Le réchauffement climatique commence à peser lourdement sur l’économie française. Dans son dernier rapport, la Cour des comptes alerte sur les impacts négatifs de la transition climatique et énergétique sur la croissance et la dette publique. Cette situation exige une action urgente et coordonnée pour éviter une crise économique majeure.
Dérèglement climatique : son impact financier encore trop peu pris en compte
Le dérèglement climatique pèse déjà sur la productivité
Le réchauffement climatique se manifeste déjà par des conséquences tangibles sur la croissance économique en France. La baisse de la productivité du travail due à l'augmentation des arrêts de travail, le déclin des rendements agricoles et la surmortalité liée aux canicules récurrentes illustrent ces effets. Dans son « Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques », publié le 15 juillet 2024, la Cour consacre tout un chapitre et décrit ce phénomène comme un « choc d'offre négatif majeur » qui perturbe durablement les conditions de production de richesses.
Les événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses, inondations et tempêtes, ont un impact direct sur les infrastructures de transport et les exploitations agricoles, entraînant des interruptions d'activité et des tensions sur les approvisionnements. Les projections de l’Agence de la transition écologique (ADEME) prévoient d’ailleurs une baisse du PIB de 2 points en 2030 et de 4,5 points en 2050, si les politiques actuelles restent inchangées.
La France se dotera d’une Stratégie pluriannuelle de financement de la transition écologique
En outre, l'impact sur la dette publique est préoccupant. Les dépenses nécessaires pour assurer la transition climatique, combinées à une croissance économique réduite, augmenteront le ratio de la dette publique. La Cour estime que ce ratio pourrait être supérieur de 7,5 points de PIB dès 2030 dans le scénario le plus optimiste. Cela souligne la nécessité d'une réforme fiscale, qui comprendrait potentiellement une taxe carbone pour réduire les effets sur l'endettement public.
La Cour des comptes souligne l'absence de coordination entre les finances publiques et les choix budgétaires et fiscaux nécessaires à la transition climatique. Les difficultés d'acceptabilité sociale paralysent les grands arbitrages sur les instruments et la répartition des coûts entre acteurs privés et publics. Pour répondre à ces problèmes, la Stratégie pluriannuelle de financement de la transition écologique, attendue courant 2024, doit intégrer ces recommandations. Cependant, le contexte politique actuel, marqué par une certaine inertie, rend cette tâche complexe. Une mobilisation accrue et une vision cohérente à long terme sont indispensables pour éviter que les coûts du réchauffement climatique n'aggravent davantage la situation économique et financière de la France.