Dividende salarié : les entreprises ne veulent pas partager plus de valeur

La « théorie du ruissellement », évoquée par Emmanuel Macron, se heurte une nouvelle fois à celles qui devraient la réaliser, les entreprises. Ces dernières sont opposées au principe du dividende salarié obligatoire, mesure qui permettrait de mieux partager la valeur. Car, selon elles, elles partagent déjà suffisamment.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 15 décembre 2022 à 10h19
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Dividende salarié : les entreprises ne veulent pas partager plus de valeur - © Economie Matin
52%Le salaire des patrons du CAC40 a grimpé de 52% entre 2021 et 2019.

Les grandes entreprises « sceptiques » sur le dividende salarié

Le président de l’Afep, l’Association des entreprises privées, était invité de BFMTV mercredi 14 décembre 2022. Il y a été question du dividende salarié obligatoire que le gouvernement aimerait mettre en place. Objectif : permettre aux salariés de gagner un peu plus en touchant une partie de la valeur créée par l’entreprise. Car le gouvernement exclut de facto toute mesure plus radicale, comme par exemple une indexation des salaires sur l’inflation.

Sauf que pour les grandes entreprises, il n’en est pas question. « Il y a de la part de l'Afep un certain scepticisme sur la notion même de dividende salarié », estime Jean-Luc Matt, président de l’Afep. Et c’est logique. « Du point de vue des grandes entreprises », explique-t-il, la valeur n’est pas « insuffisamment ou mal répartie ». Selon lui, les entreprises en font donc assez… et ne veulent pas donner plus à leurs salariés.

Néanmoins, étant données les revendications pour des augmentations salariales depuis début 2022, les salariés n'ont clairement pas le même point de vue.

Les inégalités salariales effacées dans la comptabilité

Jean-Luc Matt avance plusieurs chiffres. 108 milliards d’euros auraient ainsi été versés aux salariés en France en 2021 par les entreprises de l’Afep. Soit 61% de la valeur, selon le président de l'Afep. Or, parmi les 114 grands groupes adhérents, on compte des grands noms : Société Générale, Carrefour ou encore Air France KLM.

Or, ces géants payent des millions aux dirigeants : Alexandre Bompard (Carrefour), en 2021, a touché 1,5 million d’euros de salaire fixe en 2021. Quant à Ben Smith, à la tête d’Air France KLM, son salaire 2021 affiche 744.000 euros.  Deux salaires de patrons qui ont créé des remous chez les actionnaires eux-mêmes.

Sans compter la rémunération de plus de 6 millions d’euros de Patrick Pouyanné (TotalEnergies) qu’il a tenté de justifier sur Twitter. Une tentative qui s’est soldée par un échec cuisant et qui a remis de l’huile sur le feu.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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