Dans le cadre du plan d’économies budgétaires, un projet de décret vise à supprimer l’aide de 6 000 € pour les contrats de professionnalisation dès le 1er mai 2024. Pour illustrer l’impact que laisse planer cette mesure à court terme, voici quelques chiffres : les Geiq (Groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification) signent chaque année environ 10 000 contrats de travail dont plus de 80 % sont des contrats de professionnalisation. Parmi eux, environ 30 % seraient concernés. Un dispositif pourtant “particulièrement adapté pour les personnes qui rencontrent des difficultés d’accès ou de retour à l’emploi et pour les métiers pour lesquels il n’existe pas de diplôme”, explique, dans cette tribune, Pierre Lobry, président de la Fédération Française des Geiq.
Emploi : fin de l’aide à l’embauche, quel impact pour les contrats de professionnalisation ?
Si le contrat d’apprentissage est connu de tous, il existe un autre contrat de travail en alternance : le contrat de professionnalisation. Ouvert à tous les âges et préparant à tout type de qualification, il est plus souple que le contrat d’apprentissage et permet une adaptation du parcours de formation au plus près des besoins des publics et des entreprises. Il est particulièrement adapté pour les personnes qui rencontrent des difficultés d’accès ou de retour à l’emploi et pour les métiers pour lesquels il n’existe pas de diplôme.
“En augmentant significativement le coût du contrat de professionnalisation, la suppression de l’aide à l’embauche aura un impact direct sur le recrutement des jeunes les plus en difficulté.”, Pierre Lobry, président de la Fédération Française des Geiq
Un projet de décret vise à supprimer dès le 1ᵉʳ mai 2024 l’aide à l’embauche dont bénéficient les employeurs qui recrutent des jeunes de moins de 30 ans en contrat de professionnalisation. Parallèlement, l’aide au contrat d’apprentissage reste inchangée quel que soit le niveau du diplôme préparé et la situation de la personne recrutée.
Si chacun peut comprendre et partager l’objectif de réduction des dépenses publiques, nous regrettons vivement les arbitrages qui sont opérés. En effet, en augmentant significativement le coût du contrat de professionnalisation, cette mesure aura un impact direct sur le recrutement des jeunes les plus en difficulté.
De plus, le délai extrêmement court de mise en œuvre va modifier les conditions financières de recrutements prévus dans les prochaines semaines et conduire à l’annulation de certains d’entre eux, mettant les candidats et les employeurs en difficulté.
Pour remplir leur mission d’insertion par la qualification, les Geiq s’appuient essentiellement sur le contrat de professionnalisation. Les contrats éligibles à l’aide actuelle représentent près d’un tiers de leur activité. Ils sont donc touchés au premier chef par une décision qui limitera leur capacité d’action et modifiera à court terme leur équilibre économique. Nous avons demandé en urgence un rendez-vous à Mme la Ministre pour trouver des solutions alternatives à la mesure envisagée.
Les Geiq, un tremplin efficace vers l’emploi
Il faut l’avoir vécu pour le comprendre : la recherche d’emploi pour une personne sans qualification et avec peu d’expérience relève du parcours du combattant, comme en témoignent les histoires de parcours réussis que la Fédération Française des Geiq relate dans La plus belle façon d’embaucher, son magazine consultable en ligne. Pour la fédération, l’enjeu est important : que ce dispositif s’adresse à un plus large public parmi celles et ceux qui se retrouvent éloignés du marché du travail. Les Geiq permettent, aux personnes qui en bénéficient, d’être rémunérées, formées, aidées, avec un emploi durable à la clé.
Les Geiq accompagnent les entreprises dans leurs recrutements via l’alternance. En proposant des profils différents, accompagnés tout au long du parcours de formation et d’insertion, ils permettent de répondre à leurs besoins en main-d’œuvre dans de nombreux secteurs en tension. À l’issue, les entreprises adhérentes des Geiq ont la possibilité de recruter directement en CDI le salarié. Et ça marche ! En 2022, les Geiq ont accompagné 15 647 personnes avec un taux de réussite à l’examen exemplaire : 91 %. Parmi les sortants du dispositif, 71 % ont été embauchés.