L’opposition entre la vision du PDG d’EDF et celle du gouvernement français sur la régulation de l’électricité atteint un nouveau seuil de tension. Avec des avis divergents sur des sujets cruciaux tels que les coûts de production et le rôle de la régulation, une clarification de la part de l’exécutif est devenue impérative.
Des tensions sur la régulation de l’électricité
Luc Rémont, PDG d'EDF, avait clairement exprimé sa position sur la nécessité d'une refonte totale de la régulation de l'électricité en France. Selon lui, la fin de la régulation actuelle du nucléaire, connue sous le nom d'Arenh (Accès Régulé à l'Électricité Nucléaire Historique), offre une occasion en or pour revaloriser les prix de vente d'EDF. Cela permettrait, d'après Rémont, de financer les 25 milliards d'euros d'investissements annuels attendus, notamment pour la relance de la construction des réacteurs nucléaires de type EPR.
Rencontre tendue à Matignon
Vendredi dernier, une réunion a eu lieu à Matignon entre Elisabeth Borne, la Première ministre, et Luc Rémont, d'après les informations des Echos. Officiellement, la réunion s'est déroulée sur un ton « extrêmement cordial », mais elle a été marquée par des désaccords importants. Le sommet de l'État a rappelé que la mission principale du PDG est de mettre en place une nouvelle régulation de l'électricité reflétant les coûts de production du groupe EDF. Cette rencontre est intervenue au lendemain après la publication d'une note du régulateur de l'énergie (CRE) qui a provoqué une vive dispute entre Luc Rémont et la directrice générale de l'énergie et du climat, Sophie Mourlon.
Le gouvernement contre la refonte de la régulation de l'électricité
Dans la note en question, la CRE a estimé que les coûts de production d'EDF seraient de 60,7 euros le MWh entre 2026 et 2030. Ce chiffre est nettement inférieur à l'estimation d'EDF et très loin du plafond de 120 euros le MWh que Rémont souhaiterait imposer. Le PDG d'EDF a vivement reproché à l'État la publication de cette note, la qualifiant de « confidentielle ». Au sein de l'exécutif, on considère que la régulation de l'électricité doit rester axée sur la protection des consommateurs et la compétitivité des entreprises. En outre, les autorités doutent que la Commission européenne autorise EDF à financer de nouvelles centrales avec les revenus des installations déjà amorties, ce qui pourrait s'apparenter à une rente incompatible avec les règles de la concurrence. Emmanuel Macron, lors de sa campagne présidentielle, avait pris l'engagement de maintenir une régulation qui protège les consommateurs et contribue à la compétitivité des entreprises.