Emploi : pas d’amélioration au deuxième trimestre 2024

L’emploi salarié en France au deuxième trimestre 2024 montre des signes de stabilité, mais cette apparence cache des dynamiques sectorielles complexes. En effet, bien que l’ensemble du marché du travail semble peu fluctuer, chaque secteur présente des variations significatives qui méritent une attention particulière.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 6 août 2024 à 13h00
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0,4%Le BTP a détruit 0,4% de ses emplois au deuxième trimestre 2024.

Emploi : une stabilité globale mais des disparités sectorielles

Entre fin mars et fin juin 2024, l'emploi salarié du secteur privé est resté stable, avec une légère diminution de 7 900 postes. Cette stabilité relative fait suite à une augmentation de 61 100 emplois (+0,3%) au premier trimestre de l'année. Le nombre total d'emplois salariés dans le secteur privé s'établit à 21,15 millions, soit une augmentation de 0,4% sur un an et de 6,1% par rapport à fin 2019, avant la crise sanitaire.

Analyse comparative par secteur
Secteur Évolution T1 2024 Évolution T2 2024 Évolution annuelle Évolution depuis 2019 Nombre total d'emplois
Agriculture -0,3% (-900) -0,7% (-2 100) -1,1% +3,7% 311 700
Industrie +0,2% (+6 700) +0,2% (+6 400) +1,0% +3,1% 3 226 000
Construction -0,6% (-9 000) -0,4% (-6 300) -1,5% +6,0% 1 567 400
Tertiaire marchand (hors intérim) +0,4% (+50 700) +0,1% (+6 300) +0,2% +7,8% 12 531 300
Intérim -0,1% (-700) -2,7% (-20 500) -6,2% -5,2% 735 100
Tertiaire non marchand +0,5% (+14 100) +0,3% (+8 300) +1,6% +6,1% 2 783 200

Focus sur les secteurs en difficulté

Construction : Le secteur de la construction continue de perdre des emplois pour le sixième trimestre consécutif. Avec une baisse de 0,4% au deuxième trimestre, ce sont 6 300 emplois de moins, s'ajoutant aux 9 000 perdus au premier trimestre. Cette diminution est particulièrement inquiétante car ce secteur est souvent considéré comme un indicateur clé de la santé économique générale. Sur un an, la construction a perdu 24 100 emplois, malgré une augmentation globale de 6,0% par rapport à 2019, grâce aux années précédentes plus dynamiques.

Intérim : Le secteur de l'intérim a subi une réduction drastique de 2,7% au deuxième trimestre, soit une perte de 20 500 emplois. Cette baisse fait suite à une quasi-stabilité au trimestre précédent (-0,1%). Sur un an, l'intérim a perdu 48 700 emplois, se situant ainsi 5,2% en dessous de son niveau d'avant-crise. Cette tendance pourrait refléter une hésitation des entreprises à s'engager sur des contrats longs dans un contexte économique incertain.

Secteurs en croissance modérée

Industrie : L'industrie française continue de croître modestement, avec une augmentation de 0,2% au deuxième trimestre, ajoutant 6 400 emplois après une hausse similaire au trimestre précédent. Depuis la crise sanitaire, ce secteur a enregistré une création nette de 95 900 emplois, marquant une hausse de 3,1% par rapport à fin 2019. Cette croissance, bien que lente, peut être interprétée comme un signe de réindustrialisation après des décennies de déclin.

Tertiaire marchand (hors intérim) : Le secteur tertiaire marchand, traditionnellement moteur de l'emploi, a connu un ralentissement notable de sa croissance. Hors intérim, l'emploi n'a augmenté que de 0,1% (6 300 emplois) au deuxième trimestre, après une hausse de 0,4% au trimestre précédent. Ce ralentissement peut s'expliquer par une saturation des besoins en personnel après les embauches massives du début de l'année, en partie dues à la préparation des Jeux Olympiques de Paris 2024.

Performances du tertiaire non marchand

Le secteur tertiaire non marchand a, quant à lui, enregistré une légère progression avec une augmentation de 0,3%, ajoutant 8 300 emplois. Sur un an, ce secteur a créé 43 900 emplois, dépassant de 1,6% son niveau de 2023 et de 6,1% celui de fin 2019. Cette croissance soutenue reflète une demande continue pour les services publics et parapublics.

Près de 200.000 emplois de plus en 2024 en France ?

Les prévisions de l'Insee pour les trois derniers trimestres de 2024 tablent sur une progression modérée de l'emploi total de 0,1% par trimestre, soit une augmentation nette de 185 000 postes d'ici la fin de l'année. Cependant, ces prévisions sont susceptibles de changer en fonction de plusieurs facteurs : la conjoncture économique générale, les politiques de soutien à l'emploi, et les dynamiques sectorielles spécifiques.

Les effets de la préparation aux Jeux Olympiques ont stimulé certains secteurs comme l'hôtellerie-restauration et les services aux entreprises, mais cet effet semble maintenant s'atténuer. Les entreprises pourraient ajuster leurs stratégies de recrutement en fonction de l'évolution de la demande et des incertitudes économiques persistantes.

Tableau récapitulatif des évolutions par secteur (en %)

Secteur Évolution trimestrielle T1 2024 Évolution trimestrielle T2 2024 Évolution annuelle Évolution depuis 2019
Agriculture -0,3% -0,7% -1,1% +3,7%
Industrie +0,2% +0,2% +1,0% +3,1%
Construction -0,6% -0,4% -1,5% +6,0%
Tertiaire marchand (hors intérim) +0,4% +0,1% +0,2% +7,8%
Intérim -0,1% -2,7% -6,2% -5,2%
Tertiaire non marchand +0,5% +0,3% +1,6% +6,1%
Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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