Dividendes records pour la famille Mulliez : la décision de Decathlon fait polémique

La décision de Decathlon de verser un milliard d’euros de dividendes à la famille Mulliez en 2024 suscite une forte indignation des syndicats, alors qu’un plan social menace 2 400 emplois chez Auchan, une autre enseigne du groupe Mulliez. Salariés et syndicats dénoncent un décalage entre ces dividendes, destinés aux actionnaires, et les licenciements frappant les employés du groupe.

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Par Rédacteur Publié le 15 décembre 2024 à 8h00
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Dividendes records pour la famille Mulliez : la décision de Decathlon fait polémique - © Economie Matin
1 MILLIARD €Decathlon va verser un milliard d'euros de dividendes.

Un milliard d'euros de dividendes : une décision choc

La nouvelle a fait l'effet d'une bombe au sein de l’enseigne Decathlon : la famille Mulliez, actionnaire principal du groupe, va recevoir un milliard d’euros de dividendes au titre de l’année 2024. Cette annonce, dans le contexte économique actuel, n’a pas manqué de provoquer l’indignation des syndicats. La CFTC, principale organisation syndicale du groupe, a immédiatement réagi. « Pas d’argent pour les négociations seniors, la mutuelle ou les négociations annuelles obligatoires, mais dans le même temps, les actionnaires familiaux ponctionnent un milliard d’euros de dividendes », a dénoncé l’organisation sur ses réseaux sociaux.

Ce versement massif survient dans un climat tendu, marqué par des menaces de licenciements dans d’autres enseignes du groupe. Auchan, autre propriété de la famille Mulliez, a notamment annoncé un plan social qui menace près de 2 400 emplois. Cette double annonce dénote une incohérence flagrante pour la CGT, qui a exprimé son incompréhension dans un communiqué : « Comment peut-on cautionner que Decathlon, enseigne du groupe, puisse verser une somme pharaonique de dividendes et qu’Auchan, enseigne du même groupe, puisse massacrer la vie de milliers de personnes en supprimant 2 400 emplois ? »

Cette décision ne fait pas seulement grincer des dents en interne, elle soulève également des interrogations sur l'avenir du groupe Mulliez. Alors que les salariés d’Auchan et de Decathlon subissent des pressions économiques et des conditions de travail parfois difficiles, la question de l’équité entre les employés et les actionnaires se pose plus que jamais.

Récompenser une gestion « équilibrée » : la justification de la direction

Face à la vague de critiques, la direction de Decathlon a tenu à justifier ce versement de dividendes en soulignant la solidité financière de l’entreprise. Fabien Derville, président de Decathlon et membre du conseil de gérance de l’Association Famille Mulliez (AFM), a expliqué que cette somme correspondait à des réserves accumulées au fil des années par les actionnaires. Une source proche de la direction a précisé que ce montant était le fruit de « la gestion équilibrée de l’entreprise au fil du temps » et qu’il s’agissait de répartir une partie des bénéfices réalisés entre les différents actionnaires, y compris les 60 000 salariés qui détiennent des parts de l’entreprise.

Fabien Derville a également précisé, dans un entretien à La Voix du Nord, que cette distribution visait à soutenir un « usage plus créateur de valeur, pas de richesse ». Toutefois, il a reconnu que « le momentum n’était pas idéal au niveau médiatique », en référence à la mauvaise réception de cette décision dans un contexte social tendu.

Le président de Decathlon a insisté sur le fait que l’objectif de ces dividendes était de soutenir le groupe dans sa quête de nouveaux projets entrepreneuriaux, dans une stratégie de croissance, d’investissement et de modernisation. « La vocation est entrepreneuriale : nouveaux métiers, accélération de nos entreprises cœur et, le cas échéant, support à la transformation » indique Fabien Derville. Il n’a toutefois pas précisé comment ces fonds seraient utilisés concrètement.

Une réaction syndicale : mobilisation et inquiétudes

Ce narratif ne convainc absolument pas les syndicats, particulièrement la CFDT, qui a exprimé son désaveu total sur ce choix stratégique de Decathlon. « Ce montant est hors-sol », ont réagi les représentants de l’organisation, qui pointent la contradiction entre cette distribution et les besoins urgents d’investissements dans la qualité de vie au travail des salariés.

En conséquence, la CFDT a lancé un appel à la mobilisation des 20 000 salariés du groupe pour une grève nationale prévue dans les magasins Decathlon, notamment pour faire entendre le mécontentement des salariés face à la gestion des ressources de l’entreprise et la dégradation des conditions de travail. Les syndicats déplorent également le manque de dialogue social et l’absence d'engagement de la direction dans les négociations sur les conditions de retraite ou de santé des travailleurs.

Ce climat de mécontentement au sein de Decathlon est renforcé par une situation économique difficile, où les marges du groupe se réduisent et où la concurrence dans le secteur du sport et des loisirs devient de plus en plus féroce. Les syndicats estiment qu’une partie de ces dividendes aurait dû être réinvestie dans l’entreprise afin de renforcer sa compétitivité et soutenir les salariés dans la durée.

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