Le 4 septembre 2024, Danone a annoncé le retrait progressif du Nutri-Score de ses yaourts à boire, une décision qui va à l’encontre de la transparence sur les produits alimentaires et, surtout, qui présente un retour en arrière sur la lutte contre la mauvaise alimentation.
Nutri-score : ses yaourts déclassés, Danone cesse de l’afficher
Le Nutri-Score, système d'étiquetage allant du vert au rouge et classant les aliments de A à E en fonction de leur qualité nutritionnelle, est désormais bien ancré dans les habitudes de nombreux consommateurs européens. Toutefois, Danone, pionnier dans l'adoption de ce label dès 2017, a décidé de retirer cet indicateur de certaines de ses gammes de produits, notamment Actimel, Danonino, Activia et Hi-Pro.
Les yaourts de Danone ne sont pas si bons que ça pour la santé
Danone a justifié sa décision par une révision du mode de calcul du Nutri-Score, entrée en vigueur en 2023, qui a considérablement dégradé les notes de certains de ses produits. En effet, les yaourts à boire, autrefois classés en catégorie A ou B, sont désormais relégués en D, voire E, des notes habituellement réservées aux produits riches en sucre ou en graisses. L'Actimel, souvent perçu comme un produit bénéfique pour la santé, a par exemple vu sa note chuter de B à D.
Cette nouvelle classification découle d'une mise à jour qui considère les yaourts à boire comme des "boissons" et non plus comme des "aliments solides". Une distinction qui fait débat puisque, selon Danone, les versions solides de certains produits, tels que le Danonino, conservent une note B malgré des valeurs nutritionnelles très similaires aux versions liquides.
Le géant agroalimentaire critique également le fait que le Nutri-Score ne prenne pas suffisamment en compte certains aspects nutritionnels et qualitatifs des aliments transformés, ce qui fausse, selon lui, l'information transmise aux consommateurs.
Abandon du Nutri-score par Danone : les critiques fusent
La décision de Danone n'a pas manqué de faire réagir. Serge Hercberg, professeur de nutrition à l'université Sorbonne Paris Nord et concepteur du Nutri-Score, a vivement dénoncé cette marche arrière sur FranceInfo. « C'est lamentable, extrêmement choquant, de voir que Danone abandonne le Nutri-Score lorsque les règles du jeu établies par des scientifiques ne lui plaisent plus ». Selon lui, l'entreprise aurait choisi de renoncer à l'étiquetage lorsque celui-ci ne servait plus ses intérêts commerciaux. Il estime également que la distinction entre yaourt solide et yaourt à boire est pertinente, car ces derniers sont souvent consommés en dehors des repas, ce qui peut favoriser une surconsommation chez les enfants et les adolescents.
L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a également fustigé l'argumentation de Danone, dénonçant un « pseudo-argumentaire nutritionnel » et soulignant que cet épisode démontre une nouvelle fois les limites d'un affichage basé sur le volontariat. D’autant plus que Danone mettait en avant le Nutri-score il y a seulement quelques années. « Chez Danone, nous avons toujours soutenu la mise en place d’un étiquetage nutritionnel, interprétatif, transparent et cohérent et avons été pionniers en France en apposant le Nutri-Score sur nos emballages dès 2017 », affirme l’entreprise.
Les consommateurs laissés sans indication pour leur santé
Le Nutri-Score est devenu, au fil des ans, un outil précieux pour les consommateurs soucieux de leur alimentation. Sa suppression sur certains produits laitiers pourrait semer la confusion et nuire à la transparence. En l'absence d'un affichage harmonisé et obligatoire au niveau européen, certains produits risquent de passer inaperçus pour les consommateurs, malgré leur dégradation nutritionnelle. Mais, pour l'heure, le Nutri-Score reste facultatif, utilisé sur la base du volontariat par des entreprises dans sept pays européens.
Au-delà du simple retrait du Nutri-Score, cette décision pose la question des priorités de certaines grandes entreprises alimentaires. Danone, qui se présentait comme un pionnier en matière de transparence nutritionnelle, semble désormais plus préoccupé par la sauvegarde de son image et de ses parts de marché. Si la santé des consommateurs demeure au cœur des préoccupations affichées par l'entreprise, ce volte-face pourrait laisser penser le contraire.