Les crédits immobiliers en chute libre au premier semestre 2024

Prix élevés obligent, les Français remettent à plus tard leurs projets immobiliers

Le premier semestre 2024 a été marqué par une forte chute des nouveaux crédits immobiliers en France. D’après les dernières statistiques de la Banque de France, le montant total des nouveaux crédits à l'habitat, hors renégociations, s'est élevé à seulement 47,3 milliards d'euros entre janvier et juin, soit une baisse de 36% par rapport à la même période en 2023. Cette somme représente le niveau le plus bas depuis 2014, malgré une diminution des taux d'intérêt de 4,17% en janvier à 3,70% en juin 2024.

Cette situation paradoxale s'explique par plusieurs facteurs. Bien que la baisse des taux d'intérêt ait normalement pour effet de stimuler le marché, elle n'a pas suffi à inciter les acheteurs potentiels. Le principal frein reste le prix élevé de l'immobilier, qui dissuade de nombreux ménages de se lancer dans l'achat d'un bien. De plus, l'incertitude politique en juin 2024 a contribué à un climat d'attentisme, renforçant la prudence des ménages.

Crédits immobiliers : un rebond inattendu au deuxième trimestre 2024

Il n’empêche que, malgré le contexte globalement difficile du premier semestre 2024, une reprise surprenante a été observée au deuxième trimestre de 2024. Après 18 mois de recul continu, la production de crédits à l'habitat a rebondi. Cette amélioration s'inscrit dans un contexte plus favorable pour les emprunteurs, marqué par une baisse continue des taux d'intérêt et une légère diminution des prix immobiliers.

Les données bancaires montrent que la demande de prêts a cessé de baisser, signalant une stabilisation du marché. Par ailleurs, bien que les encours de crédits restent légèrement négatifs, les remboursements des prêts antérieurs continuent de dépasser les nouveaux crédits. Toutefois, il est important de noter que le ralentissement du crédit à l'habitat n'est pas unique à la France et se retrouve également chez nos voisins européens.

La France distribue plus de prêts immobiliers qu’ailleurs en Europe, et à des taux inférieurs

Ailleurs en Europe, la production de crédits à l'habitat a également diminué, mais la France affiche une performance légèrement supérieure à la moyenne de la zone euro. Rapportée au PIB, la production cumulée sur 12 mois en France est de 4%, contre une moyenne de 3,75% pour la zone euro, fait encore savoir la Banque de France.

S’agissant des taux d'intérêt, la France affiche des taux légèrement inférieurs à la moyenne européenne, avec un taux moyen de 3,70% en juin 2024, contre 3,75% dans la zone euro. La prédominance des crédits à taux fixe en France, par rapport aux taux variables, renforce cette spécificité nationale. En juin 2024, les taux fixes représentaient encore la majorité des prêts accordés, en contraste avec les 15% de taux variables observés en moyenne dans la zone euro.