Consommation : quand les « bonnes affaires » deviennent un objectif

Une récente étude révèle des comportements de consommation parfois surprenants derrière cette quête frénétique des promotions.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 13 février 2025 à 17h06
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68%68% des 18-34 ans se pensent débrouillards lorsqu'ils font une "bonne affaire".

Le 13 février 2025, une étude menée par FLASHS pour Hostinger, basée sur un panel représentatif de 2 000 Français, a mis en lumière les dynamiques complexes qui entourent la chasse aux promotions. Loin d’être un simple moyen d’économiser, traquer les bonnes affaires est aussi un jeu d’influence sociale, de valorisation personnelle et parfois de dissimulation de consommation.

Des promotions qui flattent l’égo bien plus que le portefeuille

Dans l’imaginaire collectif, chasser les promotions rime avec économie et bon sens financier. L'étude montre que derrière cet impératif budgétaire, se cachent des motivations de consommation plus subtiles. Plus de la moitié des Français, soit 54 %, déclarent que réussir à obtenir une bonne affaire leur procure un sentiment de compétence et de débrouillardise. Ce sentiment est encore plus marqué chez les 18-34 ans, où il atteint 68 %.

L'importance de la validation sociale est également mise en avant. Environ 9 % des consommateurs aiment raconter leurs trouvailles à leur entourage et 5 % ressentent une fierté à se sentir plus malins que les autres. Certains vont même jusqu’à exagérer ou enjoliver le prix d’un achat pour impressionner leur entourage, une pratique avouée par 27 % des Français. Les hommes sont d’ailleurs plus enclins à ces petits arrangements avec la réalité, avec 31 % qui avouent avoir gonflé le prix d’un achat contre 22 % des femmes.

Des achats impulsifs… mais assumés ?

L'attrait irrésistible des promotions pousse souvent à des achats non nécessaires. Près de 58 % des Français admettent avoir acheté un produit dont ils n’avaient pas besoin, simplement parce qu'il était en promotion. Parmi les produits les plus recherchés figurent les vêtements et chaussures, plébiscités par 60 % des consommateurs, suivis de l’alimentation et des produits d’entretien qui attirent 56 % des acheteurs. Les équipements technologiques ne sont pas en reste, avec 40 % des Français qui les placent en tête de leurs bonnes affaires.

Les différences de comportement de consommation entre hommes et femmes sont particulièrement marquées. Alors que 70 % des femmes traquent les réductions sur les vêtements, ils ne sont que 52 % du côté des hommes. À l’inverse, les équipements technologiques attirent 47 % des hommes contre seulement 31 % des femmes. Mais quelle que soit la nature du produit, le fait d’acheter en promotion procure une satisfaction qui va au-delà du simple gain économique.

Quand la consommation devient un sujet de tensions conjugales

Loin d’être anodine, la quête des promotions peut engendrer des conflits au sein des couples. En effet, 65 % des personnes en couple consultent régulièrement leur partenaire avant un achat. Cela n’empêche pas les tensions, puisque 39 % des couples ont déjà connu une dispute à ce sujet. Ce phénomène est encore plus fréquent chez les jeunes adultes, avec 59 % des 18-24 ans qui reconnaissent avoir eu des désaccords avec leur conjoint en raison d’un achat.

Si les disputes existent, les secrets financiers sont tout aussi courants. Environ 29 % des personnes en couple ont déjà dissimulé un achat ou menti sur son prix. Ce phénomène est encore plus marqué chez les jeunes générations, avec 42 % des 18-24 ans et 46 % des 25-34 ans qui confessent avoir caché une dépense. Il apparaît que la transparence financière dans le couple est un sujet sensible, et qu’une partie des consommateurs préfèrent éviter les conflits en masquant leurs achats.

La nature des achats dissimulés varie selon le genre. Les femmes sont plus enclines à cacher des achats liés aux vêtements et aux accessoires, une pratique qui concerne 65 % de celles qui ont déjà dissimulé une dépense. De leur côté, 41 % des hommes concernés minimisent leurs dépenses en loisirs, qu’il s’agisse de sorties, de jeux ou d’abonnements. 37 % des achats dissimulés concernent des cadeaux que l’on se fait à soi-même, preuve que les bonnes affaires sont aussi un moyen de se faire plaisir, quitte à ne pas l’assumer pleinement.

Un phénomène générationnel et genré

L’étude montre que les jeunes adultes sont ceux qui attribuent la plus grande valeur symbolique aux promotions. Chez les 18-34 ans, la quête du "bon plan" est perçue comme un véritable atout, non seulement pour économiser, mais aussi pour asseoir une certaine image sociale. Le fait de réussir à dénicher une bonne affaire devient un signe de débrouillardise et d’intelligence, renforçant ainsi la motivation à traquer les promotions.

Alors que les femmes privilégient les réductions sur les produits vestimentaires et du quotidien, les hommes recherchent davantage des bons plans sur les équipements technologiques et les loisirs. Les marques et distributeurs ont bien compris ces logiques psychologiques et n’hésitent pas à jouer sur la peur de rater une bonne affaire, une stratégie marketing bien connue sous le nom de "FOMO" (Fear of Missing Out). En jouant sur l’idée que chaque promotion est une opportunité unique, les enseignes incitent les consommateurs à acheter, parfois bien au-delà de leurs besoins réels.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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