Le présent est toujours le fruit de l'Histoire
Le moment est venu d’écrire un nouveau récit national et un nouveau récit planétaire, l’un devant chapitrer l’autre. Pour cela, il est essentiel de créer du lien entre passé, présent et avenir.
Aujourd’hui dans un monde qui va très vite où avant-hier, c’est déjà le passé, nous avons tendance à cloisonner, voire opposer les époques. Or, le présent est toujours le fruit de l’Histoire, d’une expérience accumulée en quelque sorte, qu’elle nous ait emmenés sur des chemins heureux ou sinueux, et c’est de cette expérience, autrement dit du passé, dont on s’inspire pour poursuivre un chemin tout tracé ou au contraire pour changer de voie.
Il n’y a d’incertitude, de risque, mais aussi de nouvelles voies possibles qu’au regard d’une situation donnée, d’un état présent dont on accepte ou dont on décide de s’écarter plus ou moins. C’est ce qui vaut pour tout, l’entrepreneuriat, la culture, l’art... Certes, il y a bien des ruptures, mais ces ruptures-là, volontaires ou non, n’ont elles-mêmes de sens que par rapport au passé et au présent, on est dans l’impossibilité de rompre avec son avenir.
L’état de l’art est la ligne de départ, le fondement à partir duquel on est susceptible de se renouveler.
La difficulté réside bien souvent dans le fait que l’Homme regarde le passé avec les yeux du présent sans parvenir, sans même parfois essayer de le recontextualiser, et c’est ainsi qu’on attribue parfois la faute du dérèglement climatique aux générations nées après-guerre. Or, si on ne peut pas nier que c’est l’action du passé qui nous a conduits en partie dans cette situation qui peut mettre en péril la vie sur terre, être fautif aujourd’hui, n’est pas nécessairement être coupable hier.
Quand dans les années 60 l’agriculture devient intensive, les agriculteurs répondent à une demande de la société, on oublie souvent de le dire, et si on produit en effet de manière intensive alors, c’est sans réelle conscience des atteintes à l’environnement.
Or, aujourd’hui, les arguments aiguisés par un savoir vérifié à l’épreuve des faits, on accuserait presque les paysans d’un meurtre avec préméditation. Il y a dans cette accusation-là quelque chose qui relève à mon sens de l’injustice, et il est probable que ceux qui crient avec la meute aujourd’hui seront eux-mêmes requestionnés dans leurs pratiques demain parce qu’en effet la connaissance évolue avec son temps et dans un monde qui va très vite, nous l’avons dit, un progrès qui s’accélère, des connaissances toujours plus grandes, on peut craindre que les jeunes, à ce compte-là, jugent de plus en plus les vieux, que les parents ne comprennent plus leurs enfants et que chaque génération développe ainsi une critique exacerbée de la génération qui l’a précédée ou de celle qui lui succède. L’évidence étant parfois tellement évidence qu’on a du mal à imaginer qu’elle ne l’ait pas été de tout temps.
C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles il est important de redonner du sens à l’Histoire par le récit. C’est le récit qui permet de comprendre d’où on vient et comment on en est arrivé là. Il s’agit-là sans doute, de ce point de vue, d’une discipline qu’on n’enseigne pas assez à l’école et qui s’est quelque peu perdue dans le monde de l’instantanéité actuel où on réagit dans la minute sur les réseaux sociaux.
On préfère l’information brute et délivrée le plus rapidement possible par les chaînes d’information à l’information analysée, décryptée, recontextualisée. Aujourd’hui, c’est le fil d’actus, l’info en continu, les réactions sur les réactions qui mènent en quelque sorte le monde et déterminent notre compréhension de ce monde.
Les outils de communication étant eux-mêmes générationnels, Tik-Tok pour les plus jeunes, Facebook pour les quarantenaires, Linkedin pour les professionnels, chacun discute avec son semblable, le mixage des idées ne se fait plus et on en vient souvent à condamner entre nous celui qu’on ne connaît pas, sans même entendre ce qu’il a à dire....