Donations : vers une réforme majeure de la transmission de patrimoine ?

L’heure est-elle venue de repenser la manière dont nous transmettons notre patrimoine en France ? Les notaires, ces experts du droit et de la fiscalité, ont dévoilé des propositions audacieuses pour dynamiser le système de donations. Des idées qui, si elles sont retenues par le gouvernement, pourraient radicalement changer la donne.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 27 juillet 2023 à 10h42
Donations Patrimoine Proposition Reforme Notaires France Fiscalite
Donations : vers une réforme majeure de la transmission de patrimoine ? - © Economie Matin
100000 EUROSLes enfants bénéficient d'un abattement de 100.000 euros pour le calcul des droits de succession.

Donations : une réforme très attendue sur la transmission du patrimoine

Le patrimoine des Français est au cœur d'une fiscalité parfois jugée lourde. Les notaires, après une étude approfondie, ont soumis leurs propositions de réforme au gouvernement. Ces suggestions, dévoilées le 27 juillet 2023 par Le Figaro, tombent à pic alors que la loi de finances pour 2024 est en préparation.

Le Conseil supérieur du notariat (CSN) insiste sur le fait que cette initiative n'est pas une réponse à une promesse électorale, mais plutôt une réponse aux besoins changeants de la société. En effet, 60% de l'épargne financière est détenue par les plus de 60 ans, qui réalisent également 60% des investissements immobiliers. Le système actuel ne favorise pas la transmission anticipée du patrimoine, ce qui pourrait pourtant bénéficier aux jeunes générations.

« En France, les donations et les successions sont imposées de manière identique. Cela n'incite pas les Français à anticiper et cela freine la circulation des patrimoines, alors qu'ils pourraient servir à améliorer le pouvoir d'achat des jeunes générations, à innover, à investir », souligne Laurence Leguil, vice-présidente du CSN, dans les colonnes du journal.

Réforme des donations : les propositions phare

Parmi les neuf propositions, certaines se démarquent par leur audace et leur pertinence.

L'idée d'un abattement fiscal indépendant du lien de parenté entre donateur et donataire pourrait élargir considérablement le cercle des bénéficiaires. De plus, la restauration de la réduction d'impôt liée à l'âge du donateur encouragerait les seniors à transmettre leur patrimoine de leur vivant.

D'autres propositions visent à moderniser le système en tenant compte des réalités actuelles. Par exemple, la prise en compte des familles recomposées, la suppression de certaines conditions liées à l'âge, ou encore la création d'un nouvel abattement pour les transmissions aux enfants du conjoint. Ces mesures reflètent une volonté d'adapter la fiscalité à la diversité des situations familiales.

Vers une société plus solidaire ?

Les notaires, dans le document consulté par Le Figaro, ne se contentent pas de proposer des allègements fiscaux. Ils envisagent également des mesures incitatives pour répondre à des enjeux sociétaux majeurs. L'exonération des droits de mutation pour les donations visant à rénover des "passoires thermiques" ou l'incitation à investir dans des sociétés écologiques sont des exemples concrets de cette vision.

La dépendance, un sujet brûlant, est également abordée. Les notaires suggèrent la création d'un compte familial dédié au soutien des membres en situation de handicap ou de dépendance. Ce compte, supervisé par un notaire, pourrait couvrir divers frais, allégeant ainsi la charge de la société.

Les 9 propositions des notaires pour réformer les donations

Propositions Détails
Abattement indifférent du lien de parenté Création d'un abattement fiscal général pour toute donation, même sans lien de parenté entre donateur et donataire.
Restaurer la réduction d'impôt liée à l'âge Réintroduction d'une réduction d'impôts pour les transmissions de tous types de biens, basée sur l'âge du donateur.
Augmenter l'abattement pour petits-enfants Encouragement de la transmission intergénérationnelle en augmentant l'abattement fiscal pour les donations aux petits-enfants.
Supprimer la condition liée à l'âge Modification de l'article 798 pour éliminer les restrictions d'âge pour certaines donations en pleine propriété.
Abattement pour enfants du conjoint Reconnaissance fiscale des familles recomposées avec un nouvel abattement pour les transmissions aux enfants du conjoint.
Diminuer le droit de partage Rendre les donations-partages plus attractives en réduisant la fiscalité associée.
Exonération pour rénovation Encouragement à la rénovation de "passoires thermiques" en offrant une exonération fiscale pour les donations avec engagement de rénovation.
Incitation pour sociétés écologiques Permettre la transmission de sommes d'argent destinées à être investies dans des sociétés à vocation écologique.
Compte pour financer la dépendance Création d'un compte familial pour soutenir les membres en situation de handicap ou de dépendance.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

16 commentaires on «Donations : vers une réforme majeure de la transmission de patrimoine ?»

