Le gestionnaire de Transport d’Électricité (RTE) lance un cri d’alarme : il faudrait injecter pas moins de 100 milliards d’euros d’ici à 2040 pour que le réseau électrique français reste opérationnel.
Réseau électrique : il faudrait 100 milliards d’euros pour qu’il reste opérationnel
RTE alerte sur l'urgence de moderniser le réseau électrique français
Le Réseau de Transport d'Électricité (RTE), pilier de la gestion du réseau électrique à très haute tension, a tiré la sonnette d'alarme : pour s'adapter aux enjeux de la transition énergétique et pallier l'usure des infrastructures du réseau électrique français, il faudrait investir plus de 100 milliards d'euros dans sa modernisation d'ici 2040, alors que cette somme était initialement prévue à 33 milliards en 2019 (pour 2035). Comme le souligne le rapport de RTE, « l’âge moyen des liaisons aériennes est de 55 ans, et 20 % d’entre elles ont plus de 70 ans ». Il est donc plus qu'urgent de remplacer des équipements et de moderniser les infrastructures électriques françaises qui, outre leur vétusté, doivent également faire face aux défis du réchauffement climatique, notamment en raison de l'augmentation des températures et de l'accroissement de la fréquence des intempéries.
Comme le souligne RTE, l'autre grand chantier est celui de la transition énergétique. Pour atteindre les objectifs de politique énergétique de la France, notamment la réduction de la dépendance aux énergies fossiles et le doublement de la part de l’électricité dans la consommation d’énergie à 50% d'ici 2050, le réseau doit évoluer. L'intégration des énergies renouvelables, telles que l'éolien et le solaire, exige non seulement des investissements dans de nouvelles lignes de transmission mais aussi la modernisation des infrastructures existantes pour accueillir cette production décentralisée.
Vers une flambée des factures d'électricité pour les Français ?
Au-delà de la modernisation, le réseau doit s'adapter à l'évolution de la demande énergétique. L'essor de l'électrification, avec le développement des véhicules électriques et le passage au chauffage électrique, requiert une augmentation significative de la capacité du réseau. Selon RTE, la consommation d'électricité en France devrait passer de 430 térawattheures en 2021 à plus de 530 térawattheures en 2050. Autrement dit, cela équivaut à la production de 15 réacteurs nucléaires. Or, 56 réacteurs ne seront plus opérationnels d'ici à cette date et EDF a déjà annoncé un dépassement budgétaire de 16 milliards d'euros pour la construction de ses six nouveaux réacteurs EPR.
Un aspect moins discuté, mais tout aussi crucial de cette modernisation, est la question de l'approvisionnement en matériaux essentiels tels que les câbles et les disjoncteurs. Comme le souligne RTE, « la croissance exponentielle de la demande européenne et mondiale associée à un faible nombre de fournisseurs sur chaque maillon de la chaîne de valeur met en tension l’approvisionnement pour ces matériels ». Selon le gestionnaire du réseau électrique, la demande en câbles aériens nécessaire à la modernisation du réseau devrait être multipliée par 4 d'ici à 2028, passant ainsi de 1 500 à 6 000 km par an. La demande en câbles souterrains, pour leur part, devrait passer de 700 à 2 200 km, celle des disjoncteurs, de 200 à 450 par an, toujours d'ici à 2028.
Face à ces enjeux, RTE se veut néanmoins rassurant. Comparé à la facture énergétique de la France, qui a atteint 116 milliards d'euros en 2022, le gestionnaire français estime que l'effort financier reste « atteignable ». Toutefois, et sans donner de détails, le gestionnaire du réseau a annoncé qu'il prévoit de financer la modernisation du réseau électrique français via le Tarif d'Utilisation des Réseaux Publics d'Électricité (TURPE), taxe qui est payée par les consommateurs français. Selon RTE, il serait nécessaire que les recettes du TURPE soient triplées d'ici à 2028 afin d'atteindre les 6 milliards d'euros annuels.