Consommation d’alcool : 1 Européen sur 20 est dépendant, 1 sur 10 souffre d’un trouble

L’alcool, consommé depuis des millénaires, est aujourd’hui une cause majeure de problèmes de santé publique dans le monde entier. La consommation excessive d’alcool est associée à divers risques pour la santé, des accidents de la route aux maladies chroniques et aux décès prématurés. Mais, malgré les campagnes de prévention, la consommation d’alcool reste trop élevée, et l’Europe est largement touchée par ce fléau.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 26 juillet 2024 à 7h30
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alcool, europe, consommation, france, danger, santé, morts - © Economie Matin
23,5%23,5% des jeunes de 15 à 19 ans boient de l'alcool.

Il faut dire qu’en France, par exemple, les publicités pour l’alcool et les campagnes d’incitation à boire sont légion, portées par un lobby du vin très puissant. Les responsables politiques sont d’ailleurs régulièrement photographiés un verre de vin ou de bière à la main, malgré la mauvaise image qu’ils renvoient.

La consommation d'alcool reste élevée : plus de 5 litres par an !

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la consommation d'alcool varie considérablement d'une région à l'autre. L'Europe se distingue comme la région où la consommation d'alcool est la plus élevée. En moyenne, les Européens consomment 9,2 litres d'alcool pur par an et par adulte, soit le niveau le plus élevé au monde. Quasiment deux fois plus que la moyenne mondiale de 5,5 litres par an.

« En 2019, 38% des buveurs actuels avaient eu une « consommation occasionnelle de fortes quantités d’alcool », définie comme la consommation d’au moins 60 g d’alcool pur à une ou plusieurs reprises au cours du mois précédent, soit l’équivalent de 4 ou 5 verres de vin, bouteilles de bière ou verres de spiritueux. La consommation régulière de fortes quantités d’alcool était très répandue chez les hommes.

À l’échelle mondiale, 23,5 % de l’ensemble des jeunes de 15 à 19 ans étaient des consommateurs d’alcool au moment de l’enquête, les taux les plus élevés pour cette tranche d’âge étant enregistrés dans la Région européenne (45,9 %) et les Amériques (43,9 %) », écrit l’OMS dans son communiqué de presse.

L'Europe : championne de la consommation d'alcool

En Europe, les pays de l'Est, notamment la Russie et les États de l'ex-Union soviétique, affichent les niveaux de consommation les plus élevés. Par exemple, en Russie, la consommation d'alcool par habitant atteint 14,9 litres par an pour les hommes et 4 litres pour les femmes. Cette situation s'explique en partie par des habitudes culturelles bien ancrées et par la disponibilité relativement élevée de l'alcool.

En Europe de l'Ouest, la France et l'Allemagne figurent également parmi les grands consommateurs. La France, célèbre pour ses vins, voit ses habitants consommer environ 12 litres d'alcool par an en moyenne. L'Allemagne, pays de la bière, affiche des chiffres similaires.

Santé : les conséquences de la consommation d'alcool

La consommation excessive d'alcool est un facteur de risque majeur pour de nombreuses maladies chroniques. Selon l'OMS, l'alcool est responsable de près de 3 millions de décès chaque année dans le monde, dont la majorité parmi les hommes. Les maladies liées à l'alcool comprennent les cirrhoses du foie, les cancers, les maladies cardiovasculaires et les troubles mentaux et comportementaux. « D’après les estimations, sur l’ensemble des décès attribuables à l’alcool en 2019, 1,6 million de décès était dû à des maladies non transmissibles, dont 474 000 à des maladies cardiovasculaires et 401 000 à des cancers. »

Les maladies du foie, notamment les cirrhoses, sont directement liées à une consommation excessive et prolongée d'alcool. Le cancer est une autre conséquence grave, l'alcool étant classé comme cancérogène du groupe 1 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), ce qui signifie qu'il existe des preuves solides de son rôle dans le développement de plusieurs types de cancers, notamment ceux de la bouche, de la gorge, de l'œsophage, du foie et du sein .

Les maladies cardiovasculaires sont également fortement associées à la consommation d'alcool. L'OMS estime qu'environ la moitié des décès liés à l'alcool dans la région européenne sont dus à des maladies cardiovasculaires. Ces maladies comprennent les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et l'hypertension. « En 2019, la part la plus élevée (13 %) de décès attribuables à l’alcool concernait les jeunes âgés de 20 à 39 ans ».

La dépendance à l’alcool touche une personne sur vingt

L'alcool est une substance addictive, et sa consommation régulière peut entraîner une dépendance. En Europe, un adulte sur dix souffre d'un trouble lié à la consommation d'alcool, et près de 6% vivent avec une dépendance à l'alcool. Ces troubles affectent non seulement la santé physique des individus, mais également leur santé mentale, leur vie sociale et professionnelle, ainsi que leur bien-être général.

Les spécialistes de la santé recommandent des mesures strictes pour réduire la consommation d'alcool et les méfaits associés. L'OMS propose plusieurs interventions efficaces, appelées "Best Buys", pour lutter contre l'alcoolisme : augmenter les taxes sur les boissons alcoolisées, restreindre la publicité et la commercialisation de l'alcool, et limiter sa disponibilité .

Combien de verres pour être considéré comme alcoolique ?

La question de savoir combien de verres d'alcool consommer avant de tomber dans l'alcoolisme est complexe. Selon les critères diagnostiques de l'OMS, la dépendance à l'alcool se caractérise par une perte de contrôle sur la consommation, un désir puissant de boire, et la poursuite de la consommation malgré les conséquences négatives. En général, consommer plus de 2 verres d'alcool par jour pour les hommes et plus d'un verre par jour pour les femmes est considéré comme une consommation à risque élevé.

Les experts recommandent de ne pas dépasser 14 unités d'alcool par semaine pour les hommes et 7 unités pour les femmes. Une unité d'alcool correspond à environ 10 millilitres d'alcool pur, soit l'équivalent d'un petit verre de vin, d'une bière de 25 cl ou d'un petit verre de spiritueux.

Addictions France donne des précisions :

« Même à faible dose, la consommation d’alcool ne procure aucun bénéfice pour la santé. Les experts s’accordent néanmoins sur un niveau de « risque acceptable ».

Il est ainsi recommandé de ne pas dépasser :

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  • Pas plus de 10 verres par semaine
  • Pas plus de 2 verres par jour
  • Au moins deux jours sans alcool dans la semaine. »
Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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