L’économie ralentit, les marchés espèrent…mais les banques centrales restent de marbre

En Europe, le ralentissement économique est déjà depuis quelques temps. Mais du côté des Etats-Unis, les signes de ralentissement commencent seulement à apparaître depuis quelques semaines.

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Par Alexandre Baradez Publié le 20 novembre 2023 à 4h00
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L’économie ralentit, les marchés espèrent…mais les banques centrales restent de marbre - © Economie Matin
5%La Chine espère atteindre une croissance de 5% en 2023.

Cela a commencé à se voir il y a deux semaines avec un rapport sur l’emploi plus faible qu’attendu (moins de créations d’emplois et petite hausse du taux de chômage) et une baisse de deux points de l’ISM Services, indice qui permet de mesurer l’activité dans le secteur des services, qui représentent la plus grande part de l’économie américaine.

Les signes de ralentissement économique ont continué de se manifester cette semaine avec une poursuite de la hausse des demandes continues d’allocation chômage, qui reviennent à leur plus haut niveau depuis novembre 2021. Sans oublier la production industrielle qui vient de connaître sa plus forte baisse mensuelle depuis décembre 2022.

On le voit clairement : depuis deux semaines l’expression « bad news is good news » pour les marchés s’applique pleinement. Les taux se détendent un peu et les marchés anticipent désormais les premières baisses de taux de la Fed à partir de mai-juin.

Le « problème » à ce stade est que les banquiers centraux n’abondent pas dans le sens des marchés. Ce n’est pas forcément une source de tension immédiate, mais si les membres de la Fed ou de la BCE n’incluent pas dans leurs prochaines interventions des éléments de langage allant dans le sens de l’anticipation des marchés, le doute pourrait s’installer dans la tête des investisseurs.

En résumé : les marchés doutent que la position « higher for longer » des banques centrales concernant les taux puisse tenir longtemps, si les signes de ralentissement économique se multiplient. Mais dans les dernières interventions des présidents de la Fed et de la BCE, il semblait ne pas y avoir de place au doute.

Jerome Powell a déclaré la semaine dernière que les membres de la Fed n’étaient pas encore « confiants sur le fait que les taux soient suffisamment hauts pour gagner la bataille contre l’inflation », ajoutant que la « bataille pour restaurer la stabilité des prix avait encore un long chemin à parcourir ».  Un ton faucon qui avait surpris les marchés et qui montre que la Fed craint probablement qu’une détente trop rapide des taux obligataires ne freine le retour de l’inflation vers l’objectif.

Même sentiment avec l’intervention de Christine Lagarde la semaine dernière. Elle a déclaré que le niveau des taux d’intérêt, « s’il est maintenu suffisamment longtemps, contribuera au retour de l’inflation vers l’objectif », insistant sur le fait que le terme « suffisamment longtemps » n’est pas « négligeable ».

Des messages encore assez faucon car l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) est toujours deux fois supérieure à l’objectif, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis

La poursuite du rallye sur les marchés devra probablement passer par des messages ostensiblement plus souples de la part des banques centrales. Plus ces messages tardent à arriver face au ralentissement économique observé, plus le doute va s’installer sur les marchés actions avec des prises de gain en conséquence.

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Diplômé de l’ESCE (Ecole Supérieure de Commerce Extérieur), Alexandre Baradez débute sa carrière chez EBG FINANCES en 2003 en tant que consultant spécialisé en défiscalisation immobilière. Il intègre le département Gestion Privée de BNP PARIBAS en 2005 où il assure la gestion et le suivi d’un portefeuille de 400 clients. En 2008, il rejoint Banque Robeco Gestion Privée où il a en charge la gestion d’un portefeuille de 650 clients. Il délivre un conseil sur OPCVM, la constitution et la gestion d’un patrimoine en exploitant l’actualité macro et micro-économique. En octobre 2009, il rejoint Saxo Bank en tant que Sales Trader et devient en 2011 Analyste Marchés de la banque dont il est l’interlocuteur privilégié auprès des medias français. Aujourd'hui, Alexandre Baradez est Responsable Analyses Marchés chez IG France.

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