Dette : le pape demande son annulation pour les pays les plus pauvres

Lors du premier angélus de l’année sur la place Saint-Pierre, le pape François a lancé un appel pour annuler la dette des pays les plus pauvres. Ce geste, enraciné dans les traditions de l’Église catholique, résonne avec les enseignements anciens et vise à encourager des actions concrètes durant l’année jubilaire.

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Publié le 2 janvier 2025 à 16h30
Le pape demande d’annuler la dette des pays pauvres
Le pape demande d’annuler la dette des pays pauvres - © Economie Matin
406 milliards $En 2023, les pays les plus pauvres ont versé 406 milliards de dollars d'intérêts pour leurs dettes extérieures.

Une tradition religieuse de solidarité

Depuis 1967, avec l'encyclique Populorum Progressio de Paul VI, la question de la dette est une préoccupation constante pour l'Église catholique. Cet engagement s'inscrit dans une longue série d'initiatives visant à favoriser le développement des peuples à travers le monde.

Le dernier grand jubilé de l'an 2000 avait également été marqué par un appel similaire de Jean-Paul II, qui considérait l'annulation de la dette comme un objectif civilisationnel et de progrès. Ces actions soulignent l'importance d'une solidarité globale dans la doctrine sociale de l'Église.

Un plaidoyer pour l'année jubilaire

Dans son discours, le pape François a souligné que l'année jubilaire doit être un temps d'action concrète. Il rappelle que, selon les croyances chrétiennes, « la remise des dettes est donnée par Dieu », évoquant ainsi la prière du Notre Père qui demande la libération des dettes. « Le Jubilé demande de traduire cette remise des dettes au niveau social, afin qu'aucune personne, aucune famille, aucun peuple ne soit écrasé par les dettes », a déclaré le pape dans des propos partagés par RFI. « J'encourage donc les dirigeants des pays de tradition chrétienne à donner le bon exemple en annulant ou en réduisant autant que possible la dette des pays les plus pauvres. »

François a exhorté les dirigeants des pays de tradition chrétienne à donner l'exemple en annulant ou réduisant autant que possible les dettes des nations les plus défavorisées. Son plaidoyer n'est pas nouveau, il avait déjà demandé des mesures similaires en 2020, durant la pandémie de Covid-19, mettant en lumière la récurrence et l'urgence de ces appels pour la justice économique et sociale.

Des records d’endettement pour les pays pauvres

La pandémie de Covid-19 a exacerbé la situation financière déjà précaire des pays les plus pauvres, les obligeant à payer des intérêts record sur leur dette extérieure. Selon un rapport récent de la Banque mondiale, en 2023, ces nations ont déboursé un total impressionnant de 1 400 milliards de dollars pour rembourser leurs dettes, dont 406 milliards uniquement en intérêts. Cette charge financière, la plus lourde en deux décennies, révèle l'ampleur du fardeau qui pèse sur ces économies fragiles.

Les créanciers privés profitent disproportionnellement de cette situation, ayant extrait 13 milliards de dollars de plus qu'ils n'ont prêté aux pays à faible revenu depuis 2022. Pendant ce temps, les institutions de développement multilatérales ont tenté de compenser cette fuite de capitaux en injectant des fonds supplémentaires. Cependant, cette intervention expose un « système de financement dysfonctionnel » où les aides destinées au développement sont détournées pour éviter le défaut de paiement, soulignant un besoin urgent de réforme du système financier global pour mieux servir les intérêts des nations les plus vulnérables.

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Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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