Le 14 mars 2025, Fitch Ratings a tranché : la France conserve sa note souveraine à AA-, mais avec une perspective négative. Un soulagement temporaire pour Bercy, qui échappe à une dégradation, mais un signal clair envoyé aux marchés et aux investisseurs.
Dette française : Fitch maintient la note souveraine de la France, mais…

C’est un verdict attendu par le gouvernement et les marchés : l’agence Fitch a confirmé, le 14 mars 2025, la note de la dette souveraine française à AA-, tout en maintenant une perspective négative. Un verdict qui évite à la France une nouvelle dégradation, mais qui ne dissipe pas les inquiétudes sur l’état de ses finances publiques.
Fitch maintient la note, mais les signaux sont au rouge
D’après Fitch Ratings, ce maintien est justifié par plusieurs facteurs : "Les finances publiques françaises sont caractérisées par un niveau d'endettement élevé et des résultats insuffisants en matière de réduction du déficit budgétaire", peut-on lire dans leur communiqué. Le déficit public a grimpé à 6 % du PIB en 2024, contre 4,4 % en 2023, ce qui compromet toute ambition de redressement à court terme.
Pour autant, Fitch note que l’économie française reste robuste, grâce à sa diversification sectorielle et ses institutions solides. Mais ces éléments ne suffisent plus à contrebalancer l’augmentation de la dette publique, qui devrait atteindre 118,5 % du PIB d’ici 2028, selon les projections de l’agence.
Pourquoi la dette française inquiète-t-elle autant Fitch ?
Dans son évaluation publiée le 14 mars 2025, Fitch pointe trois faiblesses majeures qui pèsent sur la notation de la France :
- Un déficit public toujours hors de contrôle
Malgré des engagements répétés de Bercy, le déficit budgétaire a été révisé à 5,5 % du PIB pour 2025, contre un objectif initial de 5 %. Un écart qui s’explique par une croissance plus faible que prévu (0,6 % contre 0,9 % estimé précédemment) et des dépenses publiques toujours élevées. - Une instabilité politique qui freine les réformes
L'absence de majorité absolue pour le gouvernement de François Bayrou complique l’adoption de réformes budgétaires. "La fragmentation politique complique la capacité de la France à mettre en œuvre un assainissement budgétaire durable", souligne Fitch. Les tensions sociales et l'opposition à certaines coupes budgétaires empêchent tout consensus. - Une comparaison défavorable avec ses voisins européens
Alors que la Grèce, autrefois sous le contrôle du FMI a vu sa note relevée grâce à des réformes structurelles, la France semble, elle, incapable d’inverser la courbe. "Le manque de consensus politique sur la nécessité de réduire les déficits est un facteur aggravant", indique un analyste de JPMorgan.
Une réaction mesurée du gouvernement
Sans surprise, Bercy a réagi immédiatement. Le ministère de l'Économie a cherché à minimiser l’impact de cette décision en soulignant que "nous prenons note de la décision de l’agence Fitch de confirmer la notation française à AA-, témoignant de la très haute qualité de la signature française. Dans un communiqué, le gouvernement assure qu’il reste déterminé à poursuivre la consolidation budgétaire, notamment via la loi de finances 2025.
Mais cette réaction ne convainc pas les marchés. Les taux d’emprunt français sur les marchés obligataires ont légèrement augmenté, signe d’un coût de financement accru pour l’État. L'écart avec le Bund allemand, référence en matière de stabilité budgétaire, continue de se creuser.
Dette publique et déficit en France et en Europe
Pays | Dette publique (% du PIB) | Déficit public 2024 (% du PIB) | Perspective Fitch |
---|---|---|---|
France | 112,6 % | 6 % | Négative |
Allemagne | 66,2 % | 2,5 % | Stable |
Italie | 141,7 % | 4,9 % | Stable |
Espagne | 107,3 % | 4,5 % | Stable |
Grèce | 161,8 % | 2,8 % | Positive |
Source : Eurostat, prévisions 2025
Et maintenant ? Une pression toujours plus élevée sur la France et sa dette
Le message envoyé par Fitch est limpide : la France doit impérativement réduire son déficit pour éviter une future dégradation de sa note. Si rien ne change, la prochaine évaluation prévue en octobre 2025 pourrait être plus sévère.
Dans ce contexte, plusieurs options s’offrent au gouvernement :
- Accélérer les réformes structurelles, notamment sur les dépenses publiques (retraites, aides sociales).
- Augmenter les recettes fiscales, via de possibles hausses d’impôts ou de nouvelles taxes.
- Réduire l’incertitude politique, en obtenant un consensus parlementaire autour d’un plan de rigueur.
La France joue la montre, mais pour combien de temps encore ? Sans inflexion rapide, les agences de notation pourraient sanctionner davantage l’inaction budgétaire du pays, ce qui augmenterait encore son coût d’endettement. Pour Bercy, le compte à rebours est lancé.