  • COUGOUREUX

    Suppression totale des frais de succession sur donation de la part de l’état car entre TVA FONCIER ET TAXE une maison est payée plusieurs fois en plus des droits déjà payés d’une première ou deuxième succession

    Répondre
  • Wou

    Les notaires devraient également baisser leurs émoluments.

    Répondre
  • Marre

    Franchement bien pour les donations sans lien de parenté oi entrer frere et soeur parceque jusqu’à présent c’est du viol, ahhhh cette France

    Répondre
  • Suzanne Gomez leveque

    Ce serait bien aussi de penser aux nièces ou neveux qui sont orphelins de mère et père et donc aidés par la tante et l’oncle (à la place des parents décédés).
    Ex : ma sœur est décédée jeune et son compagnon un peu plus tard…
    Je suis venue en aide à mes deux nièces (filles des défunts. Personnellement je n’ai pas eu d’enfants)…..
    Les 2 nièces en fait représentent ma sœur pour la succession mais sont écrasées par les droits de succession….
    Ce serait bien de revoir ce cas. Merci.

    Répondre
  • Jmz

    Il manque une proposition. La suppression de l’obligation de passer par un notaire. Car si l’impôt (certes trop élevé en France) contribue ou devrait contribuer à une meilleure répartition des richesses, comment justifier qu’une profession libérale (les notaires) se sucre sur le patrimoine et les économies des français ?

    Répondre
  • Charles Rubino

    Ramener le delai des donations manuelles aux rnfants de 15 à 10 ans et aigmenter le montant de 100000 à 150000 €. Comme c’etait avant.

    Répondre
  • CSD

    Oui c’est un minimum, Nicolas Sarkozy avait même fait un abattement de 170000euros tous les 6 ans.Ce qui a dit rentrer 27 milliards dans les caisses de l’état, je be sort pas de l’Ena mais je sais compter….

    Répondre
  • Depoutot Michèle

    Il faudrait aussi que les parents puissent choisir leurs héritiers car l ingratitude de certain enfant ne mérite pas l héritage

    Répondre
  • Nicolai

    Je pense que déjà les notaires ont une belle rente de situation …..

    Répondre
  • Olivier C.

    1/Effectivement commencer par un allègement important des droits sur donation du vivant, pour les enfants et petits enfants pour favoriser la transmission rapide.
    2/Ne pas permettre à une belle mère de dernière minute de revenir sur des donations antérieures de 30ans !!!!
    Le système reste très archaïque et incohérent à l’image de cet exemple….

    Répondre
  • Arnott

    Être libre de donner à certains enfants qui s’occupe vraiment de leurs parents comme dans les pays anglophone

    Répondre
  • Barbara

    Pourquoi payer, payer et re-payer ? N’avons nous pas suffisament déjà payé ?
    Les Notaires et l’État se sucrent suffisament pour qu’ils reprennent encore le jour « j »!!!
    Innadmissible « impôt et succession de la honte »!

    Répondre
  • John Maurice

    Supprimer totalement les droits de donation. Cet argent à était taxé lors de la création de plus value, puis taxé avec l’IR pour qu’il arrive dans la poche d’un particulier. Celui-ci devrait pouvoir en disposer comme bon lui semble.

    Répondre
  • Devient

    Les donations devraient se faire auprès des services fiscaux (comme dans certains pays étrangers) et non chez un notaire. La démarche serait plus rapide et moins coûteuse. Arrêtons de payer, en France, des sommes folles aux notaires

    Répondre
  • Salvatore

    pourquoi ne pas revenir à une donnation de 150.000 euros tous les 10 ans comme cela se faisait au temps de M Nicolas Sarkosy au lieu de 100.000 euros tous les 15 ans comme actuellement décidé par M François Hollande. Ps : et pourquoi ne pas augmenter un peu plus le montant de la donation et baisser les années d’attente.

    Répondre
  • Salva

    C’est une honte ce que prend l’état comme taxes alors que d’honnêtes gens travaillent dur pour mettre un peu d’argent de coté en laissant un patrimoine à leurs enfants pour leur offrir une meilleure vie que la leur.

    Répondre
Laisser un commentaire

* Champs requis