Le seuil des 500 milliards d’euros d’épargne réglementée
Il reste également à savoir combien va coûter à l’État et aux banques cette sur-collecte et cette sur-épargne, car malgré un taux de rémunération inférieur à l’inflation, les Livrets A et LDDS rapportent des intérêts. Leur encours total, à fin septembre 2022, a même franchi le seuil historique de 500 milliards d’euros.
L’encours a augmenté de près de 45 milliards d’euros depuis janvier 2021 et a même plus quasiment doublé depuis 2009, lorsqu’il n’était que de 254,6 milliards. Désormais de 500 milliards, bien que le mois d’octobre 2022 pourrait être un mois de décollecte du fait des échéances fiscales, il devrait rapporter gros aux ménages : plusieurs milliards d’euros. Entre 5 et 10 milliards d’euros environ, soit potentiellement la capitalisation la plus élevée depuis 2012-2013...