Le 15 octobre 2024, le Fonds monétaire international (FMI) a tiré la sonnette d’alarme sur l’augmentation très rapide de la dette publique mondiale. Selon son dernier rapport, cette dette devrait atteindre 100 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, soit près de 93% du produit intérieur brut (PIB) mondial. Un chiffre vertigineux qui reflète une tendance inquiétante, surtout après les multiples crises ayant frappé l’économie mondiale depuis la pandémie de Covid-19.
Dette mondiale : 100.000 milliards fin 2024 selon le FMI
Malgré les efforts de certains États pour ajuster leur budget, la réduction de cette dette semble hors de portée. Le FMI prévoit même un ratio de 100% du PIB mondial d’ici 2030. Cette situation suscite de vives inquiétudes quant à la stabilité financière globale et la capacité des pays à résorber cette dette colossale.
La dette mondiale augmente de manière constante
La dette mondiale continue d'augmenter sans véritable signe d’inversion de tendance. En 2023, elle représentait déjà 93% du PIB mondial, et les prévisions pour 2024 ne sont guère plus rassurantes : si elle ne va pas augmenter en pourcentage, la dette publique mondiale augmentera bien en montant et pourrait franchir les 100.000 milliards de dollars, soit près de 40 fois le PIB de la France.
Une hausse qui est le résultat d'une combinaison de facteurs : l'accroissement des dépenses publiques, des prévisions économiques trop optimistes, et des réformes budgétaires qui tardent à se concrétiser. Era Dabla-Norris, directrice adjointe du département des affaires budgétaires du FMI, a souligné que « les projections de l’endettement ont tendance à être trop optimistes », en grande partie parce que les gouvernements surestiment souvent leurs prévisions de croissance et sous-estiment la difficulté à mettre en œuvre des réformes budgétaires strictes.
Cette situation est d'autant plus préoccupante que certains pays, notamment les plus grandes économies comme les États-Unis et la Chine, voient leur dette continuer à croître de manière alarmante. Les États-Unis, par exemple, avec une dette publique qui dépasse déjà les 34 000 milliards de dollars (environ 32 000 milliards d’euros), représentent à eux seuls un tiers du fardeau mondial. Quant à la Chine, sa dette publique est passée à 83% du PIB en 2023, contre 77% un an auparavant.
Les facteurs aggravants : des dépenses publiques et des dettes cachées
Plusieurs éléments expliquent cette explosion de la dette. Tout d'abord, les dépenses publiques continuent d’augmenter, notamment pour financer des secteurs critiques tels que la santé, la défense, ou encore la transition écologique. Ces domaines nécessitent des investissements colossaux, particulièrement après la crise sanitaire mondiale, qui a obligé les États à dépenser massivement pour soutenir leurs économies.
Parallèlement, les dettes dites "cachées", souvent liées aux entreprises publiques et non identifiées dans les bilans officiels, alourdissent considérablement les comptes publics. Selon le FMI, 40% des augmentations de la dette proviennent d’imprévus, tels que des déficits budgétaires non anticipés ou des dépenses non planifiées. Ces dettes cachées peuvent accroître la dette publique d’environ 1 à 1,5% du PIB par an, un chiffre qui prend toute son importance en période de crise.
Les taux d'intérêt élevés des trois dernières années ont également aggravé la situation. En augmentant le coût des emprunts, ils ont pesé lourdement sur les finances publiques de nombreux pays. La Banque mondiale estime qu'une quarantaine de pays sont actuellement en crise de la dette ou proches de l’être, en raison de l’augmentation significative du service de leur dette.
Les États-Unis et la Chine, deux puissances endettées
La situation américaine illustre bien la gravité de la crise. En 2024, la dette publique des États-Unis atteint des niveaux records, dépassant les 125% du PIB, soit plus de 34 000 milliards de dollars. Malgré des tentatives de réduction du déficit budgétaire, qui pourrait s'élever à 2 000 milliards de dollars cette année, le pays peine à contrôler ses finances. Ce surendettement a des répercussions mondiales, compte tenu de l'influence économique de la première puissance mondiale. Les périodes de négociation sur le plafond de la dette aux États-Unis ont souvent entraîné des chutes des marchés boursiers et une augmentation des coûts d'emprunt, créant un effet domino sur les autres économies.
Quant à la Chine, sa dette publique, bien qu’inférieure à celle des États-Unis en termes de pourcentage du PIB, ne cesse d’augmenter. En 2023, elle atteignait 83% du PIB contre 77% en 2022. La deuxième puissance mondiale doit jongler entre un ralentissement économique, une dette croissante, et des tensions géopolitiques qui alourdissent les perspectives économiques. En effet, l'économie chinoise, fortement dépendante des investissements publics, reste vulnérable à toute détérioration de ses finances.
Dette mondiale : le besoin urgent de réformes budgétaires
Face à cette situation, le FMI appelle à une reconstitution des marges budgétaires. L'institution insiste sur l’importance pour les gouvernements de stabiliser leur dette avant que la situation ne devienne incontrôlable. Selon le FMI, un ajustement budgétaire équivalant à 3,8% du PIB est nécessaire chaque année d’ici 2029 pour espérer réduire la dette mondiale. Ce chiffre est bien supérieur à l’objectif de 1% qui était initialement envisagé.
Cependant, ces réformes budgétaires doivent être soigneusement calibrées. Si elles sont mal conçues, elles pourraient aggraver les inégalités sociales et ralentir la croissance économique, deux facteurs qui compliqueraient encore plus la réduction de la dette. Le FMI souligne que les gouvernements doivent trouver un équilibre entre la réduction des dépenses publiques et le maintien de la croissance, tout en évitant de creuser davantage les écarts entre les ménages les plus riches et les plus pauvres. Et si la situation n'est pas correctement gérée, la dette mondiale pourrait atteindre 115 % du PIB d'ici trois ans, selon les scénarios les plus pessimistes.