Comment les services juridiques peuvent se libérer des tâches manuelles chronophages, afin de se concentrer sur les priorités stratégiques, maximiser leur valeur et jouer un rôle clé dans la croissance de l’entreprise.
Gagner en efficacité : comment l’IA et la digitalisation peuvent transformer les départements juridiques

Ces dernières années, avec la pression croissante pour rester en conformité et gagner en productivité, le secteur juridique assiste à une montée en puissance des écosystèmes legaltech. Aujourd’hui, près de 200 start-ups se revendiquent spécialistes de la legaltech, et de plus en plus d’algorithmes existent pour soulager les équipes et produire des documents ou des modèles de contrats. De la même manière, pour contribuer au reporting ESG, les directions juridiques se tournent vers les nouvelles technologies. Mais pour mettre en place ces nouveaux outils et gagner en efficacité, encore faut-il savoir tirer profit de ses données.
La digitalisation, un enjeu majeur pour les départements juridiques
Aujourd’hui, comme beaucoup de métiers, les directions juridiques doivent fournir un rendement plus élevé, avec moins de moyens. En effet, on constate une augmentation des charges de travail d’environ 30 % tandis que les budgets alloués baissent de 5 à 10 %. Par ailleurs, les équipes juridiques doivent trouver un équilibre entre les nouveaux risques et réglementations émergentes, et les fonctions juridiques traditionnelles. La numérisation offre une solution à ce défi, en libérant plus de temps pour le travail stratégique, tout en renforçant la sécurité et l'efficacité des processus juridiques.
Pour mettre en œuvre ces projets de digitalisation, une nouvelle fonction a été créée dans les grandes entreprises : le Legal Operations Officer (Legal Ops). Dans les grands groupes, un ou plusieurs Legal Ops ont pour mission de mettre en place et de suivre ces projets en prenant soin de surveiller les processus, le budget et surtout la conduite du changement. Ils doivent être impliqués dans la stratégie globale de l’entreprise. Ce métier commence à apparaître dans certaines ETI mais les directeurs juridiques endossent souvent ce rôle dans les plus petites structures.
Enfin, pour s’assurer de la réussite des projets de digitalisation, il est nécessaire de mettre en place une démarche de travail collaborative et structurée, de sensibiliser et de former tous les juristes de l’entreprise aux nouveaux outils et nouvelles opportunités, pour que tous se sentent concernés et impliqués.
Comment intégrer l'IA pour favoriser la performance des équipes ?
Dans le cadre de cette digitalisation, l’intelligence artificielle représente un enjeu incontournable des directions d’entreprise et concernent donc aussi directement les fonctions juridiques.
Jusqu’à présent, le monde du droit avait enregistré un retard sur la digitalisation, notamment en raison d’habitudes qui sont très ancrées étant donné la culture inhérente au métier. Cela explique que la numérisation prenne plus de temps que dans d'autres professions. Cependant, la population juridique est la deuxième population exposée à l’IA générative d’après un rapport Goldman Sachs. Et la direction juridique devient régulièrement pilote dans l’entreprise sur l’utilisation de l’IA générative. Créer des documents juridiques de manière simple et rapide, synthétiser des documents ou extraire aisément des informations clés permet aux juristes de gagner du temps sur des tâches répétitives et de se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée. La prise de décision est également facilitée grâce aux rapports éclairés qui peuvent être créés sur la base de modèles définis par des solutions dédiées, boostées par l’IA.
Mais pour mener à bien l’implémentation de l’intelligence artificielle, les directions juridiques doivent structurer la donnée, qui est essentielle au fonctionnement d’outils d’IA. Elles devront donc s’entourer pour la collecter et la structurer, tout en prenant en compte les outils et informations déjà existants au sein de leurs fonctionnements propres. En suivant ces pratiques, les services juridiques peuvent améliorer l'organisation et la gouvernance des données et s'assurer qu'ils sont prêts à utiliser efficacement l'IA pour l'analyse et la prise de décision.
Respecter les réglementation ESG
L'ESG devient un enjeu pour toutes les entreprises, et donc pour tous les services de l'organisation, y compris la fonction juridique. La digitalisation des processus juridiques peut aider les directions juridiques à contribuer à la structuration du rapport de durabilité, opposable aux tiers, et être une vigie dans l’entreprise sur un certain nombre de sujets. Par exemple, le cadre de création des reporting CSRD implique de rassembler un certain nombre d’indicateurs chiffrés, comme les émissions de gaz à effet de serre ou la consommation d’énergie. La bonne gestion des données de l’entreprise, accompagnée en complément d’un logiciel GRC performant aidant à créer ces rapports, peuvent accélérer considérablement le travail des équipes projet.
Si certaines entreprises comptent sur les directions financières, RSE et marketing pour mettre en œuvre ces rapports, il est important d’intégrer la fonction juridique, qui est à l’intersection de tous ces métiers, dès le début du processus pour s’assurer de la cohérence et de la conformité des reportings ESG. Finalement la direction juridique joue l’arbitre entre la conformité, les finances, le risque. Elle est au centre d’un écosystème beaucoup plus vaste et directement liée aux instances de Direction de l’entreprise. Dans ce cadre de gouvernance plus large, l'intégration de la GRC garantit que la gestion des risques, la conformité réglementaire et la surveillance de la gouvernance sont intégrées dans les rapports ESG. Cette approche permet au service juridique de mieux aligner les objectifs commerciaux sur la conformité et d'atténuer les risques de manière efficace.
La stratégie data-driven semble donc devenir incontournable pour les directions juridiques et les entreprises de manière générale mais représente encore beaucoup de travail. Pour la déployer efficacement, il est crucial de commencer par définir un point de départ, des objectifs atteignables mais surtout un cas d’usage spécifique avant toute action, puis de s’entourer de professionnels pour une mise en place rapide et fluide.