Les constructeurs automobiles européens se tournent vers Bruxelles pour obtenir un soutien face au durcissement des normes d’émissions de CO2 prévues pour 2025. En cause : la baisse des ventes de véhicules électriques, les contraintes de production et le manque d’infrastructures.
Les constructeurs automobiles européens réclament de l’aide à Bruxelles
L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) a officiellement sollicité des mesures de soutien urgentes auprès des institutions européennes. En effet, avec l’entrée en vigueur des nouvelles normes d’émissions de CO2 en 2025, les constructeurs automobiles craignent de ne pas pouvoir respecter les objectifs fixés, notamment en raison du ralentissement des ventes de voitures électriques. Selon l’ACEA, ces ventes représentent aujourd'hui 12,6 % des véhicules vendus en Europe, contre 13,6 % l’année précédente, une diminution qui complique les efforts des industriels.
La baisse des ventes de véhicules électriques inquiète les constructeurs
Jusqu’à présent, les constructeurs respectaient la norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy), imposant une limite d’émissions moyennes par voiture sous peine de lourdes amendes. Cependant, la baisse des ventes de véhicules électriques menace cet équilibre, mettant les constructeurs face à des amendes potentielles qu’ils évaluent à plusieurs milliards d’euros. Ces fonds, selon l’ACEA, pourraient être mieux utilisés pour soutenir la transition vers la neutralité carbone.
Les industriels de l’automobile estiment que plusieurs facteurs freinent leur transition vers des véhicules plus écologiques. Dans un communiqué, l'ACEA a souligné l'absence d’infrastructures adaptées pour soutenir les voitures à zéro émission, notamment en ce qui concerne les stations de recharge pour les véhicules électriques et à hydrogène.
« Nous jouons notre part dans la transition », affirment les constructeurs, mais ils réclament un environnement de production plus compétitif, une énergie verte abordable et des incitations fiscales. L'association demande également des aides à l'achat pour encourager les consommateurs à choisir des véhicules électriques.
Stellantis prend ses distances
En parallèle, les constructeurs craignent des conséquences négatives sur l’emploi et la production industrielle. Ils estiment qu’un retard dans la mise en œuvre des nouvelles normes permettrait de mieux préparer la chaîne d'approvisionnement. Selon un document interne cité par Bloomberg et Le Monde, le montant des amendes pourrait atteindre 13 milliards d’euros, ou contraindre l’industrie à réduire de deux millions d’unités la production de véhicules thermiques, avec les pertes d’emplois associées.
Face à ces difficultés, l'ACEA propose de reporter de deux ans l'application des nouvelles normes CO2, actuellement prévue pour 2025, afin de permettre aux constructeurs de mieux s'adapter.
Dans ce contexte tendu, le groupe Stellantis, qui n’est plus membre de l’ACEA, se distingue de ses concurrents en soutenant le calendrier actuel. Carlos Tavares, le directeur général du groupe, a défendu publiquement le respect des échéances : « Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et donc maintenant on fait la course », a-t-il déclaré à l’AFP.
Tandis que l’Allemagne a récemment supprimé les primes à l’achat pour les voitures électriques, certains observateurs espèrent néanmoins un rebond des ventes de ces véhicules d’ici 2025. Une étude de Transport & Environment prévoit que la part des ventes de voitures électriques pourrait atteindre entre 20 % et 24 % en Europe à cet horizon, en dépit des difficultés actuelles.