Le Doliprane sera bien vendu aux Américains, mais…

Le 20 octobre 2024, c’est la fin d’un feuilleton et un nouveau chapitre dans l’histoire de l’industrie pharmaceutique française. L’État français, via Bpifrance, a officialisé son entrée au capital d’Opella, la filiale de Sanofi spécialisée dans les produits sans ordonnance, dont le très populaire Doliprane. Cet accord, qualifié de « tripartite », inclut également la participation du fonds américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R).

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 21 octobre 2024 à 9h53
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65%Une boîte de Doliprane est remboursée à 65%.

Doliprane : la vente se fera, mais l’État garde un peu de contrôle

Ce dimanche 20 octobre 2024, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a annoncé la conclusion de cet accord après des mois de négociations complexes entre les trois parties. Sanofi cède ainsi 50% des parts d’Opella, mais conserve la gestion opérationnelle de la filiale. L'objectif de cette cession est clair : renforcer l’assise financière de l’activité sans ordonnance et attirer de nouveaux capitaux pour soutenir son développement.

Pour la France, l’entrée au capital via Bpifrance représente une stratégie de souveraineté industrielle. L'État s'assure ainsi de maintenir la production et la gouvernance en France, tout en garantissant les emplois liés à la production des produits Opella, dont le Doliprane est le fer de lance.

Une vente sous réserve de nombreuses garanties

L’État et Sanofi ont mis un point d’honneur à sécuriser l’accord avec des garanties concrètes. Selon le ministre de l’Économie, les exigences du gouvernement concernant l’emploi, la production et l'investissement ont été respectées. L’ambition est de conserver les emplois sur le sol français, de soutenir les chaînes de production et d’assurer un approvisionnement régulier sur le marché national.

« Nous avons obtenu les garanties du maintien et du développement d’Opella en France », a déclaré Antoine Armand sur le réseau social X, soulignant l’importance de cet accord pour « les autres médicaments essentiels au pays ». « Nos exigences sur l’emploi, la production et l’investissement seront respectées. » Pas de quoi rassurer les syndicats qui, de leur côté, craignent toujours plusieurs centaines d’emplois supprimés après le rachat.

Du côté de Sanofi, l’accord avec le fonds américain CD&R renforce également les capacités financières et logistiques du groupe. Le fonds, déjà actif en France depuis une quinzaine d'années, entend pérenniser et développer les activités de la filiale.

Une participation de l’État pour contrôler Opella

La participation de l'État, via Bpifrance, ne se fera pas sans coût. Les investissements prévus s’élèveraient à plusieurs dizaines de millions d’euros, notamment pour soutenir les infrastructures et améliorer les capacités de production de paracétamol en Isère. Le fonds CD&R participera également à ces investissements, avec un apport en capital.

Bpifrance, déjà impliquée dans le secteur avec le soutien du chimiste Seqens, voit dans cette opération une continuité de son engagement pour la souveraineté industrielle. Nicolas Dufourcq, directeur général de la banque publique, a estimé qu’il s’agissait d’une opportunité stratégique pour les investissements à long terme en matière de santé. Le détail de l’accord tripartite devrait être dévoilé ce lundi 21 octobre 2024.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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