Le gouvernement, après le dérapage du déficit public en 2023, largement supérieur à ce qui était attendu, continue de répéter sans cesse son objectif : faire baisser le déficit public sous la barre des 3%, demandée par Bruxelles, à l’horizon de 2027. Mais si l’exécutif fait preuve d’optimisme, l’agence de notation Moody’s émet des doutes qui pourraient bien influencer la future note de la dette française.
Adieu dette notée AA ? Moody’s craint pour le déficit
Déficit à moins de 3% ? Moody's n'y croit tout simplement pas
L’agence de notation Moody’s, le 27 mars 2024, a publié un communiqué de presse qui remet complètement en cause les objectifs du gouvernement français. Selon l’agence, il est tout simplement « improbable » que l'objectif de réduction du déficit de la France à 2,7% d'ici 2027 soit atteint. Comprenez : Moody’s ne croit pas du tout au plan du gouvernement français.
En dépit d’un engagement ferme du gouvernement, représenté par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, l'Insee a revu à la hausse le déficit à 5,5% du PIB pour 2023 dépassent largement les prévisions initiales de 4,9%. « Le déficit plus important que prévu est quasiment entièrement dû à des recettes plus faibles que prévu », analyse Moody’s.
Même le déficit en 2024 n'est pas crédible
Les plans du gouvernement pour 2024, incluant 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires, sont jugés insuffisants par Moody’s pour remettre la France sur la voie de l'objectif de 2,7%. Cette évaluation se base sur une analyse de la stratégie budgétaire à moyen terme du gouvernement, qui inclut la réduction progressive des mesures de soutien extraordinaire. L'agence souligne que, même avec ces économies et les coupes budgétaires annoncées, il est peu probable que le déficit soit réduit à 4,4% du PIB en 2024.
« Les risques inhérents à la stratégie budgétaire à moyen terme du gouvernement, qui se base sur des hypothèses économiques et de recettes optimistes, ainsi que des baisses sans précédent de la dépense », sont à l’origine de cette défiance de l’agence de notation. Cette dernière souligne de plus que depuis le début du siècle, le gouvernement français n’a réussi qu’une seule fois à réduire en un an le déficit public de plus de 1%. Or, entre 2023 et 2024, le gouvernement table sur une baisse de 1,1%.
Moody’s projette également une augmentation « lente » de la dette publique à partir de 2024, exposant la France à des coûts d'intérêt plus élevés qu'elle n'en a connus depuis plus de deux décennies.
La note de la dette publique de la France bientôt dégradée ?
Cette analyse de Moody’s a de quoi inquiéter l’exécutif qui se prépare à recevoir le coup de semonce le 26 avril 2024. Ce jour-là, Moody’s ainsi que l’agence Fitch vont se prononcer sur la note de la dette souveraine française. Actuellement notée double A, elle pourrait être rétrogradée à simple A, ce qui ferait augmenter le taux de ses intérêts.
La France avait perdu le triple A au début de l’année 2012, après plus de 30 ans dans la catégorie des pays notés « triple A », la meilleure note possible.