Santé : le gouvernement préfère l’alcool au Dry January

Le « Dry January », ou « Janvier sans alcool », est une initiative née au Royaume-Uni en 2013, promue par l’organisation Alcohol Change UK. Ce défi consiste à ne pas consommer d’alcool pendant tout le mois de janvier. En France, cette pratique gagne en popularité, soutenue par des associations de santé publique et des addictologues. Le but est double : sensibiliser la population aux dangers de l’alcool et encourager une réflexion sur les habitudes de consommation.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 15 décembre 2023 à 6h04
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23,7%23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans dépassaient les repères de consommation d'alcool

Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) et président de la Fédération française d’addictologie, met en avant les bénéfices multiples de cette initiative : économies financières, amélioration de la santé physique et mentale, et, surtout, prise de conscience sur la dépendance à l'alcool.

L’alcool reste une drogue dure autorisée en France

L'alcool, considéré comme une drogue légale, est responsable de nombreux problèmes de santé et sociaux. En France, la consommation d'alcool est la deuxième cause de mortalité évitable, avec environ 41 000 décès par an, selon Santé publique France.

Les risques liés à l'alcoolisme incluent des maladies telles que la cirrhose du foie, des cancers (notamment de la gorge, du foie, du sein), des troubles cardiovasculaires, ainsi que des accidents de la route. Sans compter les dangers sociaux et sociétaux : l'alcool est également un facteur aggravant dans les cas de violences domestiques et les violences en général, ainsi qu’une source de dégradation de la santé mentale.

Les addictologues demandent au gouvernement de soutenir le Dry January

L’enjeu pour la santé publique est donc réel et majeur. Raison pour laquelle 48 addictologues français ont interpellé le gouvernement, le 12 décembre 2023 dans un courrier révélé par Le Parisien, pour une implication plus marquée dans la prévention de l'alcoolisme. «  Il apparaît que la confiance envers le gouvernement pour mener une politique cohérente et résolue est sérieusement altérée », écrivent-ils.

« L’alcool provoque 41 000 morts par an, or, en France, la prévention est quasi nulle. Quelque chose ne va pas », se désole le professeur Olivier Cottencin, président du collège universitaire national des enseignants d’addictologie, cité par Le Parisien. Ils préconisent une campagne nationale de sensibilisation, soulignant l'importance de la liberté de choix tout en informant la population des dangers liés à l'alcool.

« Les preuves scientifiques on les a ! Réduire sa consommation permet de mieux dormir, de diminuer sa tension artérielle et le taux de sucre dans le sang. On ne comprend pas que le ministère ne soutienne pas une campagne en faveur de la santé », explique de son côté le président de la Fédération française d’addictologie.

Dry January : le gouvernement préfère l'alcool... et censure la prévention

Le gouvernement n’aime pas vraiment le Dry January, expliquent les addictologues au Parisien. La raison ? Ce même mois sans alcool ne plaît pas aux lobbys du vin. Et en 2019, Emmanuel Macron leur a affiché leur soutien en annulant à la dernière minute la campagne de prévention sur le point d’être lancée. Depuis, entre le gouvernement et les médecins addictologues, la guerre est ouverte. Et elle continue : à l’occasion de la Coupe du Monde de Rugby, en 2023, une campagne de prévention sur la consommation d’alcool a tout simplement été censurée… sous la pression du lobby du vin, dévoilait FranceInfo. Une situation également critiquée par Bernard Basset, Président d’Addictions France, dans une tribune publiée sur EconomieMatin en septembre 2023.

2024 ne sera par ailleurs pas l’année où l’exécutif prendra conscience de l’importance du Dry January. Interrogé sur la question le 14 décembre 2023, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a exprimé des réserves quant à l'engagement officiel du gouvernement dans cette campagne. «  À titre personnel, je suis toujours très méfiant ou prudent quand on dit : “Le gouvernement lance une campagne pour savoir comment vivre pendant un mois” », déclare-t-il sur BFMTV.

Il met en avant la nécessité de ne pas imposer un mode de vie mais plutôt d'encourager l'autonomie et la responsabilité individuelle. Toutefois, il affirme son engagement personnel en faveur de la sobriété durant cette période et souligne l'engagement continu du ministère dans la lutte contre les méfaits de l'alcool. Une lutte… ciblée : «  J’assume de dire que j’ai deux priorités : la jeunesse, c’était la campagne lancée en septembre, et l’alcoolisation fœtale – le premier verre pour une femme enceinte, ce sont des risques graves pour le bébé », a affirmé Aurélien Rousseau.

Pour les adultes et leur consommation excessive d’alcool, on repassera...

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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