Que ce soit le CAC40, le SP500 ou encore le Nasdaq100, plusieurs indices ont effacé en totalité ou très largement le dernier mouvement de hausse qui s’est dessiné après l’intervention relativement accommodante du président de la Reserve Fédérale lors de la réunion de décembre.
Les marchés ont toujours raison…de corriger leurs excès
Un mouvement de correction est également intervenu sur le marché obligataire : le taux 10 ans américain qui avait fait une incursion sous 3.80% (son plus bas niveau depuis juillet) et remonté vendredi dernier à 4.10%, soit un rebond de 30 points de base, effaçant en grande partie la détente apparue après la conférence de presse de Jerome Powell le 13 décembre. Même constat pour les taux en Europe et notamment le 10 ans allemand qui est remonté à 2.20% vendredi contre 1.89% quelques jours auparavant.
On peut clairement parler d’une saine correction des marchés, que ce soit celle observée sur les marchés actions ou obligataires. En effet, alors que les conditions financières aux Etats-Unis s’étaient déjà largement détendues avant la réunion de la Fed (le taux 10 ans américain avait reculé de plus de 90 points de base entre fin octobre et mi-décembre), conditions financières les plus souples depuis janvier 2022 selon le National Financial Conditions Index (NFCI), un indice compilé par la Fed de Chicago, Jerome Powell avait surpris très agréablement les marchés en évoquant pour la première fois la possibilité de discussions sur les baisses de taux.
Un terrain sur lequel Christine Lagarde n’a pas osé s’aventurer le lendemain, lors de la réunion de la BCE, alors même que la situation économique en zone euro est nettement plus faible qu’aux Etats-Unis.
Ce « cadeau » de Jerome Powell aux marchés avait surpris certains observateurs car il ne semblait pas indispensable à ce moment de l’année, alors qu’il n’y avait aucune nervosité particulière sur les marchés, que les conditions financières de détendaient déjà depuis près de deux mois et que les chiffres macroéconomiques américains continuaient d’afficher une belle résilience.
Plusieurs chiffres de l’emploi américain publiés la semaine dernières ont poussé les marchés à ajuster le tir : les inscriptions hebdomadaires au chômage sont retombées à leur plus bas niveau depuis mi-octobre (202 000), les créations d’emploi sont ressorties à 216 000 contre un consensus de 170 000, le taux de chômage est resté stable en décembre à 3.7% alors que le consensus tablait sur un petit rebond…et la progression du salaire horaire moyen a été plus importante que prévue à 4.1% en donnée annuelle alors que le consensus tablait sur 3.9%.
Sachant également que la Fed d’Atlanta anticipe une croissance américaine de 2.5% au quatrième trimestre, il est plutôt sain de voir les marchés corriger ce qu’on peut qualifier d’excès d’anticipation en décembre, des marchés qui ont évacué un peu trop rapidement la notion de « higher for longer » des banques centrales, cette phase transitoire qui précède les premières baisses de taux.
Le rebond de l’inflation en zone euro est également une piqûre de rappel aux marchés que, même si des progrès très importants ont été réalisés ces derniers mois, il reste toujours un « dernier kilomètre » à parcourir. Il y aura plusieurs baisses de taux de la Fed et de la BCE en 2024, c’est absolument certain, mais une première baisse de taux en mars n’est pas garantie à ce stade.